La conquête de l'Algérie en 1830
La conquête 1834 - 1840 (suite).
Mazagran 2 Février 1840.
L' Emir Abd-el-Kader, ayant dénoncé le traité de la Tafna, attaque brusquement.
Son lieutenant, Mustapha ben Tami, à la tête d'une harka de 12000 Arabes, se porte sur un petit village de l'Ouest de l' Algérie proche de Mostaganem, Mazagran qu'il essaie d'enlever de vive force.
Mazagran avait déjà été attaqué en décembre 1839. (Rémusat Mémoires Tome 3)
Mazagran (Mazaghran) 2 Février 1840
Dans le petit village à peine couvert d'une muraille :
- 123 chasseurs de la 10e compagnie
du 1er bataillon d'infanterie légère, sous les ordres
du capitaine Lelièvre avaient résisté pendant
quatre jours, du 2 au 6 février 1840, aux attaques incessantes d'une harka forte de de 12000 Arabes.
- Deux canons battent en brèche le bâtiment,
puis les Arabes donnent l'assaut.
- Ils le donneront pendant quatre jours, sans cesse repoussés.
Le 7 février au matin :
- Les défenseurs sont dégagés par une partie de la garnison de Mostaganem, accourue sous les ordres du colonel du Brail.
- La petite garnison allait manquer de munitions.
- Mustapha ben Tami se retire en
emportant leurs morts et blessés qu'on évaluait à 600.
- La petite troupe fut ramenée à Mostaganem.
- Dix-sept citations lui furent accordées.
- La compagnie du capitaine Lelièvre reçut en garde le drapeau, troué par les balles, qui avait flotté sur les murs de la kasbah de Mazagran.
- Un ordre du jour de l'armée avait célébré cet exploit et l'on avait décidé qu'il serait lu chaque année le 6 février sur le front des troupes.
- Des souscriptions avaient été ouvertes un peu partout pour l'érection d'un monument commémoratif.
- Une médaille sans ruban fut instituée, suite à la citation à l'ordre de l'armée, le 11 mars 1840.
Sur le revers figure ce texte :
Défenseurs de Mazagran, 3. 4. 5. 6. Fer 1840, ou la variante
Honneur à la garnison de Mazagran
surmontant les noms des titulaires et l’inscription :
10e compagnie 1er bataillon d'infanterie légère d’Afrique.
Jusqu'après la guerre de 1914-1918, le 1er bataillon conserva précieusement cette relique.
Puis elle fut versée au musée de l'Armée.
Le clocher de Mazagran quelques années plus tard.
On dit que les soldats français s'étaient donné chaleur et courage en buvant du café additionné d'eau de vie.
En souvenir d'une bataille en Afrique du Nord avec un régiment venu du Berry, on nomma alors Mazagran un type de récipient adapté à cette boisson.
Tasse à pied haute et sans anse fabriquée à l'origine à la manufacture de Bourges.
La majorité des chasseur du Capitain Lelièvre étaient des Berrichons.
Au retour en Métropole, ils continuèrent à boire ce liquide dans un récipient qu'ils appelèrent : Mazagran
Col de Mouzaia 12 Mai 1840.
Le 12 Mai 1840, le Général Duvivier livrait le combat du col de Mouzaia.
Ce fut une glorieuse victoire, à laquelle participèrent :
- Le général Lamoricière
- Le Due d'Aumale
- Le Duc d'Orléans
Elle permit au Maréchal d'occuper la ville de Medea, sans coup férir, car tous les habitants s'en étaient enfuis.
Le Général Duvivier se vit confier la charge de la garder avec deux mille hommes comprenant:
- De l'infanterie (le 23e de ligne),
- de l'artillerie,
- Une compagnie du génie
- des services administratifs.
Les renseignements sur cette campagne, sont extraites, d'un récit manuscrit en provenance
du 23e de ligne et précieusement conservé.
Le combat du col de Mouzaia 12 Mai 1840
- Le gros de l'armée s'éloigna en direction de Miliana.
- Medea fut alors attaquée en force par Abd-el-Kader et encerclée.
Les arabes firent preuve de combativité, mais ne purent enlever la place.
- N'ayant pu s'emparer de Medea,
Abd-el-Kader tint cependant la place très étroitement bloquée.
Or, les assiégés ne disposaient que de faibles ressources alimentaires :
- Il y avait 528 têtes de bétail, mais nul fourrage pour les nourrir.
- Ce fut alors, qu'intervenant dans le domaine de l'intendance ;
le Pharmacien aide-major Jeannel.
Il proposa d'abattre les bêtes encore saines et d'en faire de la viande fumée ; et de produire avec les boeufs morts ou malades, des tablettes de bouillon.
S'inspirant de ce qui se pratique dans le Nord de l'Europe, et en particulier dans nos campagnes lorraines, où l'on rend imputrescible, par fumigation lente, de grandes quantités de viandes, son idée est de réaliser une fumigation rapide par carbonisation sur bois, en tranches minces.
- Le Général Duvivier donna son accord.
Jeannel installa des chambres à fumigation dans les bains maures.
Pour le combustible, il utilisa des matériaux prélevés sur les maisons abandonnées.
- Le 29 Août 1840, le Général Changarnier débloqua la place, après trois mois de siège, la colonne de ravitaillement trouva une garnison exténuée, mais qui tenait encore grâce à ces « rations de survie ».
-
L'Historien du 23e de ligne conclut modestement par ces mots:
« Chacun avait fait son devoir ».
-
Jeannel fut à l'honneur.
Il reçut une lettre de félicitation du Ministre de la Guerre, le Maréchal Jean de Dieu Soult, Duc de Dalmatie.
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