Le drame de Mers-El-Kébir
le 3 Juillet 1940.
Londres s'impatiente !
En arrivant à bord du destroyer Foxhound,
- Holland perdit tout espoir, le message de Somerville lui prescrivait de prévenir Gensoul
que la sortie de la rade lui serait interdite s'il n'acceptait pas ses propositions.
C'était l'ultimatum qui entrait en application.
Il fit transmettre par projecteur,
ce message au Dunkerque, tandis que le Foxhound faisait demi-tour, rejoignant la Force H.
- A bord du Hood, l'amiral Somerville avait été harcelé à plusieurs reprises,
par des télégrammes de Londres qui demandaient pourquoi les négociations duraient tant.
Lorsque, vers 11 h 30, il eut reçu confirmation de leur résultat négatif, il estima
avoir largement
dépassé les limites de la patience, il donna l'ordre à l'Ark Royal d'envoyer deux de ses avions
mouiller des mines magnétiques dans la passe d'entrée de Mers el Kébir.
Il fixa le dernier délai de l'ultimatum à 12 h 30.
- A peine avait-il envoyé ces ordres,
qu'un avion de reconnaissance signala que les cuirassés français venaient à peine d'allumer les feux
et qu'ils ne pourraient pas appareiller avant plusieurs heures.
Somerville, que le récit de Holland avait bouleversé, n'eut pas le courage de refuser la perche
qu'on lui tendait et décida de retarder jusqu'à 14 heures l'ordre d'ouverture du feu.
Le porte-avions Ark Royal en 1940.
- A 13 h 10,
le Foxhound qui était revenu à portée de signaux du Dunkerque, lui
signala :
Si vous acceptez les propositions, hissez au grand mât un grand pavillon carré,
sinon je dois ouvrir le feu à 14 heures.
- Au reçu de ce signal, l'amiral Gensoul fit un ultime effort pour retarder l'échéance fatale.
Il n'avait encore rien reçu de l'Amirauté française et sa perplexité était extrême.
De plus, il lui fallait encore gagner quelques heures pour que tous ses bateaux pussent appareiller
en état de combattre. Il signala au Foxhound à 13 h 15 :
Je n'ai pas l'intention d'appareiller.
J'ai télégraphié à mon gouvernement dont j'attends la réponse.
Ne créez pas l'irréparable.
- Puis comprenant qu'il avait sous-estimé la ferme intention des Anglais d' attaquer son escadre,
il se résigna, la mort dans l'âme, à solliciter un nouveau sursis et signala au Foxhound :
Suis prêt à recevoir votre délégué pour discussion honorable.
L' Amiral Gensoul.
- A l'arrivée de ce signal, qui semblait indiquer,
que Gensoul était disposé à céder, Somerville ressentit un immense soulagement,
il ordonna à ses navires de ne pas ouvrir le feu à 14 heures.
- Sur tous les bâtiments de la Force H,
la tension avait atteint son point culminant.
- Des directeurs de tir jusqu'aux pointeurs des tourelles,
tous ces hommes étaient écœurés à l'idée de tirer sur ces pauvres bateaux,
serrés les uns contre les autres comme une couvée de canards.
- Les équipages de la Force de Raid étaient tellement affairés
à mettre leurs navires en état d'appareiller et de combattre,
que le temps passait pour eux bien plus vite.
Ils avaient un but défini et le poursuivaient sans relâche, la rage au cœur,
la vue des avions britanniques qui survolaient impunément la rade achevait de les exaspérer.
- A 14 h 45,
trois avions britanniques vinrent larguer leurs mines dans la passe et le port d'Oran.
- Les commandants, au poste de combat, s'interpellèrent d'une passerelle à l'autre :
Qu'attend-on pour les canarder ?
Rien à faire ! L'ordre vient d'arriver de ne pas tirer tant que dureront les négociations.
Tiens, justement, voilà encore la vedette anglaise qui entre dans la passe de Mers el Kébir.
- C'était en effet la vedette de Holland, qui venait de quitter le Foxhound pour se rendre à l'invitation de l'amiral Gensoul.
- A 15 h 15,
Holland accompagné du commander Davies,
ancien officier de liaison
à Bizerte, monte la coupée du Dunkerque.
- Gensoul, ulcéré par les provocations britanniques, les reçoit fraîchement,
il leur déclare que s'il les a convoqués à son bord, c'est uniquement pour leur faire clairement entendre,
que le premier coup de canon tiré par la Force H équivaudra à une déclaration de guerre de l'Angleterre à la France.
- Lorsque Holland insiste une nouvelle fois,
sur le caractère « honorable » des propositions britannique, l'amiral est sur le point de perdre son sang-froid :
«  Et c'est pour nous encourager que vos avions viennent mouiller des mines
    qui vont nous interdire la sortie du port ?
    Que devient la proposition de nous rendre à la Martinique ?  »
- Holland ne trouve rien à répondre, mais l'allusion à la Martinique lui donne une lueur d'espoir,
il demande à revoir le texte des messages envoyés par Darlan, depuis qu'ont été entamés les pourparlers d'armistice.
- Il lit avec attention celui du 24 juin où se trouve précisé au paragraphe 3 :
Que si la commission d'armistice décidait autrement qu'au paragraphe 1,
les navires de guerres seraient, sans ordres nouveaux, soit conduits aux Etats-Unis,
soit sabordés, si l'on ne peut faire autrement.
Voilà qui ressemble beaucoup aux propositions de notre paragraphe 3
prévoyant un départ avec équipage réduit pour les Antilles !
- Holland ajoute à mi-voix, comme pour lui-même :
Si nous avions su cela plus tôt, les choses auraient pu tourner tout autrement...
- Cette réflexion trahit une profonde déception, mais elle échappe à ses interlocuteurs français.
- Il sait et il est seul à le savoir que Churchill a donné l'ordre formel à Somerville,
de n'admettre aucune modification aux termes de son ultimatum.
- Il sait aussi que le temps passe et qu'il est maintenant trop tard pour entamer de nouvelles négociations.
Le destroyer Mogador.
Retour sommaire drame de Mers-El-Kébir