Relations entre la France et la Régence d’Alger
Expédition de Gigeri.
Epilogue.
- Dans un très long et très curieux mémoire,
où, il est très difficile de comprendre où le général veut en arriver, il répondait aux trois accusations portées contre lui :
- d'avoir assuré qu'il conserverait Gigery sans l'appui des navires du Duc de Beaufort.
- d'avoir refuser la proposition du Duc de Beaufort d'attaquer les turcs.
- d'avoir laisser le canon.
- Mais avant de répondre à ces trois accusations,
M. de Gadagne, prouve à l'évidence, que la fâcheuse issue de l'entreprise fut due à l'influence mauvaise de M. de Clerville.
- Il explique que la dissension entre le Duc et lui, a été l'œuvre de M. de Clerville et de son clan.
- Il confirme la très mauvaise fortification des lignes,
il donne comme M. Castellan, les mêmes raisons pour l'attitudes de M. Clerville sur le refus d'améliorer les fortifications.
« Le sieur de Clerville avait pronostiqué que les Maures étaient toujours faibles, et qu'il ne recevraient jamais
de secours des Turcs, et que même, ils n'en voudraient jamais recevoir.
Que sur ces mauvais pronostiques, on avait laissé les lignes imparfaites.»
- Il confirme le complot de M. Clerville pour faire capoter l'expédition de Gigery, car il indique dans ce rapport :
« Au port de Mahon,
deux officiers m'avaient assuré que MM. de la Boulaye et de La Mark les avaient sollicités de prendre parti contre moi.
J'ai découvert à votre Majesté, les auteurs, les instruments et les complices en M. de Clerville et de La Guillotière,
les auteurs et les chefs, en MM. de la Boulaye et de La Mark. »
Histoire de la Marine Française du XVII° siécle.

- Puis il traite un par un les trois chefs d'accusations :
- d'avoir assuré qu'il conserverait Gigery sans l'appui des navires du Duc de Beaufort.
- Il a dit, « je garderais le poste tout aussi bien qu'un autre », comme le confirme, MM de Vivonne et Lessein.
- Il ajoute, qu'il n'a eu le commandement de l'expédition, que lorsque M. de Beaufort est parti.
« Le mal était sans remède, que toutes les fautes de M. de Clerville étaient irréparables. »
-
Il confirme les propos du Duc de Beaufort,
sur l'arrivée du canon, et en même temps, il accuse le Duc d'être partis pour exécuter les ordres du roi.
- Il lui reproche de n'être pas revenu,
après avoir coulé un navire barbaresque et capturé le second rempli de mousquets à Bougie, Il écrit :
« On peut assurer du moins, que le canon était arrivé,
avant que M. de Beaufort partit, puisque le lendemain, l'ennemie travaillait à une batterie.......
Ce qui est certain, d'après la mission qu'il donna à M. de Turelle,
de nous avertir, que les ennemies recevraient des secours, il devait retourner à Gigery.
Enfin, s'il n'était pas parti, ou s'il était revenu,
on aurait tenté la fortune d'un combat, ou du moins sauvé la honte d'une retraite. »
Note :
M. de Gadagne précise,
que le Duc de Beaufort avait un interprète nommée Durand, cet homme
avait quelques intelligences,
parmi les Maures, et il assure M. de Beaufort savait par lui que l'ennemi aurait du canon.
Histoire de la Marine Française du XVII° siécle.

- d'avoir refusé la proposition du Duc de Beaufort d'attaquer les turcs.
« Mes ennemies me chargent,
de n'avoir pas voulu aller à l’ennemi, lorsque M. de Beaufort le proposa, il semble qu'ils attaquent mon courage.
Mon crime aurait été de n'avoir pas acquiescé à la proposition du Duc et de n'avoir pas voulu signé la proposition.
J'ai allégué pour raison, que l’ennemi était retranché dans leur camp,
et que nous serions trop faibles pour les attaquer et qu'on ne manquerait pas d'être battus.
J'ai démontré que le second chef d'accusation était une chimère,
que les suffrages sont libres, qu'une opinion n'est pas un crime, ou alors, je suis criminel avec
tous ceux qui étaient dans le conseil et qui pourtant ne sont pas accusés....... »
Histoire de la Marine Française du XVII° siécle.

- d'avoir laissé le canon.
« Le troisième chef,
qui me charge d'avoir laissé le canon, parait plus considérable que les deux autres, mais il n'est pas plus solide.
Mais, il m'importe que votre Majesté connaisse,
que si le canon a été laissé, parce que l'on n'a pas eu les instruments nécessaires pour le charger dans les vaisseaux.
C'est la faute de M. de Martel, et des officiers d'artillerie, ou de M. de Beaufort, ou du moins ce n'est pas la mienne.
Le canon a été laissé soit par manque de temps, ou de palans. »
- Le Général de Gadagne explique :
- Que le temps lui était compté, car, M. de Clerville, par l'intermédiaire de M. de la Guillotiére,
avait fait naitre le désir de retraite à une partie des officiers.
- Que le Marquis de Martel n'avait pas de palans, que ce n'était pas la faute du Marquis,
ou, des officiers de l'artillerie, si les navires restants n'en étaient pas pourvus.
Note :
Le comte de Gadagne, ne dit pas clairement, si les canons ont été encloués pour les rendre inutilisables.
Histoire de la Marine Française du XVII° siécle.

- Il termine ce très long document par une attaque en règle contre le duc de Beaufort.
« Dans le dernier conseil, il fit une harangue qui découvrit qu'il avait reçu de nouvelles lumières,
il ne put s'empêcher de dire que si l'ennemi mettaient de gros canons en batterie sur l'éminence,
et, qu' il canonnait le camp, il serait impossible de conserver le poste. »
- Nous terminerons cette expédition de Gigery de 1664, sur ce rapport très particulier,
qui démontre que durant cette très courte retraite, nous avons perdus très peu d’hommes,
et que le chiffre de M. de Castellan, moins de quarante morts, semble très plausible.
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