Relations entre la France et la Régence d’Alger
1680 - 1690 (suite).
Coup d'état à Alger et prise de pouvoir de Mezo-Morto.
Dans le livre, La vie du Marquis du Quesne,
écrit par M. Richer en 1783, à partir de Mémoires non publiés, on découvre ces pages sur la prise de pouvoir de Mezo-Morto.
« Le 14 Juillet 1683, les galères Françaises rejoignirent l'escadre.
Ce même jour, le Dey Baba-Hassen, envoya les otages spéciaux,
demandés par l'Amiral, parmi eux figuraient Mezo-Morto, leur Amiral, et Aly Rays, Capitaine de vaisseau.
L'Amiral envoya, M. de Layette, commissaire général de la Marine et M. de Combes pour traiter avec Baba-Hassan,
les ordres des deux négociateurs étaient très clairs, ils ne devaient parler qu'en présence de tous les membres du Divan !!!
Le 15 Juillet, le divan est réuni pour écouter les Français, malgré ses craintes, Baba-Hassen est présent,
on mit entre les mains de l'interprète, le traité écrit de la main de Duquesne, il le lut à haute voix.
Tous ceux qui composaient le Divan furent frappés d'étonnement, C'était la consternation.
Duquesne exigeait,
la libération de tous les esclaves chrétiens, sans rançon, le remboursement de toutes les prises barbaresques,
depuis la déclaration de guerre d'Alger et la punition de certains Reïs coupables d'atrocités.
Le 16 juillet, nouvelle réunion du Divan, le Dey informa les deux émissaires français,
qu'il était impossible de rembourser les prises des Barbaresques, et il demanda que Mezo-Morto reviennent à Alger,
car il avait une très grande influence sur les Rëis, et sur la Taïffe.
L'Amiral accorda cette faveur,
Mezo-Morto assura avant de partir, qu'il mettrait tout son crédit pour faire rembourser les Reis et la Taffe.
Sitôt dans la cité, il se rendit dans les casernes et sur le port,
pour prêcher la révolte contre les Français, et demander, la destitution de Baba-Hassan, c'est à dire, sa mort.
Le soir même, le Dey Baba-Hassan fut abattu de quatre coups de feu,
et Mezo-Morto proclamait roi d'Alger, il régnera sous le nom de El Hadj Hussein Pacha.
Devant ces évènements, Duquesne resta de marbre,
il félicita le nouveau Dey, et l'informa que ses exigences n’avaient pas changées.
Le nouveau Dey refusa les conditions de l'Amiral. »
Bombardement d'Alger Juillet 1683 par Abraham Duquesne.

- Plusieurs jours s'étant passés, sans réaction d'Alger, Duquesne demanda de hisser le pavillon rouge sur tous les vaisseaux,
et tira deux coups de canon pour annoncer que le siège allait se poursuivre.
- Dans la Nuit du 21 Juillet, on lança deux cents quarante bombes et les canons d'Alger tirèrent environ mille coups.
Une galéré et une galiote furent touchées, provoquant la mort de dix hommes.
- Le 22 Juillet, trois cent trente bombes tombèrent sur la ville et, les canons d'Alger tirèrent 1200 coups de canons.
M. de Chevilly qui commandait la galiote, La Fulminante, eut un bras emporté par un boulet, qui tua quatre marins.
- Le 23 Juillet, les Galiotes lancèrent trois cent deux bombes, qui coulèrent deux navires dans la Darse d’ Alger.
Les bombardements se poursuivirent en fonction du bon vouloir du temps.
- Le 3 Août 1683.
- Un esclave chrétien échappé d'Alger, put donner des nouvelles de la situation dans la ville,
il informa M. Duquesne de la mort atroce du Consul de France et de vingt résidents français d'Alger.
« Le 29 Juillet 1683,
Le nouveau Roi d'Alger Mezo-Morto, fit venir le Père Le Vacher, pour lui proposer de se convertir à l'Islam,
devant son refus, on l'attache devant le plus gros canon, puis on tira, Vingt résidents Français subirent le même sort. »
- La milice d'Alger venait d’innover dans la barbarie,
en utilisant, le canon, pour
mettre à mort, le Consul de France, ainsi que les vingt résidents Français.
- L'esclave évadé précisa, que plusieurs quartiers de la ville étaient en ruine, que les bombes avaient coulé deux galères,
un navire marchand, deux navires de guerre, six barques et plus de
quatre cents personnes avaient trouvés la mort.
- Le 7 Août 1683, le bombardement reprend.
- Le 11 Août 1683,
une galère sort du port pour attaquer La Fulminante, le combat fut rude, les Barbaresques furent obligés de se retirer.
- Les bombardements dureront jusqu'au 18 Août, mais, les stocks de bombes n'étant pas inépuisable, il fallut regagner Toulon.
Traité de commerce, établit par le chevalier Jean de La Forêt, en 1518.

- Le 19 Août 1683, L'Amiral Duquesne quitta la rade d'Alger.
- Alger était en ruine, presque tous les navires Barbaresques étaient coulés, une grande partie des défenses
étaient à terre.
- L'Amiral laissait en face d'Alger, l'escadrille de Tourvilles, interdisant ainsi, tout ravitaillement en armes des Turcs.
- Finalement, El Hadj Hussein Pacha demanda la paix au Roi Louis XIV, mais sa Majesté,
ne l'accorda qu'aux conditions imposées par l'Amiral Duquesne, le traité fut signé le 16 Avril 1684.
- L'Ambassadeur du Divan, Hadj-Djafer-Agha, arriva à Paris, en Juillet 1684, pour le remettre au roi Louis XIV.
- Mais, le traité dura peu.
- En Mai 1685,
- Louis XIV demande au Chevalier de Trouville, de se présenter devant Alger, avec les vaisseaux de Guerre,
L'Agréable, et Le Bizarre, pour ramener des esclaves Turcs libérés par ordres du Roi.
La petite escadre quittera Toulon le Lundi 14 Mai 1685,
après son détour par Alger, elle a ordre de rejoindre le Maréchal d'Estrées devant Tripoli.
- Le 21 Juin 1685,
- L'escadre du Maréchal d'Estrées est à la rade de Tripoli, où, elle a retrouvé le chevalier de Trouville.
- Aussitôt après avoir mouillé, le Maréchal envoya selon ses instructions,
un parlementaire à Tripoli, chargé d'exposé au Dey, Adgi Abdalla, les réclamations et les griefs de Louis XIV.
- Le Dey répondit vaguement,
que ceux qui avaient rompu le traité, n'étaient plus là, et qu'il était en quelque sorte responsable de rien.
- Le 22 Juin 1685, Tripoli était bombardé.
- Le Bombardement durera trois jours.
- Le 25 Juin, en plus des galiotes à bombes, les navires de guerre se rapprochent et canonnent le port.
Escadre Française devant Tripoli, le 22 Juin 1685.

- Vers midi, une chaloupe portant pavillon blanc,
s’avança, à son bord, se trouver un ancien Pacha d'Alger, un membre du Divan et un interprète.
Le Pacha demanda une trêve, et l'envoi d'un émissaire du Maréchal pour parlait de paix.
- Comme Duquesne, le Maréchal, précisa les conditions préalables :
- Restitution de tous les esclaves Chrétiens.
- Restitution de tous les effets et marchandises pris sur les sujets du Roi de France.
- Dix otages, choisis parmi les membres du Divan,
pour demeurer à Toulon, jusqu'à l'entière restitution de tous les esclaves chrétiens, même ceux embarqués sur
les vaisseaux barbaresques qui avaient rejoint le grand seigneur ottoman.
- Plus tard, l'émissaire du maréchal revient avec le Pacha, pour demander quel était le montant estimé du remboursement
des prises, un montant de 125.000 écus fut décidé, avec la moitié payable, le lendemain.
- Le lendemain, la somme était versée, et 180 esclaves français étaient ramenés à bord.
Un traité fut signé, et l'on établit pour Consul provisoire, le nommé Martinet, qui était écrivain sur une galiote.
La ville de Tripoli, avait perdu plus de deux cents maisons, et 150 étaient très ébranlées, il y eu 130 morts écrasés sous les décombres.
- Le 10 Juillet 1685, Les Vaisseaux Le Cheval-Marin et Le Fidèle, quittèrent la rade de Tripoli,
avec à leurs bords, les otages du Divan, les esclaves libérés, et la moitié de l'argent.
Les galères françaises prirent le chemin de Toulon.
La petite histoire raconte :
Que le consul provisoire, M. Martinet, écrivain sur les galiotes à rames, reçut des mains du Maréchal, une somme
de 1.000 livres, pour pouvoir s'acheter des habits dignes de sa nouvelle fonction :
Consul de France.
Que le Maréchal d'Estrées, remis trois cents livres aux missionnaires pour réparer la chapelle endommagée par les bombes.
Enfin que le dernier versement eu lieu le 19 Juillet 1685,
sous forme de Sequins de Tripoli, de poudre d'or, de Louis de 5 sols et de 1.000 cafis de blé à 7 piastres le cafis.
Bataille dans le Détroit de Gibraltar.

Le tour de Tunis était venu.
- Le Roi adresse au Marechal d'Estrées une lettre, en ses termes :
« Je ne doute pas que vous n'exécutiez avec la même exactitude et le même avantage, ceux que vous avez reçus,
sur ce qui regarde votre voyage à Tunis et que vous trouviez moyen de faire restituer à ceux de cette ville,
ce qu'ils ont pris sur mes sujets et de les obliger à rendre ce qui y sera resté d'esclaves français.......
Il est bon que vous ayez gardé les galiotes à bombes pour les faire voir à ceux de Tunis....
Aussitôt, que vous auriez conclu avec ceux de Tunis,
je vous demande d'aller faire un tour à Alger, pour faire voir à ces corsaires les vaisseaux qui viennent
de soumettre Tripoli et Tunis, et de leur faire connaitre, qu'on est toujours en état de les forcer de maintenir
la paix, s'ils étaient jamais assez mal conseillés pour l'enfreindre... »
Versailles, le 30 juillet 1685. Signé : Louis
- L'escadre du Maréchal quitta la rade de Tripoli, et vogua vers Tunis.
- Fin Juillet 1685, les préparatifs de bombardement de la ville de Tunis commencèrent.
- Les Tunisiens, qui étaient au courant de la destruction
d'une partie de la Ville de Tripoli, demandèrent, sans attendre les bombardements, un traité de paix.
Les mêmes conditions que la ville de Tripoli, furent appliquées à la Ville de Tunis,
- Le 30 Août 1685, sans avoir tiré un seul coup de canon ou lancer la moindre bombe,
le traité fut signé.
- Le chevalier de Tourville, sur le vaisseau de guerre, Le Bizarre, armé de 54 canons, ira devant Alger, pour présenter
les doléances du Roi, et demander réparation des contraventions faites au dernier traité par certains corsaires d'Alger.
Le Dey demandera aux Reïs, la restitution des prises et la libération des esclaves Français.
- L'escadre française mouillera à Toulon, le 25 Septembre 1685.
Le Rois Louis XIV.

Puis vient le tour d'Alger.
- Durant les six premiers mois de l'année 1687, plusieurs bâtiments furent enlevés par les barbaresques d'Alger.
- En Juillet 1687, la flotte française coula une vingtaine de navires barbaresques,
MM. François Louis Rousselet de Châteaurenault, et Marquis de Noailles se distinguèrent particulièrement
dans cette campagne, qui fut, heureusement continuée par MM. Charles-François Davy, Marquis d'Amfreville,
et Alain Emmanuel de Coëtlogon.
- En représailles,
le Dey, emprisonna le Consul Piolle et 372 Français, qui furent enchainés et conduits au travail des carrières.
- Le Consulat fut pillé,
et onze bâtiments français qui se trouvaient dans le port furent vendus avec leurs cargaisons et leurs équipages.
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