Mercredi   9   mai   1945   à   Guelma




 

Intervention des forces de l'ordre,
 


Le mercredi 9 mai 1945,
  • en fin de soirée, la décision est prise de secourir le village de Petit et le bled Gaffar pour ramener
    à Guelma les populations en danger.
     
  • Des camions escortés par des miliciens partent vers le village de Petit.
     
  • Un convoi commandé par l’adjudant-chef Cantais
    avec des gendarmes et des miliciens se dirigent vers le bled Gaffar.

    A 9 km de Guelma, avant la ferme Dubois une embuscade empêche le convoi de poursuive sa route.
    Il est dans l’obligation de rebrousser chemin.
     
    • Les gendarmes et les miliciens découvrent le corps de Jean Gauci,
      cheminot de 50 ans,  chargé de l'entretien des voies,
      assassiné,  l’abdomen crible de chevrotines, la tête et le corps brisés à coup de bâtons.


Les troupes arrivent.
 
  • C'est un escadron motorisé,  commandé par le chef d'escadron Combonnieux
    venant du camp du Bardo,  près de Tunis,  qui après avoir roulé toute la nuit sans arrêt,
    arrive à la frontière algérienne.
     
  • Sans délai,  le chef d'escadron
    conduit son détachement vers  Souk-Ahras  pour se met à la disposition du général Duval.
     
  • A 7 heures,
    le colonel de réserve commandant le secteur transmet l'ordre de mettre l'escadron à la disposition
    de l'Administrateur de Laverdure, qui indiquera les points sensibles à protéger.
     
  • Le chef d'escadron Combonnieux envoie :
     
    • l'escadron commandé par le capitaine Fynaërt sur Sétif
    • l'escadron commandé par le capitaine René Brincourt, sur Guelma.


Le capitaine René Brincourt     précise :
 
    «   Je reçois l'ordre d'opérer immédiatement dans les communes
        de  Villard   Petit   Lapaine   Héliopolis   Millésimo,  qui sont assiégées par des bandes rebelles.

        Je rassemble les hommes de mon unité,
        composée à 95% de musulmans de l'Aurès voisin, et, m'adressant à eux en chaouia, puis en arabe,
        je leur fais part des événements sans leur cacher la vérité.
        j'insiste sur le devoir de citoyen envers son pays et son drapeau et aussi sur l'affection que j'ai toujours
        portée aux hommes placés sous mes ordres.   Je tiens à leur faire part que s'ils ont des états d'âme
        et si parmi eux certains ne sont pas sûrs de leur réaction,   je leur laisse le soin de regagner leur
        garnison, ils ne seront pas portés comme déserteurs.


        Je répartis aussitôt les missions :
     
    • Le premier peloton du lieutenant Chaylard et le deuxième peloton de l’adjudant Saddock
      se rendront par la route sur les villages de     Petit     Lapaine     Héliopolis   dégager
      les agglomérations assiégées et se mettre à la disposition du maire.
       
    • Le troisième peloton du Lieutenant Boudiaf,   le quatrième peloton du lieutenant Petit et
      le peloton de commandement sur Villars.
       
    • L'escadron restera rassemblé jusqu'à la bifurcation de Villars,
      il gardera le contact par liaison radio et se regroupera après l'opération.


       En arrivant à Villars,
     
    • nous sommes accueillis par des coups de feu, j'ordonne un mouvement circulaire, et, avant qu'il ne soit terminé, près d'un millier de rebelles s'évaporent dans le djebel et les forêts.
       
    • La population européenne s'était réfugiée à la gendarmerie.
      • Les munitions commençaient à manquer, il ne restait plus qu'un chargeur de fusil mitrailleur.
      • le téléphone avait été coupé.
      • la radio ne fonctionnait pas.


       Laissant mon détachement à Villars, ,
     
    • je me rends avec le peloton Saddock dans les bois environnants et dans les fermes.
       
      • Les fermes isolées sont vides et détruites.
        nous trouvons deux cadavres d'Européens égorgés, jambes et bras coupés à la hache.
         
      • À la fin de la journée le calme est revenu à Villars.
        Je laisse un peloton et des munitions aux gendarmes.


       Sur le chemin de Guelma,
     
    • nous passons par le village de Petit, où le lieutenant Chaylart nous avez devancé.
      Il a trouvé de nombreux Européens assassinés.
      Il poursuit les rebelles dans les bois environnants, lors d'un accrochage neuf rebelles sont abattus.

      Plus tard, il se rendra à Héliopolis où il rencontrera le maire, M. Lavie qui c’est barricadé dans son moulin avec la population européenne du village.


       Sur la route de Sédrata,
     
    • un administrateur avec un groupe de mokhainis a délivré le village de Lapaine.

      Les rebelles, dont un certain nombre ont été tués ou blessés au cours des opérations,
      découragés s'étaient repliés dans le djebel environnant après avoir abandonné leurs douars et mechtas.
      Seuls restaient les vieillards, les femmes et les enfants.


       Arrivée à Guelma,
     
    • les rebelles fuient à notre approche.
      Nous abordons la ville par un mouvement tournant, après avoir pris un contact radio avec
      la sous-préfecture.   Nous entrons dans la ville sous les applaudissements de la population
      qui vient de vivre un cauchemar.

      Le chef d'escadron Comborieux fixe son PC dans une école.

      Au cours des jours suivants,
       
      • l’ action de l’escadron se limite à des patrouilles, des surveillances de villages,
        des contrôles d'identité et même à des rassemblements de troupeaux abandonnés
        par les indigènes et disséminés dans la nature.
          »


La sous-préfecture de Guelma

Guelma,la sous préfecture


Les accusations et les rumeurs.
 

Les actions de cette milice ont donné lieu à de nombreuses rumeurs et accusations.
 
  • Certes,   comme partout dans les mêmes circonstances,
    il y a eu des règlements de comptes et des vengeances personnelles.
     
  • Mais sans le Sous-préfet et la milice,
    la ville de Guelma aurez–t-elle été épargnée du pillage et de la destruction.

    Quel aurait été le bilan des victimes ?

     
  • Oui,     la police  et  la gendarmerie
    ont procédé à des perquisitions et arrestations dont certaines étaient totalement arbitraires.

    Des témoignages signalent le zèle particulier d’un officier de police dénommé Kentouf.

     
  • Oui,     des pèresdes marisdes enfantsdes parents,   qui ont eu
     
    • un ou plusieurs membres de leur famille sauvagement assassinés,
    • leurs fermes détruites,
    • leurs récoltes brulées,

    se sont vengés,     mais il ne faudrait pas profiter de ces quelques exactions commises
    pour parler de génocide ou de massacres.

     
  • Comme nous avons nommé les victimes des deux camps,  il faut également nommé
    ceux qui ont été victimes de règlements de comptes, de vengeances personnelles, ou de crimes crapuleux.
     
    • Le 11 mai, le propriétaire du café glacier, Regui Mohamed
      est abattu devant la porte de son établissement. Il avait était interrogé par le gendarme Mariette,
      puis relâche et reconduit à cause du couvre feu devant son établissement par le gendarme Renassia.

       
    • Un bijoutier de Guelma est porté disparu entre le 10 et le 11 Mai.
      Les archives de la police et de la gendarmerie ne signale pas sont arrestation.
      Aucune trace de cet homme,  mais les témoignages indiquent que le bijoutier
      pratiquait le prêt sur gage et qu’il doit s’agir d’un crime crapuleux.

       
    • Le sénateur Paul Cuttoli
      confirme que des prisonniers ont été fusillés sans jugement.     Il n’indique pas le nombre !!
      journal officiel du 10 juillet 1945.



Je conclurai ce chapitre,
  • par un extrait du discours de   M. Tixtier Adrien,  Ministre de l’intérieur
    à l’assemblée le 18 Juillet 1945 et publié au journal officiel.

    Je cite le Ministre :
     
      «   Des assassinats,  des viols,  des incendies,  des pillages  ont été commis et leurs auteurs doivent
           être déférés à la justice française.

            2.400 arrestations ont été opérées :
       
        Les accusés seront jugés conformément aux dispositions de la législation sur l’état de siège
        par le tribunal militaire de Constantine.

        J’ai obtenus l’assurance que nul ne sera jugé avant que ne soit effectué une information judiciaire complète, que tous les accusés disposent d’ un avocat et de toutes les garanties de la défense.


      Au 17 juillet 1945,
       
        517 individus,
        arrêtes, pour lesquels aucune inculpation pénale n’a été rendus, avaient été libérés.
         
        306 jugements avaient été rendus :
         
            192 condamnations fermes,
            49 avec sursis,
            37 acquittements.
            28 accusés convaincus de participations directes à des assassinats et à des viols,
            ont été condamnés à mort, aucun d’eux n’a été exécuté,
            Ils gardent le droit de formuler un recours en grâce.
              »


En 1946, une amnistie générale fut prononcée.

La   milice   de   Guelma

Guelma,la milice


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