Mers-El-Kébir, Les rescapés nagent dans le mazout, le 3 juillet 1940,Peu après avoir donné l'ordre de cesser le feu, Somerville apprenait par les avions de l'Ark Royal qu'un cuirassé « type Dunkerque » avait réussi à sortir de la souricière, mais il n’était pas le seul.Les six contre-torpilleurs mouillés à Saint-André avaient depuis longtemps traversé la rade à toute vitesse. Un seul d'entre eux, le Mogador, avait encaissé sur l'arrière un coup de 380 destiné au Strasbourg. Les douze mines de ses grenadeurs avaient explosé toutes ensemble, déchiquetant le bâtiment sur le tiers de sa longueur. Il était demeuré là, perdu au milieu des gerbes, rivé sur le fond par l'enchevêtrement de ferrailles tordues qui pendaient derrière lui. Mais les cinq autres bâtiments de la flottille avaient pris le large et tiraient maintenant contre les destroyers anglais qui s'éloignaient. Les douze torpilleurs d'Oran étaient, eux aussi, sortis indemnes de l'aventure, ce qui portait à dix-sept le nombre de bâtiments légers qui barraient maintenant la route à la Force H. Ils avaient bravement ouvert le feu contre les Britanniques et l'un d'entre eux, ayant aperçu une forme suspecte dans la brume, avait dirigé son tir contre elle. C'était la vedette du malheureux Holland que tout le monde avait oublié... Le croiseur de bataille Le Strasbourg, parvint à rejoindre les dix-sept unités qui avaient aussi réussie s’extirper de la rade. Décuplant d’efforts dans les soutes et machines pour augmenter la vitesses du navire et s’éloigné du carnage, l’équipage du Strasbourg aux ordres du Commandant Barrois parvint à propulser le croiseur hors du port après que les filets de protection aient été défoncés. La passe a peine franchie, le Strasbourg délivre un feu nourri en direction des navires anglais, imité par plusieurs des navires sortis de la rade avant lui. Seule une change inouïe et la vitesse avaient empêché le directeur de tir d’ajuster ses coups en direction du navire Amiral le Hood. Le premier mouvement de Somerville fut de prendre en chasse le Strasbourg avec le Hood, et il fonça à 30 nœuds, abandonnant derrière lui les cuirassés Resolution et Valiant trop lents pour le suivre. Mais ne voulant pas risquer une rencontre de nuit avec les croiseurs venant d'Alger, il fit demi-tour pour rallier Gibraltar.

Le drame de Mers-El-Kébir
le 3 Juillet 1940.

Les rescapés nagent dans le mazout.

Peu après avoir donné l'ordre de cesser le feu,
Somerville apprenait par les avions de l'Ark Royal qu'un cuirassé « type Dunkerque »
avait réussi à sortir de la souricière, mais il n’était pas le seul.

Les six contre-torpilleurs
mouillés à Saint-André avaient depuis longtemps traversé la rade à toute vitesse.

Un seul d'entre eux, le Mogador, avait encaissé sur l'arrière un coup de 380 destiné au Strasbourg.
Les douze mines de ses grenadeurs avaient explosé toutes ensemble, déchiquetant le bâtiment sur
le tiers de sa longueur. Il était demeuré là, perdu au milieu des gerbes, rivé sur le fond par
l'enchevêtrement de ferrailles tordues qui pendaient derrière lui.

Mais les cinq autres bâtiments de la flottille avaient pris le large et tiraient maintenant contre
les destroyers anglais qui s'éloignaient.

Le Mogador en flamme.

Les douze torpilleurs d'Oran étaient, eux aussi, sortis indemnes de l'aventure,
ce qui portait à dix-sept le nombre de bâtiments légers qui barraient maintenant la route à la Force H.

Ils avaient bravement ouvert le feu contre les Britanniques
et l'un d'entre eux, ayant aperçu une forme suspecte dans la brume, avait dirigé son tir contre elle.
C'était la vedette du malheureux Holland que tout le monde avait oublié...

Le croiseur de bataille, Le Strasbourg, parvint à rejoindre les dix-sept unités.

Décuplant d’efforts dans les soutes et machines pour augmenter la vitesses du navire et s’éloigné
du carnage, l’équipage du Strasbourg aux ordres du Commandant Barrois parvint à propulser
le croiseur hors du port après que les filets de protection aient été défoncés.

La passe a peine franchie, le Strasbourg délivre un feu nourri en direction des navires anglais.
Seule une change inouïe et la vitesse avaient empêché le directeur de tir d’ajuster ses coups
en direction du navire Amiral le Hood.

Le Strasbourg tirant sur le Hood.

Le premier mouvement de Somerville fut de prendre en chasse le Strasbourg avec le Hood,
et il fonça à 30 nœuds, abandonnant derrière lui les cuirassés Resolution et Valiant trop lents pour le suivre.

Mais ne voulant pas risquer une rencontre de nuit avec les croiseurs venant d'Alger,
il fit demi-tour pour rallier Gibraltar.

Le Hood sous le feu du Strasbourg.

Somerville ne se faisait pas d'illusions sur la colère
qu'allait soulever à Londres l'impardonnable faute
d'avoir laissé échapper le Strasbourg.

Il s'attendait à être limogé.
il s'en ouvrit dans une lettre écrite
à sa femme pendant la traversée de retour :

Je sais ce qui m'attend. Ça m'est égal...

C'était une trop écœurante besogne que de tirer sur ces Français
qui avaient fait preuve d'un tel courage.

Le cœur n'y était pas !
Mais il est vrai qu'à la guerre, on n'a pas le droit d'avoir un cœur.

A Mers el Kébir
où le calme était revenu, la fumée qui se dissipait avait découvert un affreux spectacle.

L'épaisse couche de mazout qui s'était répandue sur la rade était parsemée d'épaves et de têtes noires :
c'étaient les rescapés de la Bretagne qui luttaient désespérément pour ne pas mourir.

Des vedettes zigzaguaient au milieu pour les recueillir et faisaient jusqu'au port d'incessantes navettes.

Le Commandant Teste et l'épave de la Bretagne.

Des remorqueurs inondaient la mer
de neige carbonique de crainte de voir s'enflammer les tonnes d'essence d'avion que les cuirassés
et le Commandant Teste avaient vidangé à l'ouverture du feu.

Les embarcations du transport d'hydravions avaient été les premières à s'occuper des naufragés,
car la Bretagne avait explosé à quelques centaines de mètres sur son avant.

Il avait été miraculeusement épargné, bien que, n'étant pas encore en mesure d'appareiller,
il fût demeuré pendant tout le combat rigoureusement immobile.

C'était la Bretagne qui avait payé de beaucoup le plus lourd tribut :

trente-six officiers
cent cinquante et un sous-officiers
huit cent vingt-cinq hommes tués ou disparus.

Il n'y avait que cent quarante-cinq rescapés.

Son commandant, le capitaine de vaisseau Le Pivain,
demeuré jusqu'au bout sur sa passerelle, avait été projeté à la mer et, secouru par un marin
qui l'avait reconnu, était revenu à la vie à bord d'une vedette arrivée à temps pour les secourir.

Il ne devait jamais se remettre de l'effroyable épreuve physique et morale qu'il avait subie,
mais il survécut assez longtemps et consacra le reste de sa vie à secourir les rescapés de son navire
et défendre la mémoire des disparus.

La Bretagne chavire !

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