Le drame de Mers-El-Kébir
le 3 Juillet 1940.
Comme Hitler a dû rire !
- A bord du Dunkerque,
qui avait dû lui aussi s'échouer devant Saint-André, les équipages s'affairaient à sortir des fonds
les blessés dont plusieurs gémissaient dans l'enchevêtrement des tôles disloquées.
Puis ce fut le tour des tués d'être remontés, il n'y en avait, par miracle,
qu'une vingtaine,
dont les corps roulés dans des couverture furent alignés sur la plage arrière, pendant
que l'aumônier disait la prière des morts.
- A bord de la Provence, qui avait été moins gravement touchée, et qui n'avait perdu qu'un seul homme,
en plus du directeur de tir, les équipes de sécurité continuèrent jusqu'à la nuit à éteindre les incendies,
tandis que le reste de l'équipage était évacué.
- L'amiral Gensoul, malgré le chagrin qui le déchirait, ne s'était pas un seul instant départi de son calme.
Il quitta le Dunkerque à 21 heures et fut ramené à Oran par l'amiral Jarry venu diriger avec
son chef d'état-major les opérations de sauvetage et d'évacuation.
Pour cet homme qui avait subi la pire épreuve,
qui ait jamais été imposée à un
chef militaire, le jour le plus long était terminé.
Le Dunkerque échoué devant Saint-André.
La Force H de retour à Gibraltar.
- Le 4 juillet, vers 18 heures,
la Force H entra à Gibraltar, à bord du Hood, Somerville avait condamné sa porte.
Il ne l'ouvrit que pour monter chez son ami, l'amiral North.
Celui-ci le reçut dans le fameux bureau d'où la Royal Navy,
surveille depuis deux cent soixante ans les mers rivales du Ponant et du Levant.
North, qui était au courant de toute l'affaire,
s'attendait à trouver Somerville
épuisé, mais lorsqu'il l'aperçut,
il ne put réprimer un sursaut, l'homme qu'il avait quitté l'avant-veille semblait avoir vieilli de dix ans.
Comment cela s'est-il passé, James ?
Oh! très mal... On ne peut plus mal...
Mon pauvre ami !
Lorsque les pourparlers sont devenus inutiles, j'ai du donner l'ordre d'ouvrir le feu.
Priez Dieu, Dudley, pour qu'il vous épargne pareille épreuve.
Ils étaient là, dans le port... alignés comme des canards.. nos anciens alliés... nos frères...
Comme Hitler a du rire !
- Rentré dans son bureau,
North rédigea, séance tenante, un long mémorandum sur l'Opération Catapult,
qui se terminait par ces paroles cinglantes :
Je sais parfaitement que la décision finale sur la nécessité de l'Opération Catapult
appartenait en dernier ressort au Cabinet de Guerre, car elle était dictée par des facteurs
qui pouvaient nous échapper.
Il n'en reste pas moins que tous les officiers
qui se trouvaient sur place avaient unanimement
formulé un avis contraire à cette
décision et que cet avis aurait dû être pris en considération.
Le porte-avions Ark Royal avec ses Swordfish.
- Le lendemain matin 5 juillet,
Somerville recevait un nouveau télégramme de l'Amirauté lui ordonnant de retourner à Oran
pour y détruire le Dunkerque qui, d'après un communiqué français, n'avait que des avaries légères.
- Sa réaction cette fois fut violente.
Non seulement, il savait par les avions d'observation, que le Dunkerque avait subi des dommages extrêmement graves,
mais il en avait tout à fait assez de tuer des Français pour rien.
- Il fut sur le point de demander à être relevé de son commandement.
Puis il y renonça pour ne pas prêter le flanc à la critique de faire du sentiment en pleine guerre
et convoqua l'amiral Wells et le Chef Aviation de l'Ark Royal.
Que penseriez-vous d'aller torpiller le Dunkerque à Mers el Kébir ?
Leurs Seigneuries croient qu'il est intact.
Prenez toutes dispositions pour effectuer l'opération demain à l'aube.
Je vais demander l'accord de l'Amirauté.
Nous allons l'appeler « Opération Level »
- Les deux officiers furent d’accord pour dire que c'était une excellente idée.
- Somerville expédia aussitôt un télégramme à l'Amirauté pour la prévenir,
qu'il appareillerait à 19 heures en exécution de ses ordres,
mais qu'il attirait l'attention de Leurs Seigneuries,
sur le fait qu'un bombardement effectué du large sur le Dunkerque, entraînerait inévitablement,
des pertes en vies humaines dans la population civile très dense du village de Saint-André.
Il suggérait en conséquence que le bombardement naval,
soit remplacé par une attaque à la torpille exécutée à basse altitude par les avions de l'Ark Royal.
- Cette suggestion fut très mal accueillie à Londres, mais l'argument du massacre
de la population civile fit réfléchir le Cabinet de Guerre qui décida de l'accepter.
- La Force H appareilla à l'heure dite et reçut à la mer l'accord de l'Amirauté.
Somerville détacha l'Ark Royal vers Mers el Kébir et prit position dans le nord pour
le protéger.
Le porte-avions Ark Royal.
L'aviation britannique à la rescousse.
- Le 6 juillet 1940 à l'aube, une première vague de six avions Swordfish décolla du pont de l'Ark Royal,
qui se trouvait à 90 milles dans le nord-ouest d'Oran.
Les avions passèrent au large de Mers el Kébir puis virèrent sur leur droite pour se placer dans l'axe du soleil levant.
- Prévenu par les postes de guet, le commandant du Dunkerque décida d'évacuer le personnel demeuré à bord,
par les quatre petits patrouilleurs qui se trouvaient autour de lui.
- Ce mouvement était en cours lorsque, à 5 h 30, les avions britanniques prononcèrent leur attaque.
Rasant la citadelle à basse altitude, le premier Swordfish piqua droit sur le flanc tribord du Dunkerque,
mais sa torpille vint exploser sur les enrochement du prolongement de la jetée de Saint-André.
Il en alla de même de celle du second.
Celle du troisième frappa le patrouilleur Terre-Neuve,
et n'explosa pas, mais lui fit
une voie d'eau telle que le petit bateau commença à couler.
Les trois autres avions lancèrent sans résultat.
Les Swordfish à l'attaque.
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