Le général Weygand .... limogé par le Führer !
La fin de ma mission en Afrique !
Je rentre, le papier à la main,- dans le bureau du Maréchal.
Les quatre hommes me regardent silencieux.
J'ai lu, Il n'y a que deux attitudes possibles :
- prendre ma défense auprès des Allemands et me laisser où je suis,
- ou me révoquer.
- Silence !
Ainsi que je vous l'ai demandé je veux être fixé avant de quitter Vichy.
C'est entendu, répond l'amiral.
- Nouveau silence. Personne n'osant le rompre, je reprends:
Le cas Weygand est réglé. Passons à l'Afrique.
J'expose la nécessité,- pour réduire au moindre effet la mesure décidée,
de maintenir en place tout le personnel des hauts emplois, ainsi que le secrétariat général permanent.
- Je développe toutes les raisons d'intérêt général qui militent en faveur de cette requête.
Le Maréchal me demande d'établir à ce sujet une note et il précise :
Votre testament qui sera exécuté.
Le maréchal Pétain, acclamé par des anciens combattants à Saint-Etiennne en 1941.
Je continue : Le cas Weygand et celui de l'Afrique étant réglés,
qu'il me soit permis de dire que ce n'est pas en cédant toujours que
l'on traite avec les Allemands.
Je les ai vus dans la défaite avant de les voir triompher, toujours les mêmes, criant haut leurs droits,
protestant à la face du ciel contre les « Diktats » et ameutant contre la France le monde anglo-saxon,
qui finalement a frustré notre Patrie de la paix que ses sacrifices lui méritaient.
Nous, nous ne disons rien, ou bien, quand nous protestons, ce n'est guère plus que le cri
d'un malheureux étouffé dans sa prison et dont tous se désintéressent.
Je m'excuse d'avoir abordé une fois encore ce sujet délicat.
Mais je crois que c'était utile.
Revenant au terre à terre de la question,- mes interlocuteurs, ayant retrouvé la parole, discutent devant moi du meilleur moyen de
mettre fin à ma mission.
- On se décide pour la suppression de la Délégation générale, et comme on veut avoir mon avis sur
la sauce à laquelle je dois être mangé, je déclare que c'est le plus simple.
- Je sortis laissant les acteurs et les témoins de cette scène visiblement émus ou
gênés,
après des poignées de main de funérailles.
- Le Maréchal m'accompagna le long du vestibule jusqu'à la porte de son appartement.
Il me dit quelques paroles que je n'entendis pas bien,
dans lesquelles je distinguai seulement le mot « noble ».
Arrivée de l'amiral Darlan à Berchtesgaden le 11 mai 1941.
Un adieu douloureux.
Dans la soirée de ce jour,- le Maréchal
me fit de nouveau demander.
J'aurais désiré passer l'hiver à Biskra et ne pas quitter l’Afrique.
Il m'apprit que le gouvernement avait décidé de m'interdire le séjour de l'Afrique.
On me demandait même de ne pas y retourner afin d'éviter des remous.
- Ainsi je serais privé de la triste satisfaction de revoir les visages amis de tous ceux qui
n'avaient rien
épargné de leur temps et de leurs forces pour m'aider dans l'accomplissement de ma mission, et de
les remercier de leur confiance et de leurs efforts.
- Le Maréchal m'annonça en outre que le séjour de Paris m'étant impossible et ma maison de Bretagne
occupée par l'ennemi, il ferait chercher une installation sur la côte de Provence et que je conserverais
deux officiers et une voiture.
Je sus plus tard que les exigences des Allemands et leur soucis de surveillance avaient porté sur le lieu
de ma résidence et l'installation que j'y trouverais.
- Lorsque j'allai prendre congé de lui, l'amiral Darlan m'annonça que mon fils,
le commandant Jacques Weygand devait également quitter l'Afrique. Ce fut sa première étape dans
la connaissance personnelle qu'il devait faire de l'injustice des hommes, non la dernière.
Le général Weygan passe les troupes en revue à Dakar en décembre 1940.

- Je reçus du gouvernement une fort belle citation à l'ordre de la Nation.
- Je m'arrêtai à Marseille d'où mon officier d'ordonnance Gasser continua sur Alger,
afin de prévenir ma femme qu'elle aurait toute la charge de me remplacer dans les devoirs d'amitié et
de société qui m'étaient interdits, et de procéder à la liquidation de notre maison.
Il emportait des messages et des lettres d'adieu à chacun des chefs civils et militaires de l'Afrique
ainsi que mes ordres du jour aux forces armées et aux populations.
Je quittai l'Afrique avec une profonde tristesse.- J'aimais la tâche à laquelle je m'étais donné. Je m'étais attaché à cette terre que j'avais parcourue
en tous sens pour connaître ses
dirigeants, ses populations, ses ressources, ses intérêts, sur laquelle
j'avais lutté pour barrer la route à l'emprise ennemie.
- Mon amitié était grande pour tous ceux sans le concours desquels je n'aurai rien pu faire et qui,
répondant à mon appel, avaient mis dans leur effort tant de générosité et de foi.
- Je me séparais avec un serrement de cœur de ces troupes qui m'avaient, encore et pour la
dernière fois
j'en avais le pressentiment, donné la fierté et les satisfactions du commandement.
Comment aurais-je pu ne pas être lié de toutes les forces de mon être à cette œuvre réparatrice
Du moins avais-je la conscience en repos.
- L'Afrique qui m'avait été confiée en ordre, loyale, fidèle à l'Unité Française, avait pu garder inviolé
son territoire, quand l'Allemagne, débarrassée de tout ennemi sur le continent, était libre de ses actions.
Le prestige français était intact, on ne connaissait en Afrique française qu'un
Ennemi : l’Allemand.
- L'armée se préparait à ses tâches futures dans la ferveur.
Elle avait déjà à sa tête les chefs :
- Juin, de Lattre de Tassigny, de Montsabert, Béthouart, Dody,
Guillaume, Henri Martin, Welvert, Barré, Carpentier, Koeltz ...
qui auront le bonheur de la conduire, côte à côte avec nos Alliés, à la victoire vengeresse.
Soldats français d'Afrique du Nord attendant l'embarquement pour l'Italie en Novembre 1943.
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