Mercredi   9   mai   1945   à   Guelma






 

Le siège de Guelma,
 

On apprendra plus tard,
  • que dans les heures qui suivent la dispersion de la manifestation, plusieurs Européens sont agressés
    dans la campagne environnante,  en particulier   Dominique Bezzina   qui sera tué dans sa ferme à
    coups de hache en défendant sa famille.
     
  • Charles Zahra,
    témoin de la scène,   caché sur le toit d'une maison voisine,   reconnut l'un des assassins qui était
    un employé d'un marchand de liqueur du centre ville, M. Balibouze.
     
  • Les tribus et les douars environnants sont informés des incidents graves survenus à Guelma.
     
    • Dans la nuit plusieurs milliers de révoltés convergent en groupes vers la ville
      depuis l'Est, l'Ouest et le Sud, certains venant de Sedrata, les autres d'oued Zenati.
    • La conduite d'eau alimentant Guelma est sabotée.
    • Des poteaux télégraphiques sont coupés.
    • La voie ferrée entre Guelma et Duvivier est arrachée sur une importante longueur.


Le siège de Guelma est organisé.


Dès le matin,
  • des rassemblements d'indigènes se forment et des mouvements suspects sont signalés autour de la ville.


Vers 10h,
  • Un engagement a lieu route de Constantine vers la briqueterie.
     
  • Des coups de feu
    sont échangés entre les assiégeants, au nombre de 500 dont certains porteurs d’armes de guerre et
    les gendarmes munis d’armes automatiques.

    Un gendarme est tué.
    Les gendarmes battent en retraite.
     
    «   Le Djihad est déclaré  »


La ville de Guelma

Guelma,la ville


Dans l'après-midi,
  • une colonne d'indigènes armés, montant du ravin de Millesimo et de la route de Guelma,
    se heurte à une patrouille de gendarmes à la hauteur de la ferme Cheyrol.
    Après un échange de coups de feu, les émeutiers s'enfuient.
     
  • Vers le cimetière,
    des colonnes d'assaillants armés descendent de leur montagne se dirigeant vers la ville.
    Ils se heurtent au groupement d'instruction du 3°TRA et à la milice.

    Ces bande tente d’investir Guelma.
    Les tirailleurs, et la milice repoussent cet assaut.


Notes :
  • Cette milice a été constituée par le sous-préfet qui dès le 8 mai au soir, organise la défense de la ville :
     
      • Il fait arrêter les responsables des AML.
      • Il convoque :
        • le lieutenant-colonel Frossard commandant d'armes,
        • Le commissaire de police,
        • le président de la France combattante Pierre Garrivet,
        • le président de l'association des anciens combattants M. Champ,
        • le subdélégué de l'Entraide française M. Trazzini,
        • le commissaire des Éclaireurs de France, Jean Alexandre,
        • le chef des scouts de France par ailleurs juge de paix M. Isselin,
        • le président du consistoire israélite M. Attali,
        • un responsable des scouts musulmans Alleb TaÏf,
        • le secrétaire de l'union des syndicats CGT Cheylan Gabriel, militant communiste.

         
      • Avec eux,

        il décide de faire appel à la population :
         
        • 150 hommes composeront la milice
        • Le commandant d'armes distribue 70 fusils, les autres utiliseront leurs armes de chasse.


        La milice se voit confier la garde de quelques points sensibles :
         
        • les carrefours du cinéma et du monument aux morts,
        • la porte de Constantine,
        • le quartier des HBM, la cité indigène.


        Elle est chargée d'effectuer des patrouilles de jour et de nuit dans les rues de la ville.


La   milice   de   Guelma

Guelma,la milice



Le préfet Lestrade-Carbonnel
  • confirme que le maintien de l'ordre doit continuer d'être assuré,  par les autorités civiles,
    dans Guelma ville par le sous-préfet et le groupe d’autodéfense.
     
  • La création d'un groupe d'autodéfense est prévue dans la loi du 10 novembre 1875 sur
    le régime d’obligations militaires des citoyens français d'Algérie et précisée par la loi du 27 avril 1881.
     
  • Une ordonnance de novembre 1944 du gouverneur général de l'Algérie en rappelle l'intérêt en
    cas de troubles graves.



À Guelma,
  • devant la ferme attitude des européens,  les indigènes toujours déterminés attendent que les défenseurs soient submergés par les contingents indigènes qui arrivent de toutes parts.
     
  • La ville est complément encerclée
    par des milliers de montagnards armés et galvanisés par l'appel au djihad.
     
    • La ville va être envahie,
    • la population Européenne va être exterminée.
    • Aucun élément militaire n'est disponible dans l'immédiat pour se porter sur Guelma.

     
  • Pourtant Guelma est une ville de garnison ?

    Les deux compagnies de tirailleurs algériens ayant étaient jugées «   peu sûres  » .

    Le command d’armes n’a pas pris
    le risque de laisser ces deux compagnies armées dans les rues de Guelma.
     
    • Les tirailleurs indigènes très peu encadrés sont douteux.
    • Sur ordre du commandant d'armes,
      ils sont consignés au quartier militaire et les armes enchaînées.


    Seule la troisième compagnie
    composée de jeune recrues et d’Alsaciens déserteurs de l’armée Allemande a été engagée dans
    la défense de Guelma, c’est pour cette raison que seule l'aviation pouvait intervenir.

     
  • Confrontée à cette situation dramatique,
     
      le Ministre de l'Air Monsieur Georges Tillon   (Communiste),   ordonne

      que deux avions de chasse basés sur l'aérodrome de Bône interviennent, par des vols en rase motte
      et des tirs d'intimidation afin de dégager la ville dans l'attente de renforts qui arrivent de Tunisie.

     
  • Ce n'est plus une manifestation indépendantiste pacifique et spontanée,
     
    • c'est un véritable siège !
       
    • Les insurgés circulent en grand nombre sur toutes les routes.   On remarque :

        une grande discipline, ils marchent en file indienne, sont armés de fusils, de serpes, de faucilles.

        Chaque groupe est commandé par un chef :
         
        • cela dénote une préparation et une organisation militaire.
        • Au passage d'un avion, les groupes se dispersent pour se reformer aussitôt.
           
    • Afin de motiver les assaillants,

      la prise de la ville avait été annoncée, s'apercevant qu'elle résistait,
      des milliers d'insurgés attaquent les fermes et les villages, dans toute la région.
       
      • les villages,
      • les fermes,
      • les biens des européens sont détruits,
        • habitations pillées et incendiées,
        • les récoltes détruites,
        • les installations publiques saccagées.

       
    • La liste des principaux centres qui subirent la barbarie est longue, avec ses morts et ses blessés.
       
        • Lapaine     Bled-Gaffar     la ferme St. Claude     Luzet     Sekaka     Sédrata
        • Villars     Millésimo     Guelâat-bou-Sba     Gallieni     Clauzel     Bordj-Sabath
        • Gounoud     Héliopolis     Hammam-Meskoutine     Kellermann
        • La Mahouna     Medjez-el-Bab     Bekaria . . . etc.


Maison     détruite

Guelma,maison détruite



La brigade de gendarmerie d’Aïn Amara
  • signale que de nombreux individus armés se dirigent vers le djebel de la Mahouna
    qui culmine à 1400m, il est situé à 10 km de Guelma.

En d’après-midi,
  • trois groupes d’une cinquante d’hommes armés
    se dirigent sur Guelma, venant de la direction de Constantine.
     
  • Le capitaine commandant
    le peloton de gendarmerie et onze gendarmes vont au-devant des émeutiers dans trois véhicules.

    La rencontre se fait à l’ouest de la ville au lieu-dit Aïn Defla.
    Les indigènes ouvrent le feu sur les gendarmes.
    Déployés en tirailleur, les gendarmes répondent et font fuir les rebelles qui laissent trois des leurs au tapis.



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