Le général Weygand .... limogé par le Führer !
Premier ultimatum d' Otto Abetz. .
- Après mon entretien avec l'Amiral Darlan,
le Maréchal me communiqua la lettre d’ Otto Abetz et
m’autorisa à en prendre une copie sur son bureau.
- Objet : Nominations aux postes de chefs militaires dans l'Afrique Française du Nord.
- A l'occasion de mon séjour au G.Q.G. du Führer
dans le courant de la semaine écoulée, j'ai du constater de nouveau au cours des entretiens avec
le Führer et les personnalités dirigeantes du gouvernement allemand et de l'armée allemande que
l’orientation et les
fonctions du général Weygand dans l'Afrique du Nord sont considérées comme
constituant
un obstacle insurmontable au déclenchement d'une politique constructive entre
l'Allemagne et la France.
La manière dont le général Weygand parle de l'Allemagne en présence des ressortissants français
et étrangers montre qu'il rejette loin de lui, même la possibilité de surmonter les préjugés d'inimitié.
- J'ai essayé pendant des mois d'infirmer
la défiance manifestée en Allemagne à l'égard du
général Weygand par l'argument que, du point
de vue militaire, il est un expert excellent et qu'en conséquence il devrait être, pour des considérations de raison pure, un partisan beaucoup plus résolu de la politique de collaboration franco-allemande que bien des
ministres civils, peut-être moins hostiles à l'Allemagne, qui ne sont pas en mesure de
juger comme lui la situation militaire internationale.
- Les opinions que le général Weygand a émises ce mois écoulé au sujet de la
campagne allemande contre le bolchevisme et l'espoir du désastre des armées du Reich
et de ses nations alliées qui en découlerait ne me permettent plus de maintenir cet argument.
... etc.
Paris, le 25 septembre 1941.
Signé : Otto Abetz.
- Ce document était fort intéressant :
- Il constitue pour moi une des plus belles citations.
- Il me révélait que les conversations tenues à Vichy devant certains Français étaient de leur part
l'objet de comptes rendus à leurs maîtres étrangers.
L' Ambasseur Otto Abetz
Notes :
- Otto Abetz,
- Spécialiste de longue date des affaires françaises
dans le Parti nazi, il fut nommé le 3 Aout 1940
ambassadeur d'Allemagne à Paris délégué auprès
des autorités militaires de l’occupation.
- Le 16 décembre 1940,
il se rend à Vichy pour faire libérer Pierre Laval
et le ramène à Paris.
- Le 2 Février 1941,
il finit par convaincre Le Maréchal de collaborer
de plus en plus étroitement avec les Allemands.
- Sa tache essentielle :
Amadouer l’ennemie d’hier et
l’entraîner dans la collaboration.
Le dimanche dans l'après-midi,- le Maréchal me convoqua :
« On pouvait tout arranger » me dit-il,
et il me demanda d’écouter M. Romier , homme de très bon conseil.
Celui-ci me présenta,
avec les meilleurs arguments possibles, la proposition que le Maréchal
m'avait faite l'avant-veille.
Je pus lui répondre,
avec plus de vivacité, qu'un premier passage au gouvernement m'avait guéri à tout jamais d'accepter
une autre expérience et que j'étais décidé à ne pas abandonner volontairement mes fonctions.
- Je quittai le Maréchal
en lui disant qu'il importait qu'une situation aussi équivoque ne se prolongeât pas.
Il fut de cet avis et me dit que l'amiral Darlan porterait sa lettre le lendemain à Hitler.
C'était pour le Maréchal un apaisement.
- Il souhaitait sincèrement mon maintien en Afrique.
- S'il se révélait impossible, c'est qu'Hitler aurait exigé mon départ.
Notes : - Par les procès de Nuremberg,
on a appris que l'amiral Canaris, chef de l'Abwehr
( Service Renseignements Allemand )
fut à cette époque invité, vraisemblablement par l'ordre d'Hitler, à me faire disparaître.
L’Amiral Canaris peu pressé, peut-être indigné, donna l'assurance que l'affaire serait étudiée,
mais ne fit rien.
Et sur ces entrefaites je fus rappelé d'Afrique.
L'Heure de la justice a sonné. Nuremberg le 20 Novembre 1945.
L'un des plus grand procés de l'Histoire.
Les derniers jours à Alger !
- Les dernières semaines
que je passai à Alger furent si remplies par mon
travail, et bien que les bruits les plus contradictoires n'aient cessé de se faire entendre
autour de moi, que je n'eus guère le temps de penser à mon propre sort.
Il était l'objet de toutes les conversations :
- Je devais être limogé, peut-être même mis en prison.
- Tout le haut personnel de l’Afrique du Nord devait valser :
M. Chatel d'Alger à Tunis,
L'amiral Estéva au Maroc.
- Tout sonnait à l'unisson.
Au début de Novembre 1941
Le général de Goislard de Monsabert.
- eurent lieu à Alger,
les fêtes que nous organisâmes pour célébrer
le centenaire de la création des Tirailleurs
et des Spahis algériens.
- Elles furent remarquablement conçues et organisées
par le général de Montsabert.
- Elles se terminèrent sur l'hippodrome des Caroubiers
par la reconstitution de quelques-uns des faits d'armes historiques de ces admirables troupes.
- Le Maréchal Pétain,
à qui j'avais demandé d'honorer ces fêtes de sa présence,
avait envoyé son ministre de la Guerre le général Huntziger.
- Lorsque le général Huntziger quitta l'hippodrome,
une haie de 2.500 vieux soldats :
- indigènes
- légionnaires
- médaillés
acclama la France avec le plus touchant enthousiasme.
- Voila comment battait le cœur de l’armée d'Afrique.
- Le souvenir de ces belles journées
fut assombri par un tragique accident d'avion.
Le ministre de la Guerre, le général Huntziger
et six compagnons, qui l'avaient piloté ou
escorté dans ce dernier voyage, trouvèrent la mort
dans l'accident dont leur avion fut victime en
rentrant en France.
Portrait du clairon du 9e RTA ( Régiment de Tirailleurs algériens )
à l'occasion de la cérémonie du centenaire des Tirailleurs et des Spahis donnée en présence
du général Huntziger et du général Weygand à l'hippodrome du Caroubier à Alger.
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