Les Belles villes d'Algérie
Blidah
Dans son récit du voyage,
- de Tanger vers les Bords du Nil, au commencement du XIV siècle,
le cheikh Abou-abd-allah Ibn-Batoutah, le narrateur, car ce livre n'est pas l'œuvre du Cheikh,
mais celle d'un secrétaire du Sultan Mérinide du Maroc, Abou-Inan, qui fut chargé par ce prince
de mettre en ordre et de rédiger ce livre, à partir des notes, dictées par le voyageur de Tanger,
à Ibn-Djozaï, (Abou-abd-allah Mohammed).
- Ce livre a été traduit par M. Cherbonneau,
Professeur d'Arabe à la chaire de Constantine en 1852.
- Le grand Voyageur de Tanger, semble nous indiquer,
que les seules villes existantes à cette époque dans le futur Royaume d’Alger sont :
Alger Milianah Médéa .
Il nous parle d'un tout petit village, où les eaux abandonnent, sans indiquer le nom de ce village.
Blidah Les murs de la Ville et la Mosquée Bab el Dzer en 1830
Lithographie de M. Lemercier.
Heureusement,- le voyage dans la régence d'Alger du Docteur Shaw, corrige cette imprécision :
« à trois lieues à l'Est-Nord-Est de Miliana, et à peu près à moitié chemin entre le Chélif et la mer,
sont les Ham-man ou sources de Mériga, Aquae Calidae Colonia des Anciens.
Dans le plus grand et le plus fréquenté de ces thermes, l'eau y bouillonne constamment et
s'éleve à un degré de chaleur à peine supportable. »
- Quelques pages plus loin, le Docteur Shaw, nous parle de la ville de Blida :
« Blida et Médéa
sont les seules villes que l'on trouve dans l'intérieur de la Province d'Alger,
elles ont chacune environ huit cents toises de circuit, elles sont entourées par un mur en terre,
à peu près en ruine.
On y remarque quelques maisons à toits plats, toutefois, la plus part ressemblent à celles
de Miliana, les maisons sont entourées de jardins biens arrosés.
Ces deux villes sont situées sur les bords de la Mazaffran.
Blida à cinq lieues sur le versant septentrional du mont Atlas, et
Médéa à trois lieues au-delà sur le versant opposé de cette montagne.
Il s'ensuit que Blida et Médéa,
peuvent être considérées comme les emplacement de Lamida et Bida-Colonia de Ptolomée .
Les Béni-Sala et Les Béni-Halil
sont les principales tribus Kabyles qui se trouvent dans le voisinage de Blida. »
Blidah Rue et Boutiques Arabes.
Merci à Philippe Coudeyrat.
Notes :
- Le docteur Shaw était ecclésiastique, on donnait communément en Angleterre,
la qualification de Docteur non seulement aux médecins mais aussi aux membres du clergé et du barreau.
- La lithographie de M. Lemercier, du mur de la ville, de Bab el Dzer, et de la Mosquée Bab el Dzer,
ne reflète pas réellement l’état de la ville en 1830.
Un peu d'Histoire : :
- Blida, El-Boleida, la petite ville,
- ne remonte pas, comme bien des localités de l'Algérie, aux époques de la domination romaine,
nulle trace, nulle ruine, du moins ne le font supposer, c'est à tort que le Docteur Shaw,
a vu dans Blida, la Bida colonia.
- Dans la table géographique de l'histoire des Berbères d'Ibn-Khaldoun, M. de Slane,
cite Mitidja, ville situé dans la plaine du même nom et sur l'emplacement actuel de Blida.
- El-Bekri, veut que Mitidja, soit également Kazrouna située un peu plus haut que Blida.
Mitidja, Kazrouna et Blida étaient-elles une seule et même ville ?
Blida la rue Bécout
Merci à Philippe Coudeyrat.
- Quel que soit le nom où les noms qu'elles portent,
elles subiront les razzias des tributs venues du Sud,
comme toutes les villes du Magreb.
- Blida, la ville aux murailles blanches,
visitée par le soleil au milieu des massif verts d'orangers
et de citronniers se relèvera plus tard.
- Mohammed-ben-Youssef, de Miliana,
le marabout voyageur, dont les dictons sont restés
populaires en Algérie, a dit de Blida .
« On vous appelle une petite ville, et moi,
je vous appelle une petite rose ! »
- Mais Blida,
la parfumée, séjour de plaisir, et du plaisir facile,
s'appelait aussi La Kabah, la courtisane.
- Quoi qu'il en soit, Blida,
comme toutes les petites villes heureuses,
n'avait aucune page d'histoire.
- On sait que,
sous la domination turque, son importance était grande, par le chiffre élevé de sa population,
ses relations commerciales avec la Province de Tittery, l'étendu et la richesse de ses jardins.
- Mais, un terrible tremblement de terre, la détruisit, du 2 au 7 mars 1825,
ensevelissant sous les décombres, les mosquées, les Synagogues, les maisons et plus de la moitié
des habitants de la ville, ce tremblement de terre fit plus de 7.000 morts.
- Après ce désastre,
les survivants voulurent abandonner Blida, et ils tracèrent à 2 kms plus loin, au Nord- Ouest,
une autre enceinte, les constructions avancèrent peu et enfin elle ne furent point continuées,
car le 23 juillet 1830, le Maréchal de Bourmont se présentait aux portes de la ville,
mais ceci est une autre histoire ......
Blidah Paysage grandiose.
Merci à Philippe Coudeyrat.
Avec une plus grande connaissance du pays,
- l'améliorations des communications terrestres,
les narrateurs, nous donnent plus de détails sur cette petite ville.
- En 1842, François Gomot,
ancien employé au Ministère de la guerre, complète la description de Blida :
« Plus on approche de Blida,
plus le voyageur éprouve d'admiration en voyant ce pays magnifique, en apercevant à gauche
les pentes basses de l'Atlas, couvertes d'arbres fruitiers, de haies d'arbustes pourprés de fleurs
au printemps et planté de vigne.
Le ciel bleu au-dessus des montagnes,
augmente le pittoresque de ces vallons merveilleux, dorés par les fruits des Hespérides.
A droite , nous laissons l'emplacement de la nouvelle ville,
grand carré entouré de murs déjà en ruine, dans lequel aucune maison n'a été construite,
c'était cependant sa destination, et Blida devait y être transportée.
Soit que la peur eût cessé après le danger,
soit que les événements politiques eussent fait avorter le projet, il n'y eu qu'une partie du mur
de bâtie, et l'ancienne ville a conservé sa position sur l'Oued-el-Kebir, ainsi que le reste
de sa population devenue moins timorée.
Blida les gorges de la Chiffa
Blida est assis sur un terrain plat et sans accidents,
la montagne forme un vaste demi-cercle, se déploie
en amphithéâtre, et verse, tout autour de la ville,
les eaux de l'Oued-el-Kebir qui arrosent et fertilisent
une grande partie de ce territoire.
C'est à l'abondance de cette eaux,
habillement distribuées, que Blida était redevable de
la belle et riche forêt d'orangers au milieu de laquelle
cette petite ville se tenait, pour ainsi dire, cachée.
On ne trouve à Blida, aucune trace de travaux antique.
La tradition locale
fait remonter son origine à l'époque de la conquête
turque, et lui donne pour fondateur une famille
de marabout.
Les tombeaux très remarquable
et très vénères de ces personnages sont dans un village
situé à une heure de distance dans la montagne,
près de la source de l'Oued-el-Kebir.
Quoi qu'il en soit de cette tradition,
Blida grâce à son heureuse situation, à son territoire fertile, à son climat salubre,
est devenu promptement l'une petite ville importante et riche de l'intérieur de la Régence d'Alger.
En 1825, avant le tremblement de terre, on estimait sa population entre quinze et dix-huit mille âmes.
La ville, entourée d'une muraille de terre, était bâtie en pisé blanchi à la chaux,
les habitations étaient couvertes en terrasses, elles se composaient d'un rez-de-chaussée, formé de plusieurs
appartements, avec une cours intérieure au milieu.
La ville renfermait un grand nombre de fontaine publiques,
des bains maures, les édifice religieux étaient en très petit nombres. »
Blidah Le Marabout de Sidi-el-Kebir
- Quand, on sort de Blida par Bab-el-Rabah,
on parcourt un faubourg, qui nous amené sur les bords de l'oued el-Kebir,
on suit alors le cours du torrent et bientôt, on entre dans les gorges de la Chffa.
- A trois kilomètres de Blida,
sur le penchant de la montagne, enfoui dans la verdure des oliviers, se trouve le cimetière,
où s'élève la Kouba d'Admed-el-Kébir et de ses deux fils,
marabout célèbre,
venu peut-être d'Espagne (Andalousie), qui est à l’origine de la fondation de Blida au XVI° siècle.
- La kouba du Marabout, ornée de tentures multicolores les jours de fêtes,
est un gros cube en maçonnerie, recouvert d'une coupole.
Tout autour se groupent les autres sépultures,
indiquées par des pierres debout ou des tablettes de marbre où sont gravées des inscriptions.
Blidah Le Marabout de Sidi-el-Kebir
Tous ces narrateurs ou écrivains,
- nous ont transmis au travers de trois siècles, l’évolution de Blida,
L’Algérie de Henri Isnard, rédigé en 1952, complété le tableau.
« Depuis le milieu du XVI° siècle, la Mitidja possédé sa capitale : Blida, la petite ville.
Elle est assise au contact des montagnes et de la plaine, sur un gros amas de cailloux roulés et
de gravier que l’Oued-el-Kébir a abandonné au sortir de ses gorges.
Un terrain sec, des eaux abondantes, il n’en fallait pas plus pour fixer les hommes.
Au début du XVI° siècle, un Marabout venu de l’Est,
Sidi Ahmed el Kébir,
y planta sa tente, autour de laquelle, vinrent bientôt s’établir des Maures andalous, passés maîtres
dans l’art des cultures irriguées. Grace à l’eau abondante, le sol se couvrit de jardins et de plantations
d’orangers que les immigrants avaient introduits d’Espagne.
Quelques années plus tard, en 1535, Khayr ed din,
voulant honorer le Marabout,
décida de fonder une mosquée, la mosquée de Sid Ahmed El Kebir,
elle fut érigée
vers 1542, bâtie par des maçons andalous.
Il fit construire une étuve et un four banal entre la future Place d’Arme
et le futur marché Européens. Blida était né.
La ville bâtie en pisé, si tendre que, selon le Docteur Shaw,
les frelons perçaient facilement les murs des maisons, subit deux tremblements de terre
en 1760 et 1825 qui la détruisirent de fond en comble. »
Blidah Le Bois sacré
Le bois sacré
- Au sortie de Bab El Sebt,
au Nord de Blida,
qui fait face à la route de Koléa, avec à gauche la route de Miliana et Médéa,
sur la gauche, une route longe les murs d’enceinte, sur une distance de 800 mètres.
Elle nous même vers le bois sacré, ce chemin qui deviendra Boulevard,
porta plusieurs noms :
- Boulevard Bonnier
- Boulevard du Nord
- Boulevard Maurice Miodon
- On pouvait également rejoindre ce bois en passant par deux autres portes :
- Bab El-Kebour, la future porte Bizot,
- Bab el Khouïkha, la future porte des chasseurs.
- Ce Bois sacré,
est parsemé d'oliviers centenaires, au milieu desquels s'élève la kouba de Sidi-Yakoub,
sur les murs blancs de laquelle, le feuillage grêle des oliviers jette ses ombres.
Blidah Le Bois sacré
La visite de la Ville de Blida se poursuit sur la page suivante.
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