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Histoire : les Mahonnais en Algerie (suite)
Faisant escale à Alger en1832, le jeune aristocrate est séduit par la nature algérienne et s'y établit. Il se porte acquéreur de plusieurs propriétés et apparaît aux yeux de tous comme un véritable pionnier de la colonisation libre. En 1835, la Société Coloniale le charge de se rendre à Paris pour y défendre la colonisation "en gants blancs". Son bateau pris dans une tempête, fait route vers Mahon où il rencontre une ancienne connaissan, Don Costa. secrétaire à la police du gouverneur de l'île. Ensemble, ils conçoivent l'idée d'une organisation d'un réseau d'émigration vers l'Algérie dans des modalités fort simples :
Don Costa se chargeait de recruter les familles et s'assurait que le gouvernement espagnol n'y mettrait aucune obstacle. De son coté Vialar s'occupait du transport et du travail. Le réseau fonctionna de suite, et dès mars 1836, nous constatons une nette accélération de mouvement migratoire "Mahonnais" (les villages les plus touchés étaient Condadela. Merca~ San-Luis, et Mahon).En septembre de la même année, Le Moniteur Algérien souligne que :
"Quant à l' »accroissement de la population européenne, nous pouvons affirmer que le nombre des Mahonnais venus depuis peu dépasse à lui seul le chiffre de 1.600 personne... Ni le travail, ni la terre ne sont près de leur manquer en Algérie".
Cette deuxième vague migratoire est essentiellement familiale, massive, encouragée, et destinée avant tout au travail de la terre. Ce faisant. elle devenait quasi définitive et l'accueil des familles fut généralement très chaleureux. Le réseau mis en pla par de Vialar servit à d'autres colons comme de Tonnac, Lermercier, Saussure Et il fonctionna jusqu'à la :fin des années 1840, date à laquelle la migration minorquine se tarit autant par un appel qui ne se fait plus (crise économique et financière en Algérie et fin de la colonisation en "gants blancs" que par les freins mis à l'émigration minorquine par le gouvernement espagnol (devant les risque de désertification de l'île.
Nous avons retrouvé des Mahonnais partout en Algérie, de Bône à Oran. mais ce sont les alentours d'Alger, zone de leur première installation, qui en accueillent le plus grand nombre avec Hussein-Dey et surtout Fort de l'Eau comme pépinière. D'ailleurs, pour tout pied-Noir Fort de l'Eau et Mahonnais sont étroitement imbriqués au point que ça en devient une redondance
Fort de l'Eau est ancien site d'occupation hnmaine puisque son occupation débute en 1556. En 1830, les terres alentours fonnant le domaine de la Rassauta sont propriétés de la tribu des Aribs qui en sont petit - à - petit dépossédés. Il faut dire que ce vaste domaine sur plus de 4.000 hectares comprenait cinq grandes fermes et plusieurs petites fennes, ce qui exita la convoitise de nombre de spéculateurs. Le domaine fut attribué à un aristocrate polonais, le prin de Mir-Mirsky en juin 1835 qui n'en fit rien, puis à un espagno1,le comte del Valle de San Juan en 1844 qui ne fit pas mieux. Par deux fois la colonisation de ]a Rassauta par des intérêts privés se solda par l'échec. C'est alors que le ministère de la Guerre décida en avril 1846 la création d'un centre de population, et l'ayant appris, une cinquantaine de familles mahonnaises, placées sous la protection du baron de Vialar, adressait une requête afin d'obtenir les concessions du centre. Elles reçurent une réponse très favorable du Ministère lui-même qui enjoignait Bugeaud à faire le nécessaire :
"Cette demande mérite une sérieuse considération: Les Mahonnais font généralement d'exllents colons. Ils sont très entendus dans la petite culture et leurs habitudes de travail, d'économie et de sobriété les font presque toujours réussir. C'est une des populations les plus actives et les plus utiles d'Algérie: ce sont les Mahonnais qui ont cultivé presque tous les terrains du massif d'Alger et ils approvisionnent pour ainsi dire à eux seuls de légumes et de fruits les marchés de la ville".
Bugeaud admet le principe d'un village Mahonnais, Je terme est officiel, Fort de l'Eau. Le 25 juillet 1849, le préfet d'Alger nous apprend, dans une lettre adressée au Gouverneur Géneral que 45 familles mahonnaises sous la direction de Mathieu Marques, Juan Fooelich et Juan Barbe, ont été installées dans leurs concessions sans subventions, crise économique oblige. Et le prefet de conclure :