Relations entre la France et la Régence d’Alger
Chronologie 1690 - 1788 (suite).
1720.
- C'est M. Lazare Loup, qui assumera l'intérim du consulat.
- Malgré les traités, il y a régulièrement des prises d'otages français, ou même des captures de petits navires français,
le consulat passe son temps en réclamation pour tenter de rendre la liberté aux sujets français.
- Dans une lettre, en date du 17 Janvier 1720, M. Lazare Loup écrivait :
La rade d'Alger.
« J'espère tous les jours, voir arriver d'Oran,
le capitaine Pierre Dupuis, avec son équipage, le Dey avait promis à M. Dussault,
que, dès qu'ils seraient arrivés, il me les remettrait. . . . . .
Un Barbaresque armé de 40 canons,
commandé par Mamet Reïs, fils de feu Moustafa Agha, aurait conduit dans
le port de Tunis, un vaisseau Hollandais, la Concorde, ayant comme capitaine
Jean Marion, le capitaine a été tué,et, plusieurs matelots blessés.
Sur ce vaisseau se trouvaient deux Français,
nommés Joseph Maumejean, de Layrac en Guienne et Samuel Alary,
de Montagnac en Languedoc, qui se rendaient à Toulon.
Le Dey, après les avoir conduit au bagne, a fini par écouter mes doléances,
ces deux français ont été libérés et rentreront en France, par le prochain bateau. »
- Le 22 Avril 1720, il confirme que le capitaine Dupuis,
et son équipage doivent venir à Alger dans les jours qui suivent.
- Dans une autre lettre en date du 6 Mai, il écrit :
« La barque du patron Aycard, a été complètement pillée et amenée à Alger,
l'Amiral des galères, Bèkir Reïs, nous a remis 339 piastres comme indemnités.
Le capitaine Dupuis et son équipage sont à Alger, mais le Dey s'entête à vouloir
une rançon de 5.000 piastres, pour l'instant, ils sont enfermés dans le bagne. »
- Dans une lettre en date du 8 Mai, il annonce qu'avec l'aide de Monsieur Delane,
parent de M. Dussault, ils ont réussis à faire libérer le capitaine Dupuis et son équipage.
- Le 1 Août 1720, Antoine-Gabriel Durand devient consul de France à Alger.
Son consulat fut tranquille et calme.
1724.
- 18 Mars 1724, Mohamed Effendi est assassiné, il est remplacé par Cur Abdy (Baba Abdi 1724-1732),
qui recevra de la part du Grand Seigneur, le caftan de Bacha, le 9 Août 1724.
- Le Consul Durand mourut à Alger de maladie, le 8 octobre 1730.
L'Intérim est assuré par M. Natoire.
1731.
- Depuis la mort du consul Durand,
les barbaresques d'Alger n'ayant plus à craindre les réclamations du Consul, avaient recommencé, à ne pas respecter le pavillon
français, et ils allaient roder sur les côtes de Provence et du Languedoc.
- Le 11 Juin, une escadre commandé par Duguay-Trouïn, parut devant Alger.
Il vient exiger réparation de quelques attaques, et débarquera M. Léon de Lane, le nouveau Consul, qui arrive à Alger,
avec l'intention d'y montrer plus de fermeté que ses prédécesseurs.
Il connaissait mal les gens auquel il allait avoir à faire, les relations avec le Dey-pacha Abdy, vont être difficiles.
- En Octobre, Le Dey contesta à M. de Lane, le droit de porter l'épée en sa présence.
Quelques jours plus tard, le consul est injurié grossièrement en plein conseil, devant les représentants des autres nations.
M. de Lane refusera de retourner au Divan, c'est MM. Natoire et Lemaire qui assistaient aux audiences.
1732.
- Pourtant malgré leur désaccord, le Dey et le Consul, signeront des articles additionnels au traité précédant.
Les articles additionnels seront signés par Léon de Lane, envoyé extraordinaire et plénipotentiaire de sa Majesté le Roi de France,
et Mirmiran Ardy ben Mohammed Pacha Dey à Alger, 10 juin 1732.
Le consul quittera Alger vers la fin du mois de Juin.
- M. Benoit Lemaire est le nouveau consul d'Alger, il arrive d'Alexandrie où, il était vice-consul, il est très bien reçu par le Dey.
- Le 1 Juillet, Oran et Mers-el-Kébir sont aux mains des Espagnoles.
- Le 2 Octobre, Mort du Dey Cur-Abdy, il est remplacé par son beau-frère Baba-Ibrahim (1732-1745).
- La prise d'Oran et de Mers-el-Kébir donna lieu à de nouvelles difficultés entre la France et la Régence.
- Les Espagnols seront assiégés en permanence jusqu'en 1791 et subiront un blocus presque perpétuel.
- Il résulte de cet état de choses,
que les Deys considéreront les bâtiments français qui approvisionnaient Oran, comme se livrant à des actes hostiles.
Les ramparts Turcs du Royaume d'Alger.
1734.
- En Mai, une escadre commandée par M. de Court est devant Alger.
Elle est là pour faire respecter le Consul qui subit de la part du Dey, une série avanies, de violences et d'insultes.
Le dey accusa M. Benoit Lemaire d'avoir menacé et frappé des Janissaires.
L'escadre repartie le 7 juillet sans avoir rien obtenu.
1735.
- M. Benoit Lemaire rentrera en France en Avril 1735.
Le nouveau consul, M. Taitbout de Marigny, arriva à Alger, le 6 Avril 1735, il fut fort bien reçu par le Dey Ibrahim.
Le consulat de M. Taitbout sera paisible.
1740.
- La grande peste se déclare à Alger, elle durera pendant trois ans, au commencement,
il mourut chaque jour plus de 200 personnes, les prêtres attachés aux hôpitaux payeront un lourd tribut.
- Le Consul Taitbout quittera Alger au mois de Mars, laissant le Consulat à son chancelier, M. Thomas de Jouville.
1741.
- Petit incident diplomatique, sous le Dey-pacha, Ibrahim-ben-Ramdan.
« Deux Reïs d'Alger, commandant deux chebeks, s'étaient réfugiés dans le port de Toulon,
lors de leurs départs du port,
ils furent pris en chasse par les Espagnoles.
Un des Reïs, Mahmed ReÏs, fut capturé par les espagnoles et conduit à Toulon, l'autre Soliman Reïs,
dut se faire protéger par un vaisseau de guerre français, Le Zéphire, qui l'escorta jusqu'à la vue d'Alger.
Le Reïs Soliman répandit le bruit, que la prise de Mahmed,
était due à une trahison des français, et il ajouta que la populace de Toulon avait insultée les prisonniers barbaresques.
Le Dey fait mettre aux fers M. Thomas de Jouville, chancelier du consulat,
le vicaire apostolique, M. Dubourg, les prêtres de la mission, et au bagne, les équipages de sept navires français.
Une partie sera libérée en Janvier 1742. »
1742.
- Il fallut attendre l'arrivée de M. de Massiac,
le 18 Mai 1742, sur le vaisseau l'Aquilon, qui ramenait le chebek, objet du litige, pour que les français soient libères.
- Il y avait à bord, M. François d'Evans ou Devant, le nouveau consul.
- C'est lui, qui négociera avec le Dey, le prix de la libération des Français, soit 1.650 sequins.
Le document qui conclut cette affaire est signé, à Alger le 25 Mai 1742, par M. Dejouville, Devant (consul), Dengalliére.
- Le consulat de M. Devant sera très court,
car il refusait de baisait la main du Dey avant chaque audience. M. Dejouville assura intérims.
- Les établissements français de la Calle et de l'Ile de Saint pierre sont ravagés par le Bey de Constantine.
Les ramparts Turcs du Royaume d'Alger.
1743.
- Le 16 Juillet, le nouveau consul, M. Pierre Thomas est à Alger.
- La poudrière du fort l'Empereur ayant explosée, le fort est en partie détruit.
1744.
- Le Dey fit ravager nos possessions de La Calle, sous prétexte que des fortifications avaient été élevées.
Une partie des français furent tués, les survivants purent reprendre possessions de leurs établissements en ruines.
Il n'y eu aucune compensation de la part du Dey.
1745.
- Le 20 Octobre, le Dey Ibrahim, abdique, en faveur de son neveu, Kutchuk-Ibrahim (1745-1748)
1748.
- Le 3 Févier, le Dey Ibrahim Kouchouk, mourut de maladie,
il est remplacé par le Khodjet el-Kheil Mohammed-ben-Beker (1748-1754) (Mohamed Ibn Bekir) surnommé El Re Torto.
1749.
- Le 6 Juin, M. André Alexandre Lemaire, conseiller du roi, devient consul d'Alger.
1750.
- Le 7 Septembre, la poudrière de l'Etoile sauta avec quinze cents quintaux de poudre,
le Bordj Muley-Mohammed fut rasé et beaucoup de maisons détruites.
1751.
- Le 13 Septembre, pour célébrer la naissance de M. le Duc de Bourgogne,
le consul d'Alger, rachète deux esclaves Français, dans un lieu, nome, la Bellide, (Blida), à huit lieues d'Alger.
1752.
- Une note du Consulat du 12 Juin,
indique que la peste règne à Alger, et, que les membres du consulat restent enfermés dans la maison consulaire.
Cette peste durera 4 ans et emportera 1.700 personnes par mois dans la Régence.
- En fin d'année, dans une lettre adressée au Ministre,
le consul, M. André Alexandre Lemaire, écrivait cette phrase prophétique :
« Je sens approcher le terme, où il sera nécessaire d'avoir une explication formelle,
avec la Régence et de la faire convenir de ses droits, afin qu'elle cesse de les porter plus loin qu'ils ne doivent aller. »
Combat naval devant Alger.
1753.
- Affaire du navire l'Assomption.
- Le 20 septembre 1753, le capitaine Frépaud, patron du navire l'Assomption,
fut pris en chasse par un Barbaresques dans le détroit de Gibraltar, croyant avoir affaire à un corsaire de Salé,
il prit la fuite, rejoint par le navire Barbaresque, il se défendit, hors, ce navire était d'Alger.
- Ramené à Alger, le capitaine, fut trainé devant le Dey, et,
battu à mort, pour avoir osé, résister à un navire d'Alger.
1754.
- Les archives du consulat, fournissent deux documents sur cette affaire :
- Procès-verbal d'une assemblée,
qui a eu lieu à Alger, pour entendre la version du capitaine en second de l'Assomption.
Alger Maison du Kasnadj.
« Ce jour, 9 Février 1754, par-devant nous;
André-Alexandre Lemaire, consul de France, au royaume d'Alger, a comparu,
M. Louis Barnet, de Marseille, capitaine en second, sur le vaisseau L'Assomption,
commandé par
Feu Capitaine Jean-François Prépaud, de la Ciotat, lequel,
nous dit et expose, moyennant sermon, que le 5 Septembre 1753, il partait de
la rade de Cadix...........
Le 20 Septembre, à 8h du matin, dans le détroit de Gibraltar, vis à vis de Tarifa,
ils avaient vu derrière eux un bâtiment latin, qui paraissait être une petite galère
de Salé, le navire ne portait aucun pavillon.
Le capitaine aurait ordonné de se préparer au combat et de continuer sa route
pour éviter d'être pris en otages par les corsaires de Salé. .....
Le combat s'engagea entre les deux navires, à coup de canon, finalement,
les barbaresques montèrent à l'abordage, et l'équipage se refugia dans l'entrepont,
trois matelots furent massacrés, les Maures crièrent : Algériens, Algériens.
Le capitaine et l’équipage remontèrent sur le pont,
et reconnurent que le bâtiment qui les poursuivait était un chebek d'Alger.
L'Assomption fut pillée, puis conduit à Alger. »
Signé Barnet Louis.
- Le second document précise :
« Un autre navire français,
la polacre du capitaine Jaufret, de la Ciotat, avait été témoin du dit combat, mais aurait réussi à s'enfuir.
Que le 11 du mois d'Octobre, ils seraient arrivés à Alger, descendus à terre et mis à la chaine, où ils retrouvèrent le reste
de l'équipage, arrivé plutôt sur le chebek d'Alger, ils apprirent par les matelots, que le capitaine avait était conduit chez
le Dey, qui lui aurait donné des coups de bâtons, et qu'il en serait mort, deux jours après.
Le déclarant n'ayant pu venir plutôt, car il était enchainé, il désire pour sa décharge informer le consul. »
- Le document est contre signé par Estienne Flandrion, de Cassis,
matelot du l'Assomption, puis suivent quatre autres déposition identiques sur les faits.
Le bagne d'Alger.
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