Relations entre la France et la Régence d’Alger
Expédition de Gigeri.
Le 6 Septembre 1664,
- l'arrivée de M. Lessins, dépêché par le roi, porta atteinte au moral des troupes.
- M. Lessins découvrit avec déplaisir,
l'état des fortifications françaises, qui étaient non seulement imparfaites, mais incapable de perfection.
- Il apportait dans ses bagages les ordres du roi :
- Le général Gadagne restait à Gigeri, avec comme Maréchal de camp, M. de La Guillotiére.
- Le Duc de Beaufort et le Comte de Vivonne devaient croiser en mer,
pour empêcher les secours Turcs, aller à Bougie pour sonder le port, puis, mouiller devant Alger.
- Le Marquis de Martel arriverait avec six navires, quelques renforts, des vivres et des munitions.
- Les nouvelles apportées par M. Lessins provoquèrent un désarroi dans l'ensemble des troupes,
qui espérait l'arrivée de troupes fraiches pour les remplacer.
Le moral des hommes n'était pas au beau fixe.
Note :
Les auteurs de ce récit, n'expliquent pas la raison de la désobéissance du Duc de Beaufort,
aux ordres du roi, seul M. Paul Pelisson, nous donne une explication qui semble plausible :
« Après l'arrivée de M. Lessins, le moral des troupes était en baisse,
mais, c'est surtout les ordres du roi, qui provoquaient la panique dans les rangs.
Sans l'appui de la flotte, le maintien à Gigeri était impossible.
Un groupe d'officiers transmis ces doléances au Duc de Beaufort,
qui décida d'attendre l'arrivée du Marquis de Martel, avant de quitter Gigeri.»
Le Duc a eu raison, car le 5 octobre,
une attaque allait se produire, qui sans la présence de la flotte aurait tourné au désastre.
Plan de Gigeri après le débarquement réaliser par le graveur du roi, M. Etienne Vouillemont.

Le 5 Octobre 1664,
- jour de l'attaque des Turcs, soit deux mois après le débarquement,
les fortifications de M. de Clerville s'élevaient à une hauteur de 1 mètre 20.
Les Maures avaient reçu des renforts de Constantine et d'Alger, environ trois mille hommes.
- C'était M. Cadillan, avec 45 hommes qui protégeaient la tour, poste avancé des français.
- Vers trois heure du matin,
les Turcs, les Kabyles et les Maures avancent sans bruit vers la tour, armés d'échelles, ils montent jusqu'aux créneaux,
mais les français, Cadillan en en tête ouvrent le feu.
- Le chef des Turcs tombe le premier, ainsi que tous ceux qui étaient à hauteur de créneaux.
Les français renversent les échelles et ouvrent le feu sur les plus rapprochés.
L'ennemie se replie, mais revient quelques instants plus tard, encore plus nombreux.
- Les français les repoussent encore une fois.
Mais, M. Cadillan voulant s'assurait que le danger était passé, regarda par l'ouverture étroite d'une canonnière,
si le pied du mur était libre de tout ennemie, il reçut un coup de mousquet dans la tête qui lui ôta la vie.
- C'est son Lieutenant qui reprit le commandement, continua à repousser les Turcs,
jusqu'à l'arrivée des secours avec à leur tête le Général de Gadagne et le Duc de Beaufort.
Les forces en présence étaient disproportionnées, six cents hommes face à des milliers de Turcs, Maures ou Kabyles.
- Dans ce combat inégal,
les Officiers du Régiment des Gardes, Messieurs Hautefeuille, Brandon, Caluisson, la Ville-Dieu,
se signalèrent par leur bravoure, d'autres sans grade et sans nom ne ménagèrent pas leur courage.
- Heureusement,
que la flotte était encore là, les canons des vaisseaux et le renfort des marins retournèrent la situation.
- Les Turcs, les Maures et les Kabyles sont repoussés, malgré leur nombre, ils laissèrent 700 hommes hors de combat,
Note :
M. Paul Pelisson nous précise :
Le Duc de Beaufort émit le souhait de profiter de cet avantage pour détruire totalement le camp des Turcs,
mais il dut se résigner, car l'état des troupes françaises rendait cette opération impossible,
elle manquait
de vivres, de munitions, la fièvre et la dysenterie exerçaient leurs ravages, il y avait plus de 1.200 malades.
Ce souhait du Duc sera émis en conseil de guerre, le 26 octobre, bien après la bataille du 5 octobre.
Plan de Gigeri du livre de M. Charles Féraud.

Le 18 Octobre 1664,
- Le Vaisseau, Le Dauphin,
commandé par le Marquis de Martel, quittait Toulon pour Gigeri, avec à son bord, M. Castellan envoyé du Roi.
- Le convoi se compose de quatre navires, Le Dauphin, Le Soleil, La Notre-Dame, et La Lune, une flute et un brûlot,
il sera à Gigeri, le 22 Octobre 1664, Il apportait des vivres, des munitions, deux compagnies de cavalerie,
et, deux cents volontaires, le comte de Marsan, de la maison de Lorraine était parmi eux.
- A son arrivée, M. Castellan constate que le duc de Beaufort est encore là.
Il est malade d'une contusion, qu'il avait reçu, lors de l'attaque des Turcs du 5 Octobre, avec l'accord
du Duc de Beaufort, il transmet au Général de Gadagne, la lettre du Roi, puis oralement, il indique
quelles sont les directives du Roi.
- Dans sa missive adressée au Roi Louis XIV,
sur ces journées du 22 au 26 Octobre 1664,
M. Castellan fait le tour de la situation de l'expédition de Gigeri.
- M. Castellan donne très peu de détail sur cette attaque du 5 Octobre.
Il précise simplement que les Turcs et les Maures étaient environ douze milles lors de l'attaque de la redoute,
qu'après avoir étaient repoussés, les Maures se sont retirer dans la montagne, laissant les Turcs venus d'Alger
et de Constantine, seuls face aux Français, à une portée de canon de la première ligne française.
- M. Castellan constate la mauvaise fortification des positions françaises.
Il indique que les Kabyles se sont retirés dans leurs montagnes, et il confirme les propos du Duc de Beaufort,
sur l'arrivée prochaine de nouveaux renforts Turcs et surtout la venue de gros canons, plus puissants pour
détruire les lignes françaises.
Ces informations lui ont été transmises par un marchand,
car malgré les attaques des Turcs, des Kabyles viennent vendre leurs chevaux aux troupes françaises.
« Depuis deux jours, nous voyons les Turcs remuer la terre et porter de gros arbres,
ils creusent des fortifications et les renforcent avec des troncs d'arbre, ce qui nous laissent croire
qu'ils préparent une batterie pour leurs canons. »
Note :
M. de Gadagne précise,
que le Duc de Beaufort, avait un interprète nommée Durand, cette homme avait quelques intelligences,
parmi les Maures, c’est lui qui renseigna le Duc sur l’arrivée prochaine de gros canons.
Statue équestre de Louis XIV au Musée du Louvres.

- M. de Castellan confirme les reproches émissent envers M. de Clerville concernant les fortifications,
ayant interrogé l'ensemble des troupes, il ressort que M. de Clerville ou ses accesseurs, ont reproché
aux troupes leur manque de courage, quand ils demandaient des fortifications plus hautes et solides.
« Nous réparerons tous ces défaut en faisant une muraille de quatre à cinq pieds d'épaisseur et,
de huit de hauteur, avec de la terre grasse, après quoi, elle sera surélevée. »
- Il donne un état alarmant des troupes, car il évalue à 2.000 le nombre de combattants valides.
« Les troupes sont fortement diminuées par la maladie et les blessures,
si on retire les deux cents hommes affectés à la garde du Marabout, il restera moins de 2.000 hommes valides,
je crois tout à fait nécessaire, que les ordres que votre Majesté à donner pour faire venir des troupes,
soit promptement exécutés. »
- Il décrit l'état lamentable des conditions de vie des troupes, qui dorment sur la paille, sans toit.
Il réclame des planches de bois.
« Le duc de Beaufort à envoyer le marquis de Martel avec deux vaisseaux,
pour aller chercher des planches en Sardaigne, mais nous sommes dans l'inquiétude qu'il ne nous rapporte rien,
parce que la peste qui sévit en Provence, à ruiner le commerce avec la Sardaigne. »
Francois de Vendome Duc de Beaufort.

- Il termine cette première relation (lettre) par :
« Monsieur de Beaufort part dans deux jours, il nous laisse deux cent huit marins pour la garde du marabout,
et trente canonniers pour servir les pièces de canons.»
- Il confirme l'intention du Duc de Beaufort d'attaquait les turcs sur leurs positions, et le refus du conseil de guerre.
Note :
L'ensemble des auteurs de ce récit,
ne précisent pas la date de cette intention, ils la situent juste après l’attaque du 5 octobre.
Dans sa première relation,
datée du 25 Octobre 1664, au Roi Louis XIV, M. de Castellan donne la date du 26 Octobre,
il nous narre l'entrevue qui a eu avec le duc de Beaufort, au sujet de ce conseil de guerre,
il donne les détails des raisons qu'il l'on poussait à refuser cette attaque.
M. de Castellan ne nous parle pas des renforts Tucs arrivaient le 24 Octobre, je cite le comte de Gadagne :
« Trois jours avant le départ du Duc, on vit passer des troupes qui marchèrent drapeau déployé,
au camp des ennemis et qui furent reçues avec trois salves de mousqueteries.»
Le 27 Octobre 1664,
- Comme prévu, le Duc de Beaufort et le Comte de Vivonne quittèrent Gigeri, avec toute la flotte,
en laissant dans la rade le convoi arrivé avec le Marquis de Martel.
Le 28 Octobre 1664,
-
Les vaisseaux du Duc de Beaufort,
canonnèrent, le Port de Bougie, coulant un navire barbaresque, et en capturant un autre.
Combat contre les Barbaresques.

Dans sa seconde relation envoyée au roi Louis XIV,
- convenant de ce qui s'est passé à la retraite des troupes de sa Majesté à Gigeri, M. de Castelan écrit :
« Après le départ du Duc,
je demandais à M. le chevalier de Clerville de bien vouloir travailler aux lignes de fortification
qui protégaient le régiment de Picardie, comme je l'avais signalé à votre Majesté.
Il me répondit que les lignes étaient en bon état,
que la peur des principaux officiers gâtait tout, et qu'il était caution auprès de Votre Majesté !
Je lui répliquais, que je ne voyais pas comme,
il serait possible de maintenir notre première ligne, Si, les Turcs avaient du Canon, ainsi que je n'en doutais plus.
Il me répondit, quant au Canon, ils en avaient que de méchantes pierres à nous lancer ! »
- Devant l'intransigeance de M. de Clerville,
M. Castellan demande au général de Gadagne de réunir un conseil de guerre particulier, afin de résoudre ce problème.
Ce conseil de guerre était composé de messieurs de Gadagne, de Clerville, de la Guillotiére, de Meilly, de Castellan.
M. de Castellan réitéra sa demande, et M. de Claireville attribua à la faiblesse l'empressement que l'on avait à vouloir améliorer les fortifications, qu'il n'y avait rien à faire, et que c'était son affaire.
- Cependant, l'ennemi travaillait à leur fortification,
et, il fut aisé de juger par l'épaisseur de leur parapet, qu'il préparer un emplacement pour une batterie.
- Le Général de Gadagne voulut absolument, qu’en face de cette batterie turque, on leur opposa une batterie
de quatre canons, M. de le Guillotiére s'employa toute la nuit du 28 au 29 Octobre, mais le travail ne fut pas terminé,
car, on manquait d'hommes en état de creuser et de fortifier.
Plan de Gigeri.
- Le 29 Octobre 1664, à la pointe du jour, les Turcs ouvrent le feu, par trois coups de canon, sur la redoute avancée.
Le second boulet tua trois soldats et abattit la moitié du parapet.
Pendant trois heures, les Turcs bombardèrent la redoute,
causant la morts de huit soldats, et réduisant presque à néant le poste français.
Les français découvrent par le poids des boulets,
que la batterie turque était composée de deux canons de quarante-huit et un canon de trente-huit.
Ce fut alors que M. de Clerville, qui ne s'y attendait pas, manqua d'expérience.
- Le général de Gadagne résolut de reprendre ce poste avancé et de le fortifier,
il fit marcher trois bataillons, qui y passèrent la nuit du 29 au 30 octobre 1664, Le général ordonna de terminer,
et de mettre en batterie nos quatre canons.
- Le 30 Octobre 1664, la batterie française ouvre le feu.
Malheureusement, elle eut le temps de tirer que six coups, avant d'être réduit au silence par la batterie turcs,
qui, dans la nuit, avait augmentait sa puissance de deux nouveaux canons de quatre-huit, tous les servants de
la batterie française furent tuées.
- Après la destruction de la batterie française,
les Turcs s'attachèrent à détruire la seconde redoute, qui était contre les lignes du régiment de Normandie,
il la réduire à néant en moins de trois heures, tuant ou blessant dix soldats.
- Forts de leur puissance de feu,
les Turcs tournèrent leurs canons vers le camp et sur la muraille du régiment de Normandie, en attendant
de lancer leur quatre milles hommes de troupe, qui allait être renforcé par les milliers de Maures ou de Kabyles,
qui se rassemblaient sur les hauteurs, autour de leurs feux de camp.
Les Barbaresques.

Retour sommaire les relations entre la France et la Régence d’Alger