La conquête de l'Algérie en 1830








La conquête 1841 - 1850 (suite).




La Reddition de l'émir Abd el-Kader le 23 décembre 1847



Dans les premiers mois de l'année 1847,   le maréchal Bugeaud jugeant qu'il n'avait pas les moyen de poursuivre sa politique en Algérie donna sa démission.

Le 5 juin 1847, le maréchal Bugeaud s'embarqua pour ne plus revenir.

Le prince de Joinville écrivit :
Nommé gouverneur général par ordonnance du 11 septembre 1847,   le duc d'Aumale vint prendre possession de son poste le 5 octobre.   il avait été désigné par le maréchal lui-même comme le plus capable de lui succéder.


      Le   Duc  d' Aumale.

Alger, Le Duc d'Aumale

Sans vouloir bouleverser de fond en comble le système suivi jusqu'alors, le Prince ;

Par une suprême faveur de la fortune,   coïncidant presque avec cette nomination,
l'Emir Abd-el-Kader,  l'insaisissable Émir,   tombait dans nos mains.

Chassé de la Kabylie d'abord, puis du Sahara algérien, rejeté enfin dans le Maroc,
il termina sa carrière de combattant par un rêve grandiose :

Un des chefs de l'émir Abd-el-Kader            


Alger, Un des chefs de l'émir Abd-el-Kader

Mais bientôt,  inquiet de ses intrigues,   au milieu des populations montagnardes du Riff,   presque toujours en révolte contre le pouvoir central,   le sultan du Maroc Moulay-Abd-er-Rahman  envoya contre lui une mehalla commandait par son fils Sidi-Mohammed, le vaincu d'Isly.


Pour soutenir la lutte,   Abd-el-Kader n'avait plus que six cents cavaliers,   très aguerris, très intrépides et d'un dévouement absolu;   à peu près autant de fantassins, mais moins bons.


Dans la deïra, qui comptait à peu près six cents tentes, soit trois mille personnes environ, tous les hommes étaient armés, même les noirs, et prêts à défendre leurs familles, au milieu desquelles se trouvaient la femme et les enfants d'Abd-el-Kader.


Abd-el-Kader attaqua la mehalla de nuit près de Selouen et lui fit éprouver de grosses pertes, mais il fut néanmoins obligé de reculer.



C'est à cette époque qu'Abd-el-Kader,   embarrassé des prisonniers qu'il avait faits à Sidi-Brahim et
à Aïn-Temouchen,   ternit sa gloire en faisant décapiter les soldats,   pendant qu'il vendait la vie des officiers.

Abd-el-Kader se trouvait, acculé sur la rive gauche de la Malouïa, non loin de la mer, entre vingt mille cavaliers marocains, munis d'artillerie, et toutes les troupes disponibles de la province d'Oran, que le général de Lamoricière, abandonnant pour quelques jours son nouveau poste de député, avait massées sur la frontière, afin de la garantir contre les coups de tête des Marocains.

            Paysages du Riff.

Alger, paysage du Riff

Il se jeta, de nuit, sur l'un des camps marocains et l'enleva.
Mais, au matin, accablé par les masses de ses adversaires, il dut céder le terrain et sacrifier la moitié de ses réguliers, pour faire franchir la Malouïa à sa deïra et la mettre en sûreté sur notre territoire.

Il sortit du Maroc le dernier :



A la nuit,   ses éclaireurs se heurtèrent aux spahis.       C'était la fin.

Au matin, une convention était signée, d'après laquelle l'Émir, sa famille et ses serviteurs principaux devaient être transférés à la Mecque, ou à Saint-Jean d'Acre.

Le général de Lamoricière                    


Alger, général de Lamoricière
Le général de Lamoricière, qui voulait présider l'internement de la deïra, s'était porté, avec son infanterie, vers le Kis, où se trouvait cette deïra, et avait laissé sa cavalerie sur le plateau de Sidi-Brahim.

Abd-el-Kader, cherchant le général de Lamoricière,

«    le seul,   disait-il,   à qui il voulût faire son sacrifice   »,

arriva sur ce lieu,   théâtre d'un drame tragique,    qui lui rappelait tant de souvenirs.

En l'absence du général,   le colonel de Montauban  reçut l'Emir, qui passa sur le front des escadrons.
Escorté de quelques chasseurs d'Afrique, il arriva le soir à Nemours, où sa famille l'attendait.
Le général de Lamoricière arrivait en même temps que lui.

Dans cette même matinée, l'artillerie de Nemours saluait le gouverneur général, le duc d'Aumale, qui débarquait, appelé par les dépêches répétées du général de Lamoricière.

            le yatagan de l'Émir Abd-el-Kader.

Alger, le yatagan de l'Émir Abd-el-Kader.
A peine rentré,   le général de Lamoricière alla rendre visite à l'Émir,  qui lui fit présent de son yatagan.

Alors,   enfin,   une détente se produisit dans cette âme de fer,   et pendant toute la nuit on entendit l'Émir Abd-el-Kader sangloter.

Au matin,   les yeux secs,  il monta sa dernière jument, blessée comme lui,  et s'avanca,   suivi de quelques serviteurs,   vers le logis du duc d'Aumale.

Avant d'y arriver,   il mit pied à terre et marcha,   conduisant sa monture par la bride,   comme faisaient les Arabes qui venaient se sournettre.

Dans l'après-midi,   le même navire emmena à Oran :


Ils arrivèrent, pendant la nuit, à Mers-el-Kébir, où le colonel de Martimprey, fut mis à la disposition de l'Emir, qui retrouva en lui un des assistants de sa fameuse entrevue avec Bugeaud, à Fid-el-Atach, lors de la paix de la Tafna, qui avait marqué le point culminant de sa carrière.

La réeddition d'Abd-el-Kader, le 24 décembre 1847, par Augustin Regis (1813-1880)

Alger, la réeddition d'Abd-el-Kader


A dix heures,   enfin,   une frégate emportait en France l'Émir Abd-el-Kader,
sa mère,   sa femme,   son fils et   ses principaux officiers.

Pendant ce temps,   on chantait un Te Deum à l' église de Saint-Louis d'Oran.


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