Le village de Bou-Haroun.
Un regroupement Familial Bien Sympathique
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Vous n'avez pas connu ... Bou-Haroun.
Comme c'est dommage!
Pas très loin d'Alger, Bou Haroun
- C'était un petit port de pêche, un village bien tranquille, comme il y en avait tant chez
nous.
C'était un village où il faisait si bon vivre, sans conflit
d'origines ou de générations, jusqu'au jour où...
Bien sûr, vous avez compris.
- Jusqu'au jour où le vent de l'Histoire s'est mis à souffler dans le mauvais sens,
où s'est déchaînée la tourmente qui a emporté, loin de leur terre natale,
les Pieds Noirs, devenus depuis des déracinés, qui se demandaient
« Pourquoi la France nous a-t-elle abandonnée ? »
Au mois de juillet 1962, dans le port de Bou Haroun,
- il y avait un petit navire qui,
s'il avait déjà navigué en tirant son chalut,
n'avait jamais été assez téméraire pour s'éloigner très longtemps de la côte.
- Mais que peut-on faire quand on se trouve dans un port,
devant un bateau, même très petit, un chalutier, et qu'il faut partir ?
- On embarque.
C'est ce qu'a fait, en compagnie de 4 pêcheurs,
l'oncle Raillard pour rejoindre Suzy qui,
folle d'inquiétude, attendait de l'autre côté.
Et vogue la galère !
- La traversée ne fut pas une partie de plaisir.
- La tempête faisait rage
à moins que ce soit encore le vent de l'Histoire.
- Secoué par des vagues gigantesques, projeté au fond de creux énormes,
le frêle esquif n'avait pas fière allure.
- Pourtant, il tint le coup et, enfin,
aborda sur l'autre rive de la Méditerranée.
Pour ces voyageurs malgré eux, ce fut alors l'installation à
Poussan.
- Encore un petit village, mais dans l'Hérault cette fois.
- De là, ils voyaient l' étang de Thau.
- Ce n'était pas la Méditerranée mais,
ma foi, le paysage rappelait celui que l'on avait laissé là-bas.
- Et puis, on était tout de même mieux ici qu'à Lille, à Béthune ou
ailleurs dans le Nord ou l'Est.
Poussan l' Eglise
Vous savez ce que la famille represente pour des Pieds Noirs.
- Aussi ne serez-vous pas surpris d'apprendre que
Suzy et son mari
ne demeurèrent pas longtemps isolés à Poussan.
- Cette « implantation » marqua le début d'un regroupement
familial.
- Augustin Fornes, le Patriarche,
a rejoint à son tour les collines de la Mourre, le cœur déchiré d'avoir dû quitter Françoise,
trop tôt enlevée à l'affection des siens et qui reposait dans le caveau de famille à Bou Haroun.
- Augustin ne vint pas seul.
Ses six enfants, Andrée, Gisèle,
Muguette, Suzy, Arsène et Edmond se sont installés près de lui.
Ainsi commença, pour cette famille, une nouvelle vie.
Adieu Bou
Haroun !
Maintenant Poussan et ses environs allaient devenir
un nouveau berceau pour la « tribu Fornes » .
- En 1978,
- Augustin est parti à son tour.
- Mais il a laissé une famille
unie,
- regroupée dans un périmètre peu étendu entre :
Poussan, Montbazin, La Peyrade et, pour les plus éloignés, Toulouse.
- Toujours aussi proches les uns des autres, tous éprouvent le besoin de parler du pays,
de leurs racines, d'évoquer les souvenirs d'une époque que les jeunes n'ont pas connue.
Ces jeunes curieux d'entendre les anciens raconter comment on vivait au village,
comment on faisait la fête ...
Un beau jour,
- quelqu'un proposa un rassemblement de toute la « smala » pour vivre ensemble une soirée,
une nuit pendant laquelle on reconstituerait l'atmosphère du pays.
- Proposition qui ne donna même pas lieu à discussion.
Accord unanime et, le grand soir venu, nul ne fit défaut.
Pour réaliser ce programme,
- quel meilleur point de rendez-vous
qu'un établissement tenu par un Algérois !
- Le jour « J », c'est donc une soixantaine de Pieds Noirs qui débarquèrent au Mikhenez à Poussan.
- Comme en près de quarante ans,
Ils avaient eu le temps de
fraterniser avec les « indigènes » de France,
de se faire des amis et même d'en épouser quelques-uns,
ils étaient accompagnés des « pièces rapportées », comme ils disent.
Pour la plupart, ces pièces
rapportées ont appris à apprécier la kérnia et l'anisette.
Elles sont, tout autant que les autres, intéressées par les anecdotes racontées
avec un accent qui n'est pas le leur.
Au total, c'est une centaine de personnes qui se sont réunies à
Poussan les :
- Fornes
- Raillard
- Martinez
- Furio
- Bauza
Bien que le sirocco ait été aux abonnés
absents,
- Ce petit village de l'Hérault se trouva transformé, l'espace
d'une nuit, en une annexe de Bou Haroun.
En somme, il était devenu, sans le savoir, Bou Haroun sur Thau.
Poussan la Porte Notre Dame
Ce soir-là,
- Chacun et même ceux qui ne les ont pas connus, eut une pensée reconnaissante autant qu'émue
pour Augustin et Françoise qui ont inculqué à leurs enfants et, par leur intermédiaire,
aux générations suivantes, l'esprit pionnier et les valeurs de
la communauté Pieds Noirs.
- Augustin et Françoise
qui, de là-haut, doivent être heureux et fiers de voir que leurs leçons ne sont pas oubliées et
que la famille, si elle s'est agrandie, demeure toujours étroitement unie.
- Ce fut un bel exemple de regroupement familial réussi et réellement sympathique qui a permis de
lancer une passerelle entre le passé de Bou Haroun, vécu par les anciens,
et le présent, l'avenir pour les plus jeunes de Poussan et d'ailleurs.
Il faut souhaiter
- que l'initiative de la famille Fornes
soit suivie de beaucoup d'autres pour que le sacrifice de tous ceux qui, en 132 ans,
ont fait de l' Algérie Française une Province que le
monde entier nous enviait subsiste dans
la mémoire et le cœur de leurs enfants, petits-enfants et bien au-delà encore.
M. E.
Credit : Aux échos d'Alger