Relations entre la France et la Régence d’Alger
1680 - 1690 (suite).
Le tour d'Alger était venu. (suite)
- En Mai 1688,
M. Dussault chercha à s'interposer, et tenta de faire libérer le consul, mais le Dey lui fit, la réponse écrite suivante :
« Nous, Pacha, Dey et Divan, nous avons reçu vos impertinentes lettres,
nous voudrions bien savoir d'où vient que vous vous émancipez à nous donner des conseils... »
- Pendant que le Consul était enchainé,
l'intérim était assuré par le Père Montmasson, il réussit à faire libérer M. Piolle, qui était très gravement malade.
- Mais, Le Dey fut informé, que le Roi Louis XIV, assemblait une flotte formidable.
- Il fortifia les batteries du port et celles de la côte.
- Il stocka des munitions, coula les meilleurs vaisseaux pour les mettre à l'abri des bombes des galiotes.
- Il tenta une dernière démarche pour éviter la destruction d'Alger,
il écrivait dans ce sens à M. Vaudré, intendant de la Marine à Toulon, mais il était trop tard.
Note : Le Dey Hadj-Hussein avait reçu de la Porte, en 1686, le caftan de Pacha.
Le Consul Piolle avait était nommé en février 1685.
Escadre Française devant Alger, le 26 Juin 1688.

Le 26 Juin 1688,
- le Maréchal d'Estrées parut devant la ville, avec 15 vaisseaux, 16 galères et 10 galiotes à bombes.
- Il informa le Dey, que des représailles sur des captifs Turcs seraient exercées, si les atrocités de 1683, se renouvelaient.
- Hadj-Hassan répondit insolemment, qu'il rendrait le Consul, comme première victime.
- Le premier Juillet 1688, les premières bombes tombèrent sur Alger.
- Du 1 au 16 Juillet 1688.
- Il y jeté dix mille quatre cent vingt bombes.
- Le 3 Juillet, Les Turcs mirent à mort le Consul Piolle et quinze matelots français.
- Le 5 Juillet, ce fut le Père Montmasson et quatre autres français.
- Les jours suivants le reste des prisonniers subit le même sort.
- Mais le Marechal d'Estrées avait tenu parole, il avait répondu à chaque supplice,
en faisant pendre autant de Turcs, qu'il y avait eu de victimes françaises mises au canon.
Le canon La Consulaire.
- Un extrait d'une lettre d'un marchand d'Alger,
nous donne quelques précisions sur ce bombardement :
« La ville a été absolument écrasée,
les cinq vaisseaux qui étaient dans le port sont coulés.
Le fort de Matifou avec ses quinze pièces de canon, entièrement rasé,
Alger n'est qu'une ruine, les mosquées et la maison du Dey sont à terre.
Les bombes ont dépassé la ville haute et brisé les aqueducs.
Le fanal, le môle et le chantier de construction sont fort endommagés.
Mezzo-Morto a été blessé deux fois,
les habitants s'étant retirés à la campagne, ont peu souffert. »
- Malheureusement,
il manqua deux ou trois jours au Maréchal, l'escadre quitta Alger en ruine.
- La famine régnait, les Janissaires, revenant du siège d'Oran,
avaient trouvé leurs habitations détruites, ne cachaient pas
leur mécontentement, des révoltes éclataient chaque jour.
- Mezzo-Morto ne se maintenait au pouvoir que par la terreur,
mais devant les révoltes successives, il s'enfuit vers Tunis.
- Un nouveau Dey éphémère, le remplaça en cette fin année 1688, Ibrahim Khodja.
- Le Nouveau Dey Hadj Chaban , fut nommé quelques jours après.
M. Mercadier, consul remplaçant, rendit compte de cette nouvelle situation,
qui d’après lui, ne changeait rien aux relations entre la France et la Régence d’Alger.
- Vers le mois de Mai 1889,
M. Mercadier adressa à M. de Vanvré, une lettre précisant que le Dey se prêterait volontiers à un arrangement.
Le Conseil Royal fut informé par l'Intendant, qui dépêcha à Alger, M. Marcel, commissaire de la marine,
celui-ci arriva dans les premiers jours de Septembre.
- Le 25 Septembre 1689, on renouvela le Traité de Trouville, avec quelques modifications insignifiantes.
- Voici quelques lignes de la lettre de Louis XIV écrivit à cette occasion à Chaban :
« Très Illustre et Magnifique Seigneur,
Nous avons su, par la lettre que vous nous avez écrite, la disposition dans laquelle vous êtes de maintenir la paix,
qui a été conclue par le commissaire Marcel avec le Pacha et le Divan d'Alger, et comme le traité qui nous a été présenté,
est conforme à nos intention, nous ratifions par cette lettre, les articles dont il est convenu.
Nous donnons ordre aux Commandants de nos vaisseaux et au sieur Vaudré, Intendant de la Marine au port de Toulon,
de les exécuter dès à présent, espérant que de votre part, vous tiendrez la main à ce que les conditions d'un traité solennel
ne soient violées par aucune contravention. »
- Mohammed-el-Amin se rendit à Versailles, pour présenter le Traité à la signature du Roi.
La bataille du cap Bévezier, victoire de l'Amiral de Trouville sur Le Soleil Royal en 1690.

- Isaac de Larrey, raconte dans son livre de 1722, sur Louis XIV.
« Le 1 juillet 1688, destruction de la ville d’Alger, par d'Estrées, si vaisseaux coulés.
En fin d'année et l'année suivante, le maréchal donna la chasse aux barbaresques, qui perdirent la plus part de
leurs navires et de leurs galères, ils demandèrent la paix, le 25 Septembre 1689.
Ils la garderont, un peu mieux que les autres fois, par leur impuissance, soit par la crainte qu'ils eurent de
la terrible flotte dont la France couvrait la Méditerranée. »
- Alger était vaincu.
- La ville renonça à attaquer les navires sous pavillon français.
- Les traités se succédèrent et cet état de choses dura jusqu'à la Révolution de 1789.
Chronologie 1690 - 1788.
- Informations sur quelques évènements, qui suivirent ce traité, avec des extraits des livres :
- Histoire du royaume d'Alger par M. Laugier de Tassy édité en 1725.
- Correspondance des consuls d'Alger par H-D de Grammont,
iImprimé en 1890, à Alger par Adolphe Jourdan, Libraire-Editeur, 4 Place du Gouvernement.
- Les archives du consulat général de France à Alger par Albert Devoulx,
édité à Alger, en 1865, par Bastide Libraire Editeur Place du gouvernement.
- Histoire d'Alger sous la domination Turques par H-D de Grammont,
édité à Paris en 1887.
Les Turcs du Royaume d'Alger.
1690.
- En quittant Alger, M. Marcel avait laissé comme consul, M. René Lemaire.
1695.
- Le Dey Chaban, Hadj Chabane, est étranglé, le 14 Août, à la suite d'une révolte des Janissaires.
Il est remplacé par El Hadj Ahmed (1695-1698).
1697.
- Le 30 Avril, menacé d'être mis à la bouche du canon, le consul René Lemaire,
se refugia à bord du vaisseau royal, Heureux Retour, il laisse l'intérim à son chancelier Jean de Clairambault.
1698.
- Le 20 Février, le nouveau consul, Philippe-Jacques Durand arrive à Alger.
- Le Dey Hadj-Ahmed meurt paisiblement, il est remplacé par Hassan Chaouch, mais, devant l'agitation de la milice,
il renoncera au pouvoir et se retirera à Tripoli, il sera remplacé par Dey Baba Hassan, dit Kara Barli (1698-1700)
1699.
- la peste envahie Alger, elle durera quatre ans, tuant 25.000 habitants d'Alger et de ses environs par ans.
1700.
- Baba Hassan abandonne son trône et part pour tripoli, le nouveau Dey est Hadj-Mustapha (1700-1705)
Un café Maure dans Royaume d'Alger.
1705.
- Le Dey Mustapha fut étranglé, le 5 Novembre 1705, il est remplacé par Hussein Khodja (1705-1707).
Note :
M. de Grammont nous donne pour cette date,
un nom de Dey diffèrent des autres, pour lui, c'est Hassan-Chaouch qui fut bâtonné et étranglé en 1705.
- Le consul Durand, malade, sollicita son rappel, il fut remplaçait par M. de Clairambault,
le consulat de M. de Clairambault fut assez orageux.
- Hassan Khodja Sherif, fut renversé l'année suivante, Mohammed Baktach lui succéda, (Mebemet Bektacba - 1707-1710).
1710.
-
Au mois de Mars, le Dey Baktach Mohammed est assassiné, Le Dey éphémère Dély-Ibrahim qui lui succéda,
subit le même sort au bout de un mois, il fut remplacé par Ali Chaouch (Baba Ali Chaouche 1710-1718).
- La Grande Porte décida de ne plus envoyer de Pacha à Alger.
1716.
-
Les 3, 4 et 5 Février tremblements de terre à Alger, les deux tiers de la ville furent détruit, et le reste très endommagé.
1717.
- Le 27 février, M. de Clairambault quitte Alger, il est remplacé par M. Baume.
Il avait été nommé consul, malgré le vœu du Dey, qui désirait avoir comme consul M. Antoine-Gabriel Durant.
L'entente entre les deux hommes était à l'orage.
- La Régence était dans une extrême misère,
les tremblements de terre, dix années consécutives de sècheresse, des invasions de sauterelles, la disette accablaient la région.
1718.
- Le 26 Janvier 1718,
Le comte de Duquesne, chef d'escadre des armées navales du Roi Louis XV, signe à Alger avec le dey Ali, une confirmation
du traité de 1689, avec une clause spéciale, de promesse de faire châtier et punir sévèrement, pour l'exemple, tous ceux
des Sujets de France ou de la Régence d'Alger, qui enfreindront le présent traité.
En bas de ce traité figurait :
« En Foi de quoi, nous avons scellé et signé ces présentes, à Alger, vers la fin de la Lune de Safer, l'an de l'Hégire 1130,
signé Ali Pacha Dey et le Comte de Duquesne. »
- Le 4 Avril 1718, Ali Chaouch meurt de maladie.
- Un nouveau Dey est nommé, Mohamed Effendi, (Mehemed Ben Hassan) (1718-1724).
C’était un homme cruel et fanatique, devant un tel Dey, M. Baume n'était l'homme qu'il fallait dans des circonstances
aussi difficiles, le conseil de la Régence
(Louis XV), envoya à Alger, M. Dussault Jean-Baptiste.
Audience du Dey donnée le 2 Décembre 1719 à Monsieur Dussault.
1719.
- Grace à sa parfaite connaissance du Pays et aux amitiés,
qu'il y avait laissé, M. Dusault parvient à tout apaiser, et le 23 Décembre 1719, un traité de paix était signé.
- Traité avec la Régence.
- M. Ismaël Hamet, dans son livre Histoire du Maghreb, nous donne ses détails :
Ce traité fut conclu à Alger,
le 27 de la Lune Muharram, l'an de l’Hégire 1132, qui est suivant l'ère chrétienne, le 27 Décembre 1719.
Note :
Les archives nationales d’outre-mer nous informent :
Consulat d’Alger.
Traité de paix entre le Roi Louis XV et Mehemmed Pacha Dey,
négociée et signé par Denis Dussault, envoyé extraordinaire et plénipotentiaire, assisté du sieur de Siennes, interprète de sa Majesté,
en langues orientales, comprenant 25 articles, plus 3 articles additionnels, paraphé et cacheté par Denis Dusault, J. B. de Siennes,
Mehemmed ben Hassen Pacha Dey pour le texte original, et par Denis Dusault, J.B. de Siennes, Mehemmed ben Hassen Pacha Dey,
Mohammed ben Osman et Hassen ben Hussen, pour les additions.
Alger, le 7 décembre 1719.
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