La Bataille de Bab-El-Oued le 23 Mars 1962
Extraits de journaux des 24/25 Mars 1962 (suite)
Bab-el-oued, Vendredi 23 Mars 1962 (suite).
14 heures :
- Premiers contacts de rue.
- Une fusillade nourrie, a éclaté à 14 heures dans le quartier de Frais Vallon, au dessus de Bab-El-Oued.
On aperçoit des gourbis en flammes.
Note :
La fusillade a eu lieu au cimetière d’El-Kettar,
depuis le bâtiment B2, de la cité des eucalyptus, où un commando OAS, a ouvert le feu sur un groupe d’Algériens,
armés de deux fusils-mitrailleurs à trépieds.
Je vous laisse méditer sur les gourbis en flammes
Le Climat de France, ensemble urbain de 5000 logements.
situé sur les hauteurs d'Alger, à Oued Koriche au-dessus de Bab-El-Oued.
- Des combats de rues se déroulent depuis 14h 15 dans le centre de Bab-El-oued.
- Des soldats et des gendarmes qui tentaient de dresser des barbelés aux entrées du quartier ont essuyé des coups de feu.
Ils ont aussitôt riposté.
Note :
Extrait des rapports de la gendarmerie mobile.
Vers 14h 20, les escadrons blindés de la gendarmerie mobile sont engagés pour deux missions.
- La première mission, confiée vers 14 heures 20 à un peloton de l’escadron 11/6 bis et à un autre de l’escadron 3/3,
consiste à neutraliser un commando de l’OAS qui, depuis le cimetière d’El-Kettar, tire au PM sur les habitations
musulmanes proches du quartier de Climat de France.
Après avoir pris position, les automitrailleuses (AM) obligent les insurgés à se replier en perdant trois des leurs.
Cette information est erronée.
- Le commando n’a pas tiré sur les habitations du Climat de France.
- le commando n'a perdu qu'un seul homme.
- Dans la deuxième mission,
trois AM s’engagent ensuite dans l’avenue de la Bouzaréah, axe central de Bab- el-Oued, afin d’améliorer leur capacité de tir.
En voulant porter assistance à des soldats isolés, les gendarmes mobiles sont alors soumis à un « enfer de feu et d’explosion».
Les AM parviennent à revenir à leur base de départ au prix d’un adjudant tué et de deux blessés.
- Dans son rapport, le commandant de peloton note que :
« 72 impacts de balles, 7 traces d’explosion de grenades défensives,
cocktails Molotov, grenades au phosphore ont été relevés sur les trois engins engagés dans cette action. »
15 heures :
- Des civils armés
- de pistolets mitrailleurs,
- de bazookas
- fusils lance-grenades
ont pris position à certains carrefours et tirent sur les militaires.
- Apres quelques instants d’accalmie, la fusillade reprend de plus belle à Bab-El-Oued.
- Des grenades ont été lancée contre une automitrailleuse de la gendarmerie.
- Dans les rues, des groupes de civils armés continuent de circuler.
- Le long des trottoirs, des dizaines de véhicules, pare-brises brisés sont criblés de balles.
15 heures 45 :
- Tirs au canon de 37 m/m sur les balcons.
- La fusillade se poursuit à Bab-El-Oued,
toujours aussi intense, mais semble se déplacer vers le boulevard de Champagne.
- Avenue des Consulats,
deux automitrailleuses de la gendarmerie tirent au canon de 37 sur les balcons.
- Les commandos laissent pleuvoir des grenades sur les militaires.
- Des ambulances relèvent les blessés.
- Rue Durmont d’Urville,
dans le quartier du square Bresson, autour de l’Opéra des coup de feu éclatent.
Bataille de rues
16 heures :
- Une demi-heure d’accalmie !!!!
- La fusillade a repris sporadiquement dans le centre et sur les hauts de Bab-El-Oued à 16h 30,
de brèves rafales d’armes automatiques succèdent, des grenades explosent.
- Une section de l’Infanterie de marine a eu un tué vers 16 heures, annonce l’autorité militaire.
Cette section avait été prise à partie rue Léon Roche par des tirs d’armes automatiques
provenant des balcons des immeubles.
- De source militaire, une quarantaine de militaires ont été depuis ce matin mis hors de combats.
16 heures 45 :
- A l’extrémité de l’avenue de Marne, un escadron d’automitrailleuses de la gendarmerie mobile,
progresse lentement vers le square Guillemin et le centre de Bab-El-Oued.
- Toutes les mitrailleuses lourdes de l’escadron,
tirent sur les volets des façades à raison d’une rafale toutes les cinq secondes.
- Des nuages de fumée et de poussière obscurcissent la rue.
- Cité des Eucalyptus.
- Rafale de mitraillette et d’arme lourde toutes les cinq secondes, tirs au canon de 37 m/m.
- Dans une artère de Bab-El-Oued,
les automitrailleuses tirent à l’arme lourde toutes les cinq secondes sur les volets des façades des immeubles.
17 heures :
- Les tirs se poursuivent sporadiquement.
- Ils sont surtout concentrés du côté de la cité des Eucalyptus.
- Les artères principales du Quartier,
- l’avenue de la Bouzaréah
- l’avenue des Consulats
témoignent de la violence et de la densité des fusillades qui y ont éclaté.
- Les vitrine sont saccagées,
- les façades criblées de balles,
- les voitures trouées.
- Trois avions à réaction survolent le quartier.
Bataille de rues
17 heures 15 :
- Les tirs cessent dans le centre de Bab-El-Oued,
des jeunes gens réapparaissent de nouveau dans les rues.
- Huit avions en missions d’intimidation tournent sans cesse au-dessus du quartier.
17 heures 25 :
- Les avions piquent,
ils ouvrent le feu vissant sans doute des tireurs en position sur les terrasses et les toits.
17 heures 35 :
- Les Half-tracks prennent position, deux half-tracks de la gendarmerie,
après avoir progressé dans l’avenue de la Marne,
en tirant des rafales ont pris position à 17h 35 à l’angle de l’avenue de la Bouzaréah et de la rue Montaigne,
à la hauteur des jardins du boulevard Guillemin.
- Plus bas, à l’entrée de l’avenue Malakoff des chicanes ont été installées.
- Une centaine de soldats bandes de mitrailleuse et de fusil-mitrailleur croisées sur la poitrine,
attendent tout au long de la rue Barely-la-Sapie.
- Avenue Malakoff à chaque angle de rues des groupes de civils stationnent.
Half-track de la gendarmerie au début de l’avenue de la Marne.
Note :
Extrait des rapports de la gendarmerie mobile.
Le commandement territorial,
ordonne de faire traverser Bab-el-Oued, du sud-ouest au nord-est, par trois itinéraires sensiblement parallèles.
À cet effet, trois sous-groupements sont constitués, formés chacun par un escadron de GM (3/6 bis, 5/9 et 8/6 bis) appuyé par
une compagnie du 131e régiment d’infanterie (RI) et un peloton blindé de GM en renfort (escadrons 7/6 bis, 3/3 et 11/6 bis).
Un escadron de chars est placé en réserve sur la base de départ au carrefour du Triolet.
Le colonel Fournier fixe l’objectif de la mission :
« Progresser jusqu’au square Guillemin,
  sur les itinéraires préétablis en réduisant par le feu tous les éléments armés qui tenteraient de s’opposer par la force. »
Dans son rapport, le chef d’escadrons Iehl,
juge utile de préciser qu’il s’agit aussi de « détruire toutes les vitrines situées sur les itinéraires. »
- SHD/GD, 2010 ZM4/14984, rapport no 413/4 du chef d’escadrons Iehl, commandant le 1er groupe d’escadron.
La progression des scout-cars et des half-tracks débute vers 17 heures 30, après un mitraillage opéré par quatre avions.
Les colonnes tombent aussitôt sous le feu des insurgés qui disposent d’armes légères
de toutes natures allant du PA à l’AA 52, et lancent également des grenades ainsi que des cocktails Molotov.
Durant cette marche difficile, les liaisons radio entre le PC et les escadrons sont pratiquement inopérantes, toutefois,
la connaissance de l’objectif par les chefs évite d’ajouter à la confusion.
Par ailleurs, la coopération entre les gendarmes et les fantassins est excellente, chacun soutenant l’action de l’autre.
Les trois colonnes arrivent boulevard Guillemin vers 18 heures 30 et s’y installent en base de feu.
À 21 heures 30, les escadrons reçoivent l’ordre de rentrer au cantonnement. Ils ne subissent aucune attaque au retour.
Auto-mitrailleuse sur les hauteur du square Guillemin.
17 heures 45 :
- La fusillade redouble d’intensité à Bab-El-Oued,
c’est à présent le quartier des trois horloges, au centre de Bab-El-Oued qui retentit des échos des longues rafales
de mitrailleuses, des explosions des grenades, des tirs d’armes lourdes.
- Lentement des ambulances s’engagent dans l’avenue de la Bouzaréah, chargent des blessés et repartent.
17 heures 50 :
- Les avions à réaction interviennent.
- Trois avions à réaction, effectuant un rase motte d’ intimidation au-dessus de Bab-El-Oued,
où la fusillade crépite de toutes parts sont pris à partie par des rafales d’armes automatiques
des commandos O.A.S., embusqués sur les toits des immeubles.
18 heures :
- Les chars sont dans les rues, les combats se poursuivent.
- Des avions T-12 survolent toujours le quartier.
- Des coups de bazookas se font entendre, ainsi que des tirs de mitrailleuses lourdes et de canons de 37
du côté de la place du Tertre et sur les hauteurs du côté de la cité des Eucalyptus.
- A 18h 15 :
- Les tirs s’intensifient encore dans la partie haute de Bab-el-oued et restent violents dans le centre.
- Des blindés de la gendarmerie
progressent dans l’avenue de la Bouzaréah vers la place des trois horloges sous un feu nourri
venant des terrasses et des balcons.
- Au square Guillemin,
les gendarmes mobiles de leurs half-tracks continuent à tirer à la mitrailleuse lourdes sur
les fenêtres des immeubles qui bordent le square.
Les chars au début du square Guillemin.
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