Le drame de Mers-El-Kébir
le 3 Juillet 1940.
Un destroyer Anglais arrive !
C'est donc dans cet état d'esprit, que le 3 juillet à l'aube,
- le bruit se répandit qu'un destroyer anglais rôdait dans les parages et qu'il avait échangé
des signaux avec le sémaphore du cap Falcon.
Encore une visite d'amiraux sans doute... Personne n'y fit attention.
- Pour l'amiral Gensoul et son état-major, la visite d'un navire anglais posait des problèmes.
L'Amirauté française l'avait prévenu qu'étant donné l'attitude inamicale des autorités navales britanniques,
et leur dépit de n'avoir pu interner la Flotte Française, ses rapports éventuels devaient être limités au strict indispensable.
Lorsqu'on lui eut communiqué le message transmis par le destroyer Foxhound au sémaphore du cap Falcon,
il étudia soigneusement avec son chef d'état-major, le capitaine de vaisseau Danbé, les termes de sa réponse.
- Le Foxhound avait signalé :
L'Amirauté britannique envoie le commandant Holland conférer avec vous.
Sollicite la permission d'entrer dans le port.
Le destroyer Foxhound H69.
Il deviendra QU'APPELLE dans la Royal Canadian Navy en Février 1944.

- La mise en vigueur des clauses de l'armistice
interdisait évidemment de faire droit à une pareille requête, mais l'amiral ne voulait pas
se montrer discourtois, il connaissait personnellement Holland dont le comportement vis-à-vis
des marins français avait toujours été empreint de la plus grande compréhension.
- L’Amiral décida
d'envoyé sur le Foxhound le lieutenant de vaisseau Dufay, un ami personnel de Holland,
il écrivit sur une feuille blanche les points essentiels de la mission délicate
qu'il allait lui confier :
- Souhaits de bienvenue.
- Prévenir l'émissaire anglais que les instructions de l'Amirauté française interdisent d'accorder
aux bâtiments britanniques l'entrée et le ravitaillement dans les ports français. - Accepter de me transmettre tous documents dont il serait porteur.
- Proposer d'envoyer à bord du Foxhound,
mon chef d'état-major pour le cas où Holland serait chargé seulement d'une mission verbale.
- Lorsque Dufay arriva aux ordres, l'amiral lui tendit sa feuille et lui en commenta
les termes
en lui recommandant le tact et la plus grande circonspection.
Le Mouillage de Mers El Kébir
La flotte britannique est au large d'Oran ! .
Au moment où Dufay embarquait à bord d'une vedette,
- pour se rendre à bord du
Foxhound, le torpilleur anglais transmettait un message en clair par projecteur
à l'amiral Gensoul, mais tous les timoniers de la Force de Raid pouvaient l'interpréter :
Amirauté britannique envoie le commandant Holland conférer avec vous.
Marine royale britannique espère que nos propositions vont permettre
à
la Marine nationale française vaillante et glorieuse de se ranger à nos côtés.
En ce cas vos bâtiments resteront toujours les vôtres et personne d'autre n'aura aucune anxiété à l'avenir,
La Flotte britannique est au large d'Oran pour vous accueillir.
- Cette publicité intempestive donnée à des conversations qui auraient dû rester extrêmement discrètes,
et la menace à peine voilée que constituait l'allusion à la présence, au large d'Oran, de la Flotte britannique,
indisposèrent vivement l'amiral Gensoul.
- Il s'en fallut de peu,
qu'il ne rappelât sa vedette, mais comme elle était près d'arriver au Foxhound, il s'abstint d'intervenir.
Le croisseur Delhi en 1942.

- Lorsque Dufay monta la coupée du Foxhound,
il trouva Holland sur le pont, sa serviette à la main, prêt à embarquer pour se rendre à bord du Dunkerque.
L'officier anglais remercia son ami d'être venu lui-même le chercher,
et fut extrêmement déçu lorsque celui-ci lui donna connaissance des instructions du commandant en chef.
Il répondit qu'il avait pour mission de remettre à l'amiral lui-même,
des documents d'une extrême importante et lui donner de vive voix les éclaircissements nécessaires.
La suggestion d'envoyer à son bord le chef d'état-major n'était pas acceptable,
ses ordres étant de n'entrer en relation avec aucun autre officier que le commandant en chef en personne.
- Dufay salua son ami qui l'accompagna jusqu'à la coupée et qui lui glissa à l'oreille avec une émotion
qu'il ne parvenait pas à maîtriser :
Dufay, insistez de tout votre pouvoir pour que l'amiral me reçoive.
Il faut absolument que je le voie, il y va de ...
- Holland n'acheva pas sa phrase.
Dufay descendit dans sa vedette et rentra à bord du Dunkerque.
H.M.S Enterprise en 1940.

- Lorsque Dufay eu rendu compte de sa mission, on vint prévenir l'amiral,
que le Foxhound avait appareillé, mais qu'il avait mis à l'eau une vedette qui se dirigeait vers la passe.
« Retournez là-bas, je ne veux pas que cette vedette entre dans le port.
»
- Dufay repartit à toute vitesse et rejoignit Holland à l'entrée de la passe.
- Les deux vedettes s'amarrèrent sur une bouée et la conversation reprit.
- Les deux embarcations roulaient sur la houle,,
les gabiers maniaient leurs gaffes pour les empêcher de tosser l'une contre l'autre.
- Le lieu était on ne peut plus inconfortable pour discuter de questions aussi graves...
La Baie de Mers-El-Kebir.
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