Les Belles villes d'Algérie
Blidah
Première visite des Français : 23 Juillet 1830,
- Cette expédition,
nous a été narrée de nombreuses fois, l'emble des récits se recoupe avec de très légères différences.
Parmi les nombreux narrateurs, nous citerons entre d’autres :
- Edmond Pellissier de Reynaud, Les Annales Algériennes, 1838.
- Léon Galibert, Histoire de l’Algérie, 1843.
- Mais, seul Emile d'Ault-Dumesnil, dans son livre,
« de l’expédition d’Afrique »,
paru en 1832, nous donne des détails très précis sur ces deux journées.
Après la capitulation d'Alger,
- le Bey de la Province de Tittery, Moustafa Bou-Mezrag,
qui avait d'abord fait sa soumission et que l'on avait maintenu dans sa fonction, demanda
au Maréchal de Bourmont de venir à Blida, il affirmait à ce dernier que sa présence seule,
serait un gage de bonne volonté.
Le conseil Municipale d'Alger, où se trouvaient plusieurs Maures, désapprouva cette visite,
il affirma que Moustafa Bou-Mezrag, excitait les Kabyles contre nous.
Blida Le Bois sacré
- Le 22 Juillet 1830, au point du jour,
le Maréchal de Bourmont, partit pour Blida,
avec 1.000 fantassins, trois cents hommes de Cavalerie,
et une demi-batterie de campagne (deux pièces de canon),
la colonne était sous le commandement du Maréchal
de camp, le baron Hurel.
- La petite colonne passa par le pont d'oued-el-Kerma,
elle fit une longue halte à Boufarik.
- Elle arriva le soir à Blida,
une députation d’habitants de la ville, vient au-devant
du Maréchal, et lui demanda que les troupes de la colonne
ne soit pas logées dans la ville, car cela était incompatible
avec les mœurs et les usages des Musulmans.
- Le Maréchal accéda à cette demande,
il fut très bien reçu par les habitants, et devant tant de sollicitude,
le comte de Bourmont se crut dans un pays ami.
- De cette visite, le narrateur présent à Blida,
nous donne les détails suivants :
« Les vestiges du désastre sont partout visibles, les habitations sont pour la plus part que des huttes,
les rues en sont singulièrement étroites et couvertes de roseaux, du haut d'une maison à l'autre,
pour empêcher les rayons du soleil d'y pénétrer.
Seules, les portes de la ville, ont quelques apparences architecturales, de vastes cimetières
environnent la ville, sans doute, les vestiges du désastre du tremblement de terre.
Campés aux portes de la ville, des officiers et des soldats, visitèrent les alentours,
sans grande précaution, tant la confiance était grande.
Le plus grand calme régna à Blida, le 23 Juillet 1830. »
Blidah L'Eglise Saint-Charles et la montagne
L'ordre avait été donné aux troupes, - le 23 jullet 1830, au soir, de se tenir prêtes à partir le lendemain.
- Le 24 juillet, de bonne heure,
le Maréchal de Bourmont, à la tête d’un bataillon d’infanterie et d’un détachement de chasseur,
poussa une reconnaissance jusqu'à une lieue et demie à l’Ouest, tout était tranquille,
au retour, dans une escarmouche engagée entre l’arrière-garde et les Kabyles, un fantassin fut tué,
les voltigeurs aperçurent des masses d'hommes armés qui descendaient des montagnes.
Envoyé en reconnaissance, M. de Trélan,
aide de camp du Maréchal de Bourmont depuis dix-huit ans, chef de bataillon, fut tué d'un coup de feu.
- L'alarme fut donnée à l'instant,
mais c'était déjà trop tard, l'ennemis, nous avait barré le passage de la sortie de Blida.
- L'ordre de départ fut donné, à peine en marche, la colonne fut assaillie par dix mille Arabes et Kabyles,
les Français formés en colonne, se portèrent au pas de charge sur les ennemis.
- Ce retour ne s'accomplit pas sans péril,
il y eu quatre-vingt hommes mis hors de combat,
le général Hurel, qui dirigeait la colonne,
changea son itinéraire, car celui de l’aller était encaissé, la colonne se trouva rapide dans la plaine,
laissant les agresseurs à découvert, notre cavalerie fournit quelques charges heureuses.
- L'ordre le plus parfait ne cessa d'exister dans la colonne,
elle rejoint Bir-Touta, le puit des Muriers, sans aucune halte, et y coucha.
Blidah L'Eglise Saint-Charles.
A Bir-Touta, - M. de Bourmont reçut son bâton et son brevet de Maréchal de France,
des mains de M. de Bois-le-Comte, major de cavalerie, arrivé dans la matinée d’Alger.
- La colonne rejoint la ville d'Alger le 25 Juillet 1830.
- Cette petite balade, durant laquelle, le caractère aussi astucieux que féroce des Arabes et des Kabyles,
se montra à découvert, rendit les Français plus circonspects, si les habitants de Blida,
ne prirent peut-être point part activement à cette agression, nous ne croyons pas qu'ils ignorassent
les desseins des Kabyles et des Arabes contre nous.
- Cependant,
la nouvelle du retour de Blida fut accueillie comme une défaite à Alger et dans tous les environs.
- Les Kabyles crurent nous avoir battus.
- Les Arabes n'eurent plus avec nous les mêmes relations.
- Les Turcs, dont on avait toléré le séjour à Alger,
se mirent en rapport avec les Kabyles qui nous étaient hostiles.
Blidah Les murs de la Ville et la Mosquée Bab el Dzer en 1830
Lithographie de M. Lemercier.
Quelques jours après,- cette petite excursion,
un navire battant pavillon Français mouilla dans la rade d'Alger,
avec à son bord, le général Clauzel, il apportait la nouvelle officielle du changement de dynastie en France.
- Le Maréchal de Bourmont,
suivi de quelques officiers, quitta Alger, pour l'Italie,
en laissant sur ce sol, la dépouille de l'un de ses fils, mort au champ d'honneur.
- Par décision Royale du 12 Aout 1830, le général Clauzel, succéda au Maréchal de Bourmont.
Un arrête en date du 16 Novembre 1830, destituait le Bey de Tittery, Moustafa Bou-Mezrag,
et nommait à sa place, Mustapha Ben el-Hadji-Omar, parent d'Hamdan.
- Le 17 Novembre 1830, un corps d'armée sous les ordres du général Clauzel,
se dirigea vers la Province de Tittery, pour y installer le nouveau Beylik.
Ce corps d'armée étaient composait d’environs 7.000 fantassins, des Zouaves, des Chasseurs d'Afrique,
une batterie de campagne, une batterie de montagne, et une compagnie du Génie.
Les pluies abondantes contrarièrent la marche de l'Expédition,
pourtant elle se présenta, le 18 Novembre 1830, devant Blida, où eu lieu un engagement assez vifs,
le soir, nos troupes entraient dans la ville presque déserte.
Blidah Le marché Arabe.
Avant de se porter sur Médéah, - le général en chef, jugea prudent d'occuper Blida,
en y laissant une forte garnison sous les ordres du Colonel Rullière.
Le mur d'enceinte ayant été considéré comme un obstacle suffisant, le général demanda que
les jardins jouxtant le mur soient rasés, les Sapeurs abattirent ces magnifiques orangers,
qui étaient la seule richesse de leur propriétaire.
L'expédition se reposa à Blida, pendant toute la journée du 19 Novembre.
- Le lendemain, elle se dirigea vers Médéah,, par les gorges de l'Atlas.
Le 21 Novembre au soir, elle bivouaqua à Mouzaïa, le lendemain l'armée Française entrer dans
les gorges, bientôt nos troupes se trouvèrent engagés dans le col de Ténia, passage étroit et dangereux.
Blida les gorges
- Le bey de Tittery,
avait fait placer à l'entrée du col des pièces d'artillerie,
il fallut contourner cette position.
C'est le 37° régiment de ligne, qui débusqua l'ennemie,
et se rendit maitre du passage, mais cette journée,
nous couta pas moins de cent hommes hors de combats.
- Une brigade resta pour garder le passage du col.
- Le 22 Novembre au soir,
le général en chef entrait dans la ville.
L'expédition resta quelques jours à Médéah.
- Le 26 Novembre 1830,
les troupes quittèrent la ville, en y laissant une petite garnison sous les ordres du colonel Marion.
- Ce même jour, à Blida,
notre garnison était attaquée par Ben Zamoun,
l'attaque fut si rapide que les Arabes et les Kabyles,
pénétrèrent dans la ville par plusieurs points.
- On se battit longtemps de rue en rue.
La garnison fut acculée peu à peu sous les voûtes
de la Porte d'Alger, le colonel Rullière sauva la garnison
par un habile stratagème, deux compagnies sortirent par la porte d'Alger, et contournèrent la ville,
pour y entrèrent par la porte de Médéah et vinrent tomber sur les derrières des assaillants.
- Ben Zamoun,
persuadé que c'était le corps d'armée qui revenait de Mouzaïa, demanda à ses fidèles de se replier.
- Le 27 Novembre 1830,
le général de Clauzel rentrant à Blida, à la tête de ses troupes, découvrit la tragédie :
des cadavres encombrés les rues, plusieurs maisons étaient détruites ou incendiées,
les habitants désolés couraient à la recherche de l'un des leurs.
L'horreur qu'il éprouva,
fut partagée par toute la partie de l'armée qui n'avait pas pris part à ce déplorable événement,
car parmi les cadavres, il y avait des vieillards, des enfants, et des femmes Arabes et Juifs,
des gens tout à fait inoffensifs.
Blidah Rue et Boutiques Arabes.
Devant cette tragédie,- le général de Clauzel, renonça au projet d'occuper Blida et rentra à Alger.
Les habitants de Blida, quittèrent leur petite ville pour suivre la colonne et s'installer à Alger.
- Voici, l'ensemble des événements de cette journée à Blida,
mais, les détails sont encore couverts d'un nuage obscur et sanglant.
Notes :
- Les détails de cette journée à Blida,
sont donnés par plusieurs narrateurs, la chronologie est identique,
seul le poids des mots change.
Les Capitaines du Génie Rozet et Carette, M. Pellissierss, M. Léon Galibert, et d'autres encore,
nous donnent l'explication de cette vengeance sur quelques civils et l'incendie de quelques maisons.
« la garnison avait subi de très lourde perte par des tirs venant des petites ouvertures des maisons,
elle aurait été entièrement massacrée, sans la stratégie du Colonel Rullière.
Les survivants de la garnison estimèrent, que certains des habitants de Blida,
étaient complices
de Ben Zamoun, en ouvrant les portes de la ville, et leurs habitations aux assaillants. »
- Je n'ai pas trouvé de chiffre,
mais tous les narrateurs, mettent en balance, les morts
innocents de Blida avec le massacre
des 50 canonniers, dirigés imprudemment de la ferme Mouzaïa sur Alger, pour aller chercher
des munitions, le même jour.
Le plateau de la balance,
penchant sans aucun doute, du côté des 50 canonniers de la ferme Mouzaïa.
Blidah La Porte d'Alger.
La visite de la Ville de Blida se poursuit sur la page suivante.
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