Occupation restreinte ou conquête ? (suite).
Le 22 juillet 1834 :
- Une ordonnance royale du roi Louis-Philippe confirme le caractère définitif de
la conquête française en Algérie, - Un gouverneur général est nommé pour administrer :
“ les possessions françaises dans le nord de l’Afrique ”.
- Le premier gouverneur général fut Drouet d'Erlon, qui prit possession de son poste
en septembre 1834.
Mais tout change quand l'armée française pénètre à l'intérieure :
- Compter sur l'état anarchique du pays, c'était oublier que la
religion musulmane assurait une
certaine unité morale :
- les Confréries, sortes d'ordres religieux aux liaisons
clandestines, à l'énorme force de propagande,
pouvaient devenir des instruments politiques redoutables.
- La résistance trouve un chef en la personne d'Abd-el-Kader.
- Que veut-il ? Chasser
les Français en proclamant la Guerre Sainte.
L' Emir Abd-el-Kader.
- Il ne faut pas surestimer son pouvoir :
- Il ne porte que le titre religieux d' émir et n'exerce son influence que dans la région de
Mascara.
- L'ancienne aristocratie lui est hostile.
- Il est même obliger de pratiquer des razzias chez les tributs récalcitrantes.
- Sa domination est donc fragile, mais ce sont les Français qui sans le vouloir vont la fortifier.
Les erreurs de tactiques de la Monarchie de Juillet.
Insuffisants sont les renseignements que possède l'armée :
- Sur le pays :
Les milieux intéressés ne savent presque rien sur le sol et le climat.
Le petit manuel que chaque officier reçoit contient beaucoup d'erreurs.
On distingue mal les Arabes des Berbères. Aussi a-t-on réduit, au début
les effectifs à 20.000 hommes, dont une partie souffre bientôt
du paludisme.
- Sur Abd-el-kader. :
Très vite il apparaît comme un
interlocuteur valable pour la région d' Oran.
Deux fois, en 1834, traité signé par le général Desmichels, en 1837, traité de la Tafna signé par le général Bugeaud, l'armée conclut des accords avec lui, accords de dupes, car les textes français et arabe ne concordent pas.
La souveraineté française n'est pas reconnue, par
contre la domination de l'émir l'est dans l'Ouest du pays.
Il en profite pour lever les impôts et faire venir des armes.
« La
paix avec les Infidèles, dit-il, doit être considérée
par les Musulmans comme une trêve, pendant laquelle
ils doivent se préparer à la guerre ».
La conquête 1834 - 1840.
La défaite de La Macta 28 Juin 1835.
En remportant plusieurs victoires, le général Trézel amenèrent à nous les tributs Douair et les Sméla,
commandés par Mustapha Ben-Ismaïl.
Le 16 juin 1835, au camp des Figuiers ( Valmy ), entre Mustapha Ben-Ismaïl et le général Trézel un traité fut conclu aux termes duquel les Douair et Sméla se reconnurent sujets, tributaires et soldats de la France.
Le général se vit donc obligé à une démonstration contre L’Émir Abd-el-Kader , pour la protection de ces deux tribus que l’Émir voulait châtier de ce qu’il
regardait comme une trahison.
La colonne est dégagée et la voie libre vers Arzew,
L’attaque des cavaliers arabes nous a coûté cher,
Les pertes sont lourdes : 500 tués.
Ce combat tragique est le dernier acte de l'ancienne Légion Etrangère, qui laisse dans ce pays au ciel embrasé un impérissable souvenir.
La prise de Constantine le 13 Novembre 1837.
La prise de Constantine le 13 Novembre 1837.
Le 9 Novembre 1936 :
Echec de l'expédition sur Constantine.
- Les troupes françaises emmenées par le
Maréchal Clauzel doivent battrent en retraite face au bey de Constantine Ahmd.
- Les français mal équipés pour le froid sont surpris par la neige et se retirent sans livrer bataille.
- La conquête de l'Algérie est compromise.
Le Maréchal Clauzel est immédiatement remplacé par le général Damrémont à la tête de l'Armée d'Afrique.
Pour effacer la honte de l’échec, les parlementaires réclament une seconde expédition de Constantine.
Le 6 octobre l'armée arrive devant Constantine.
- Le 10 octobre, une brèche est pratiquée dans la muraille.
- Le 11, les défenseurs de la ville tentent deux sorties.
- Le 12, alors qu'ils examinaient la brèche, le lieutenant-général de Damrémont, chef du corps expéditionnaire et le général Perrégaux, son chef d'état-major sont tués.
-
Toutes les dispositions furent prises dans la soirée du 12 Octobre, les corps et les officiers désignés.
Chaque régiment devait fournir ses compagnies d’élite.
La prise de Constantine le 13 Novembre 1837.
La colonne d’assaut est composé de trois colonnes.
- La première, sous les ordres du
colonel Lamoricière, était formée des zouaves, des compagnies d’élite du 2em léger.
Le chef de bataillon Sérigny agissait sous les ordres du colonel zouave.
- Les 2e et 3e colonnes, sous les ordres du
colonel Combes étaient fortes de 800 hommes ainsi répartis :
La 2em colonne, du commandant Bedeau,
se composait;
- de 100 hommes de la légion étrangère.
- cent hommes de la compagnie franche.
- cent hommes du 2em bat.d’Afrique.
- cent hommes des grenadiers du 47e.
La 3em colonne à la tête de laquelle marchait le commandant Clerc du 47e, était formée :
- des autres compagnies d’élite des 47e de ligne et 17e léger.
- Le colonel Corbin, ayant sous ses ordres le chef de bataillon Paté, commandait la réserve où se trouvait:
- les tirailleurs d’Afrique
- les compagnies d’élite des 23e et 26e de ligne et 17e léger
Tous se jetèrent sur la brèche ;
- le colonel Lamoricière en tête.
à ses côtés marchait le commandant Vieux, du génie, le même qui, à Waterloo, avait placé le sac de poudre qui avait fait sauter la porte de la ferme de Hougomont.
Haut de six pied, cet officier cherchait à devancer Lamoricière,
mais celui-ci lui cria :
« Si vous ne restez pas à ma hauteur,
je vous casse la tête avec ma hache ! »
- Le Colonel Lamoricière,
le commandant Vieux,
le capitaine Gardereins et
un officier portant l’uniforme blanc de l’armée autrichienne : M. Russel,
arrivèrent les premiers au sommet de la brèche.
- Le capitaine Gardereins y planta
le drapeau de la France.
Au milieu de tous ces débris de muraille, le Colonel Lamoricière ne put trouver d’issue.
- Sur la gauche de la brèche, le commandant de Sérigny du 2e léger avait fini par trouver un passage.
Il s’était lancé dans cette direction, mais un mur ébranlé par le canon l’ensevelit jusqu’aux épaules en s’écroulant.
Sérigny cria à ses hommes qui voulaient s’arrêter pour le dégager
« En avant ! en avant ! »
Ils lui obéirent, les premiers évitèrent de l’atteindre, puis les autres, ne le voyant plus, écrasèrent sa tête sous leurs pieds.
- Sur sa droite, le capitaine Sauzet finit par découvrir un passage. Il s’y précipita avec ses hommes et arriva dans une batterie couverte où les Turcs se défendirent avec l’énergie du désespoir.
Maître de cette batterie, Sauzet voulut continuer sa marche vers une rue marchande, il fut bientôt arrêté par le feu d’une grande maison crénelée à plusieurs étages.
Cette rue, c’est la rue marchande de Constantine, :
- de chaque coté des boutiques,
- les toits surmontant les boutiques, plats et garnis de Turcs,
- cette rue qu’il fallait prendre maison par maison, et sous un feu d’autant plus terrible qu’on ne voyait pas d’où il venait.
- C’est dans cette rue, jonchée de cadavres et dans le sang, que nous avons perdu le plus de monde.
En entrant dans cette rue, les hommes furent poster de chaque côté :
- ceux de droite tiraient sur tout ce qu’ils voyaient d’ennemis à gauche;
- ceux de gauche faisaient feu à droite.
- Malgré cela, les hommes tombaient et pour ne plus se relevés,
- toutes les blessures étaient mortelles, on tirait de trop près.
Après vingt pas, un feu roulant et croisé qui détruisait tout arrêta la progression,
Il venait d’une grande maison à droite, à plusieurs étages, et qui semblait en feu tant elle nous envoyait de mitraillade.
C’était la caserne des janissaires, les soldats du Bey :
- on enfonce la porte ,
- on se précipite dans les cours, dans les escaliers, sur les terrasses,
- quel carnage, pas un cris de plainte n’échappait aux mourants ;
- on donnait la mort ou on la recevait avec cette rage du désespoir qui serre les dents et renvoie les cris au fond de l’âme…
- Les Turcs cherchaient peu à se sauver, et ceux qui se retiraient profitaient de tous les accidents des murs pour faire feu sur nous…
- J’ai vu là bien des morts :
- l’intrépide Colonel Combes fut atteint d’une balle …
Un simple mouvement nerveux accusa la souffrance
- il se retourna du coté de la brèche et reçut une seconde balle qui amena le même mouvement, sans une plainte, sans un mot;
- il continua à marcher vers la brèche, la descendit seul, traversa l’esplanade jusqu’à la batterie de 124 où s’étaient réunis le prince, le général Valée et tout son état-major.
- On s’aperçut qu’il était blessé et le prince lui en témoignait ses regrets…
- Le Colonel Combes répondit par un rapport clair et succinct de ce qui se passait dans sa colonne, et termina en disant :
« Monseigneur, ceux qui seront assez heureux pour revenir de cet assaut là, pourront dire qu’ils ont vu une belle et glorieuse journée »
Et, s’adressant au chirurgien major de l’artillerie, il lui dit :
« Docteur, j’ai de le besogne pour vous »
- Le lendemain, la France perdait une espérance de son armée, un intrépide guerrier, aussi froid au feu que sage dans le conseil…
- Le commandant Bedeau se trouva bloqué par une barricade, voyant l’impossibilité de l’enlever,
il résolut de la tourner :
- Il prescrivit au capitaine Boutaud du génie de gagner du terrain sur sa droite et de s’ouvrir à la sape un passage à travers les maisons qui bordaient la rue.
- Les sapeurs, cheminant tantôt dans les maisons et tantôt sur les toits, finirent par arriver au palais de Ben Aïssa, chef de la résistance. Après une lutte assez vive, cette maison fut enlevée et les défenseurs de la barricade et de la mosquée, pris de flanc et par derrière, furent obligés de rétrograder.
- Pendant ce temps, à droite, le 17e léger, qui était venu renforcer les zouaves à la caserne des janissaires, continua à gagner du terrain en avant dans le quartier juif où les résistance fut moins vive.
En suivant le rempart, le 17e arriva à la porte de El Djabia, la plus rapprochée du Rummel, s’en empara et l’ouvrit aux troupes de la troisième colonne restée jusque là au Bardo. Toutes ces unités continuèrent leur marche dans la direction du pont d’El Kantara.
- Voyant les progrès de nos colonnes, Ben Aïssa jugea qu’il était dans l’impossibilité de résister et
il s’échappa de la place avec son fils.
Les grands se réunirent et envoyèrent un des leurs offrir la reddition de la ville sans condition.
- Le général en chef, après avoir pris connaissance de cette offre, ordonna la cessation du feu.
Dès que l’on sonna le ralliement, les soldats dispersés de tous côtés vinrent se reformer au point indiqué.
Mais dans la casbah, un autre spectacle se déroulait …
- Les détachements armés des différentes colonnes commençaient à y arriver…
- Mais le pillage aussi avait commencé et expliquait comment si peu de soldats se trouvaient au
point de ralliement.
Du côté opposé à celui par lequel nous étions entré, un spectacle affreux s’offrait à nos yeux :
Environ deux cent femmes ou enfants gisaient brisés sur les rochers qui ferment la ville sur cette face.
Les Arabes nous voyant gagner du terrain dans la ville et commençant à croire en leur défaite, étaient venus à essayer de sauver leurs femmes et leurs enfants.
Ils avaient tenté, par ces ravins impraticable, une fuite impossible.
La terreur précipitant leurs pas, les avait rendus encore plus incertains et bien de femmes, bien des enfants avaient péris de cette horrible manière.
- Le général Rulhières arriva vers midi :
- il criait beaucoup après les pillards, menaçait de prendre les mesures les plus sévères.
- Mais rien n’arrêtait le soldat; Il était victorieux, il avait beaucoup souffert, il avait acheté sa conquête au prix de son sang.
- Il y aurait eu folie à vouloir l’arrêter.
- Le pillage exercé d’abord par les soldats, s’étendit ensuite aux officiers, et
quand on évacua Constantine, il s’est trouvé comme toujours que la part la plus riches et la plus abondante était échue à la tête de l’armée et aux officiers de l’état major…
- Je ne m’appesantirai pas davantage sur ces scènes de pillage et de désordre.
Jetons un voile épais et ne ternissons pas notre gloire et nos souvenirs.
- Dans toutes les maisons le pillage était facile, car telle était la confiance des habitants
dans la force de leur ville et de leurs défenseurs, et ils croyaient si peu à la prise, que
partout on a trouvé le café prêt.
L’assaut nous avait coûté cher, il s’achève victorieusement après un sanglant combat de rues et au prix de lourdes pertes humaines..
- Dans une colonne, sur sept officiers, :
six étaient revenus sur des civières;
quatre en moururent.
Seul Bedeau ne fut pas touché.
- On enterra le général de Caraman,
- le commandant de Serigny,
- le commandant du génie Vieux, héros de Waterloo.