Mercredi   9   mai   1945   à   Guelma






 
Mai 1945,

 
  • Guelma est, à cette date, une sous-préfecture d'arrondissement du département de Constantine,

    C’est une ville de 17.800 habitants dont 3.346 européens.
     
      • Elle se situe à 170 km à l'Est de Sétif et à 88 km de Constantine.

        C'est une ville de garnison aux ordres du commandant Frossard,
        • Trois compagnies du 3° régiment de tirailleurs algériens.
           
  • Héliopolis est, à 12 km de Guelma et compte 4.500 habitants.
     
  • Petit est, à 8 km de Guelma, le village dispose d'une gare de chemin de fer.

     
  • L'entente des communautés européennes et indigénes
    a été excellente jusqu'au débarquement des Alliés en Novembre 1942.
     
  • Dès le début de 1943, les rapports inter communautaires se tendent.


M. André Achiary,    Sous-Prefet de Guelma.
 
  • La personnalité du sous-préfet,
     
      • résistant, socialiste, gaulliste,
      • ancien commissaire de police, homme à poigne,
      • n'hésitant pas à prendre beaucoup d'initiatives pour la défense de la ville et
        de l'arrondissement, explique la tournure particulière des événements.


Le 1er Mai 1945,
 
  • Une manifestation à caractère nationaliste,
    s'est déroulée dans les rues de la ville de Guelma, mais sans aucun incident.
     
  • Cependant la tension entre les communautés se fait de plus en plus grande.
     

Samedi 5 Mai 1945,
 
  • Le sous-préfet Achiary,
    nommé récemment dans la ville et invité chez Dominique Bezzina.
    Il fait part devant plusieurs témoins de ses inquiétudes, car il avait connaissance de
    l'imminence de la survenue d'événements graves dans la région.


Lundi 7 Mai 1945,
 
  • L'ordre d'organiser
    une manifestation indépendantiste distincte de l'officielle est arrivé à Guelma.
     
  • Les militants et responsables du PPA et des AML
    ont été avertis et chargés d'informer la population urbaine et rurale.
     
  • De nombreux indigènes arrivent à Guelma,
    à pied, à cheval, sur des mulets, avec des ânes et quelques véhicules à moteurs.

    Les citadins ne s'alarment pas, car ces jours sont habituellement jours de marché aux bestiaux.

     
  • Le sous-préfet André Achiary,

    convoque une vingtaine de responsables politiques indigènes.
    Il leur dit en arabe afin d'être compris :
     
      «   Vous ne pouvez pas faire une marche autonome,
          elle doit se faire sous le drapeau français et avec les Français »
       »


    Il les menace de les tenir pour responsables, si d'autres manifestations se produisent.
     
    • Braham Mohamed Tahar précise :

      la manifestation était prévue le 8 mai à 8 h, la décision de la retarder,
      pour permettre de contacter les responsables régionaux à Bône,  est prise le 7 mai au soir,
      après la rencontre avec le sous-préfet.
       
    • M. Bouresfira , chargé du contact,
      va à Bône pour avoir la confirmation d'enfreindre l'interdiction du sous-préfet.


Le sous-prefet de Guelma André Achiary

Guelma,le sous-prefet André Achiary


Mardi 8 Mai 1945,
 
  • En milieu de matinée,
    • les cloches de l'église annoncent la victoire des Alliés.
    • la signature officielle de la reddition des Allemands.

    Les principales rues sont pavoisées.
    Dans les écoles, les enfants se préparent pour la cérémonie de l'après-midi.
     
  • Le sous-préfet
    est informé téléphoniquement par la préfecture de Constantine, en tour début d'après-midi,
    que la manifestation musulmane de Sétif a tourné à l'émeute et qu'il y a plusieurs dizaines de morts.

    Il évite de divulguer ces informations pour ne pas effrayer la population.
     
  • À 15 h 30,

    la cérémonie officielle se déroule au monument aux morts.

    C'est le vice-président de l'Association des anciens combattants M. Boussouria Amar
    qui est désigné comme porte-drapeau.   Seuls quelques musulmans y participent.


    Le maire M. Maubert,

    n'a réussi à entraîner qu'un seul élu indigène, son adjoint M. Bensaci.
    Sont également présents :
     
    • le bachaga Dahel Moharned Lakhdar,
    • le cheikh Zouani,
    • le muphti
    • quelques autres, en tout 7 ou 8 musulmans.


    Les autres musulmans ne sont pas nombreux et quittent les lieux dès le début de la cérémonie.

    À la terrasse du grand café-glacier Regui, juste à côté,
     
    • tous les dirigeants locaux des AML,
    • la plupart des membres du PPA dissous,
    • des notables musulmans

    sont attablés et paraissent ignorer la cérémonie.

    Contrairement aux habitudes, aucun ne se lève quand retentit   La Marseillaise.

     
  • Vers 17 h 45,

    un cortège nationaliste,  part de la Place des Figuiers située en haut de la ville
    • c'était le lieu de rencontre et de rassemblement pour les indigènes qui était sur le chemin
      du cimetière musulman et servait aussi pour la prière des morts avant l'enterrement.

    Les manifestants atteignent la place Saint Augustin vers 18 h 30.
     
    • Le drapeau vert et blanc est brandi par Abda Ali ou Boumaza El Hamdi.
       
    • Le sous-préfet André Achiary s'approche de la tête de la manifestation,
      il est entouré de notables européens.
       
      • M. Maubert maire de la ville,     M. Champ adjoint,
        M. Garrivet,     M. Imbert administrateur principal
        et de huit policiers dont le commissaire Tocquard.


      Nous sommes rue Victor Bernes,
      à hauteur du magasin Azzaro, devant le café Cros à moins de 500 m du monument aux morts .

      Le sous-préfet parle aux manifestants.
       
      • Il rappelle qu'ils ont refusé de participer au défilé officiel,
        que la manifestation n'est pas autorisée et leur demande de se disperser.
         
      • Le sous-préfet insiste :
         
          «   Je veux parler à vos responsables.
              Nous sommes tous des responsables,
              Alors, dispersez-vous,
              Nous voulons aller au monument aux morts, les ordres sont venus d’Alger...
           »

      Dans le même temps,  R. Attias,  employé de la sous-préfecture,  va à la gendarmerie alerter
      les douze gendarmes qui arrivent immédiatement.
       
      • Une poussée derrière M. Achiary déclenche une bagarre à coups de bâtons et de poings.
         
      • À ce moment, arrivant de la direction du café Croce, surgit un homme, Abda Ali,
        armé d'un debous qui tente par derrière de frapper le sous-préfet.
        L'intervention de ses gardes du corps lui permet d'être épargné.
         
      • Des coups de feu éclatent :


L' Eglise de Guelma

Guelma,l'église


Notes :
  • Comme de coutume plusieurs versions présentent les événements.
     
  • Commencons par la version de ceux qui crient au génocide :
     
      Planche Jean-Louis, Marcel Regui,
      écrivent que les coups de feu sont partis de maisons d’européens en direction des musulmans.

      Planche Jean Louis affirme que c’est le sous-préfet qui a tué le porte drapeau.

      Mais la description détaillée du bilan des victimes,  nous montrera qu’il y a eu aucune trace
      de blessés ou de morts dans la foule des manifestants autre que ceux du premier rang.

     
  • Les deux autres versions
    différent seulement sur les premiers coups de feu , mais coïncide sur le reste des événements.
     
    • Version de Planche Jean-Louis / Marcel Regui

      Le sous-préfet sous l'effet de la douleur et de la surprise pour se dégager tire en l'air avec
      son pistolet, les policiers chargent.
      Les gendarmes tirent en l'air égaiement.

      D'autres coups de feu retentissent.
       
    • Version de F. Dessaigne, M. Villard, les rapports de gendarmerie,

      un ou des coups de feu claquent depuis les manifestants.
      les gendarmes chargent,  les émeutiers se dispersent en lapidant les forces de l'ordre.

On relève :
 
  • Un mort et six blessés dont un grave parmi les manifestants.
  • Cinq blessés dont un grave parmi le service d'ordre.



Le bilan détaillé :
 
  • Boumaza El Hamdi,
    bien connu et porte-drapeau est tué d'une balle de P.A. par le policier Saïd Kefti (indigène)
     
    • Quand on interroge les anciens de Guelma ( les indigènes)

      Qui a tire sur le porte drapeau ce jour là ?
      la réponse est immédiate :
       
        «   Saïd Kefti   qui a tiré et blessé mortellement le porte-drapeau  »
         
  • Mohamed Seraidi,
    riche commerçant du quartier arabe,    est mortellement blessé avec une baïonnette par
    le chef du peloton de gendarmerie.
     
  • Benyahya Messaoud   et   Yelles Abdellah sont blessés par balles de mousqueton.
  • Il y a deux blessés légers parmi les manifestants.

     
  • Il y a deux blessés parmi les gendarmes.
     
  • Les policiers comptent deux blessés légers.
    L'agent Ratto est grièvement atteint.


La foule se disperse,
  • poursuivie par quelques policiers dont l'inspecteur indigène Kentouch.
  • Des jeunes de 16 à 17 ans ripostent et blessent les policiers.


Une heure plus tard l'ordre est rétabli.
  • Le sous-préfet :
     
    • fait fermer les cafés et les magasins,
    • interdit la circulation,
    • poste l'armée aux carrefours,
    • décrète le couvre-feu à partir de 21 h 30.
       
  • Toute la nuit des patrouilles circulent dans la ville.

    Il n'y a pas eu le 8 mai et les jours suivants dans la ville de Guelma d'autres Europeens agressés.


Guelma     l'école Alembert

Guelma,l'école Alembert



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