Les Belles villes d'Algérie
Bougie
Connue à l'époque romaine sous le nom de Saldae.
- A la chute de Carthage, les Romains s'en emparèrent et y fondèrent, sous le nom de Saldae,
une ville forte d'où ils étendirent au loin dans toute la Kabilye, le rayonnement de leur puisssance.
- Après avoir été réduite à l'état de simple bourgade par les invasions barbares,
l'antique Saldae tomba au VII° siècle sous le joug des califes Omeyyades.
- Au X° siècle sous la domination d' En-Nacer,
la ville devint la plus importante des Etats Hammadites.
Depuis Djidjelli,
- la route qui vient de Philippeville suit étroitement la côte.
- Spectacle inoubliable!
digne de ceux que la Provence peut offrir aux yeux éblouis.
- A droite, la mer :
ici, des eaux profondes couleur de saphir;
là, une surface unie aux reflets changeants;
plus loin, des écueils noirs, déchiquetés, ourlés d'écume blanche.
- A gauche, la montagne :
la route enjambe les lits des rivières qui serpentent entre des bouquets de lauriers-roses,
virages, tranchées, tunnels, ponts, la route s'accroche aux flancs escarpés
de grandes falaises :
c'est la Corniche d'Or, une des sept merveilles de l'Algérie.
Bougie Côte de Saphirs
Encore un tournant,
- bientôt s'ouvre la bouche de la grotte merveilleuse qui se creuse dans le chaos de la montagne calcaire.
Une visite s'impose.
- Quand nous revenons à la grande lumière de la route côtière,
devant nous, sur l'incendie qu'allument les feux du couchant, se détache,
en noir, la barre rigide du Djebel Gouraya qui domine Bougie.
- Le massif qui s'avance en jetée vers l'est, jusqu'aux caps Bouak et
Carbon,
abrite un mouillage sûr en tout temps : ce fut l'origine de la ville.
- Les gorges offrent un décor grandiose et titanesque par sa beauté et ses proportions.
- les roches en surplomb,
la sévérité des montagnes s’élevant à pic sur les deux rives du canon qui murmure au fond de l’abîme.
- La route constamment suspendue,
tantôt creusée dans le
flanc de la montagne, tantôt établie sur des arches de maçonnerie aux endroits
durs de la paroi, font ressentir au
milieu de ce paysage, la fragilité de l’homme, et nul parmi ceux qui traversent
ne peut se défendre d’un sentiment d’inquiétude.
- C’est sans doute pour cette raison qu’on l’appelle « Chaabet-el-Akhra ».
Gorges de Chaabet-el-Akhra en petite Kabylie
Pressés par les nomades arabes hilaliens
- qui avaient
envahi l'Algérie, les princes Hammadites furent contraints de se replier,
au début du XIle siècle, au nord, sur la côte, de Ténès à La Calle, abandonnant Qal'â.
- Ils s'établirent dans la petite cité qui fut promue capitale
sous le nom de Bougie.
- Les nouveaux souverains s'employèrent à l'embellir.
- Grégoire VII,
avec qui ils n'avaient pas hésité à négocier la nomination d'un évêque à
Bône où subsistait une importante communauté de Berbères chrétiens,
leur envoya d'habiles maçons italiens chargés d'établir le tracé des
remparts de Bougie.
- La ville s'enrichit de mosquées, de vastes jardins et des dépouilles
de Qal'â qui vinrent orner de somptueux palais, telle le Palais de la Perle.
- Ses commerçants trafiquaient avec les ports de la Méditerranée; ses
savants et ses artistes rivalisaient avec ceux de Bagdad.
- A l'apogée de sa gloire, elle comptait vraisemblablement plus de cent mille habitants.
- En 1152, elle tombe aux mains des Almohades,
- Elle est saccagée.
- Des somptueuses constructions hammadites, il ne reste que l'emplacement de trois palais, des fragments de remparts et la porte sarrasine, encore imposante avec sa grande arcade brisée.
- Mais de Bougie, l'art qalaen, passant en Sicile, devait se survivre dans les palais siculo-arabes.
Bougie Porte Sarrasine
Devenue nid de pirates,
- la ville fut prise au début du XVIe siècle par
les Espagnols.
En 1501, Pedro Navaro s'empare de la ville.
- Il y installe une garnison,
- il s'occupa de la fortifier,
- il construisit sur l'esplanade du Palais de l'Etoile,
- le fort Barral,
- puis celui de la Kasbah et
- restaura le fort Abdelkader.
- Mais bientôt, elle devait tomber au pouvoir du pacha turc Salah-Rais.
- Le général Trézel s'empara de la place le 29 Septembre 1833, à la suite de durs combats.
Ville religieuse surnommée la Petite Mecque,
- Bougie et ses environs comptent, dit-on, quatre-vingt-dix-neuf tombeaux de marabouts.
- Chaque année, le vingt-septième jour du ramadan,
des milliers de fidèles s'y donnent rendez-vous pour la grande prière.
Mosquée de style mauresque
De la Place Martel,
- la rue Fatima, très pentue,
conduit vers les hauts quartiers de la ville,
en passant devant
- l'école des filles indigènes,
- la mosquée,
joli
monument d'architecture mauresque orné
de céramique du plus bel effet,
- l' école indigène des garçons,
- le fort Barral
ou Moussa,
massive construction hammadite,
restaurée par les
Espagnols,
- l'hôpital civil,
pourvu de tous les équipements
nécessaires.
Après avoir dépassé les citernes, continuant notre montée,
- Nous croisons le tombeau de Sidi Mohand Amokrane
Le plus réputé des marabouts dont le tombeau s'élève à la sortie de la porte Clauzel.
- En franchissant la porte du Gouraya, nous passons près du
mausolée de Sidi el Touati.
- Le chemin escalade en lacets
des pentes tapissées de lentisques et de bruyères
jusqu'au sommet du massif consacré à
la vénérée
- De ce point culminant, la vue s'étend, au nord,
sur de vertigineux escarpements.
Voici d'abord
la coupole du pic des Singes
au milieu des bois de pins,
puis
l'anse des Aiguades
où mouilla la flotte espagnole venue
châtier les corsaires bougiotes.
Droit devant nous,
- dans la mer, des îlots dont l'un, celui des Pisans,
servit de refuge, selon la tradition,
à En Nacîr, chassé du trône, qui y menait une existence d'ermite.
Enfin, la proue dirigée au nord,
- le cap Carbon qu'un isthme étroit rattache
au continent.
La route qui y mène traverse en tunnels les chaos de rochers,
s'incruste en corniche dans les calcaires dénudés, surplombe de trente
mètres la mer qui s'engouffre en tonnant dans les cavernes.
Le Cap Carbon Vu du Pic des Singes.
La visite de la Ville de Bougie se poursuit sur la page suivante.
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