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La statue de Jeanne d'Arc
La statue de Jeanne d' Arc,
- qui pendant, un peu plus de quinze ans, à Alger, rue Charles Péguy, a vu défiler,
les foules joyeuses du 13 Mai 1958, et assisté, aux tragiques événements du
24 Janvier 1960,
face au Forum, elle regardait le monument aux morts, où tant de personnalités civiles et militaires
sont venues se recueillir, il n'est pas un événement, dont elle n'ait été le témoin.
- Elle est aujourd'hui à
Vaucouleurs sur la place de la mairie.
- Voici l'histoire de cette statue,
Avant et Aprés le 5 juillet 1962, remerciement aux Amis de Jehanne de Nimes,
pour ce texte paru dans Pieds-Noirs d’Hier et Aujourd’Hui en juin 1997.
A Alger, en 1936 :
- Un comité se constitua pour élever une statue à la gloire de Jeanne d'Arc.
Bône avait une Jeanne au bûcher, sculptée par Réal des Sarte, inaugurée le 15 mai 1931.
Philippeville ne tarderait pas à avoir la sienne...
- Alger, ne pouvant être en reste, se devait de faire mieux, et le fit.
C'est le sculpteur Halbout du Tanney,- ancien pensionnaire de la villa Abd-el-Tif, qui fut choisi.
Il travailla à Alger et exécuta un modèle,
au quart d'exécution
dans une salle de la caserne des Chasseurs transformée pour l'occasion en atelier.
- Il créa une Jeanne guerrière,
toute cuirassée, des poulaines aux gantelets, et présentant à bout de bras une épée nue,
dont la poignée forme une croix.
- De cette gangue de fer,
seule émerge, la tête avec ses cheveux coupés court qui lui font comme une espèce de casque,
du visage aux lignes pures se dégage une profonde résolution en même temps qu'un grand calme intérieur.
- Jeanne monte un destrier puissant,
véritable machine de guerre pleine de force,
un étalon que l'artiste étudia chez un éleveur normand
de la région caennaise, région dont Halbout du Tanney est originaire.
- Le modèle en terre fut exécuté à Paris en 1939, mais, la guerre vint contrarier le projet,
la fonte fut en partie réalisée clandestinement chez Hohwiller, fondeur à Paris.
Terminé après la guerre,- le bronze fut exposé au salon des Artistes Français en 1946, l'œuvre fut jugée comme
étant la meilleure des représentations de Jeanne d'Arc.
- Elle fut expédiée à Alger l'année suivante,
et, installée face à la Grande Poste, dans l'un des squares en gradins formant le boulevard Laferrière.
Elle fut solennellement inaugurée le 6 mai 1951, à l'occasion du cinq cent vingtième anniversaire
de la mort de Jeanne d'Arc, par la municipalité dont le président était M. Gazagne.
- Les amicales,
des différentes provinces de France, existant à Alger, avaient coutume de venir déposer
des gerbes de fleurs au pied du monument, le jour de la fête de Jeanne d'Arc.
Au moment de la déclaration de l'indépendance,
- La statue ne fut pas démontée.
- Après tout, Jeanne était une héroïne de l'indépendance,
qui avait combattu au XVème siècle une certaine forme d'impérialisme, et, à ce titre,
elle pouvait être
« acceptée » par les Algériens.
- D'ailleurs, au cours de la guerre, certains nationalistes avaient tenté de déposer des gerbes de fleurs
devant les statues des « Jeanne » d'Algérie notamment à Philippeville.
Le 3 juillet 1962, - les manifestants fixèrent un drapeau F.L.N. sur l'épée de Jeanne.
Ce n'était qu'un début.
Le 4 juillet 1962,
- La foule qui se pressait
autour du monument, improvisait des danses frénétiques, rythmées par le battement des mains et
les youyous stridents des femmes en haïk.
Elle fut alors « mouquérisée » à l'aide d'un haïk blanc, le visage, bien entendu, voilé ...
- Il ne faut pas confondre, indépendance des peuples et
libération de la femme !
Plus tard,
- Un écriteau fut suspendu au cou du cheval avec pour inscription :
Hassiba Bent Bouali, nom de la militante F.L.N. morte avec Ali la Pointe en Octobre 1957
- Un mois plus tard, le vendredi 3 août, Ben Bella entrait à Alger,
les habitants organisèrent une bruyante réception.
La nuit du vendredi au samedi fut extrêmement agitée.
- Les derniers monuments français encore en place en firent les frais.
Vers quatre heures du matin, - Des manifestants munis de grosses cordes,
aidés par des voitures,
renversèrent les deux tonnes et demie de la statue,
puis, ils décapitèrent Jeanne coupèrent le bras droit qui tenait l'épée symbole de la croix.
- La statue mutilée et sens dessus-dessous, resta ainsi quarante-huit heures.
Les journalistes la photographièrent et leurs clichés parurent dans la plupart des journaux
de France.
Dans la nuit du 5 au 6 août, des militaires français du génie emportèrent la statue pour la mettre
dans un de leurs dépôts.
Un matin de mars 1963,
- Le sergent Robert,
occasionnellement manutentionnaire
d'engins de levage lourd, fut appelé
à Fort-de-l'eau pour embarquer la statue,
à l'aide d'une grue Garwood de vingt tonnes,
dans une péniche de débarquement.
- Trois généraux et
bon nombre d'officiers assistèrent à l'opération.
- La jetée était très étroite,
- le fardeau bien volumineux,
- le grutier assez inexpérimenté...
- Belle conjoncture pour attirer les incidents.
- En effet,
une fausse manœuvre faillit envoyer la statue
par quelques brasses de fond, seule une chance
insolente, fit que la grue qui basculait, s'arrêta
lorsque la flèche fut en contact avec la caisse contenant la statue, il y eut un peu plus de casse,
mais le plus gros était fait.
Le L.C.T. de la marine,- emporta la statue au port d'Alger, quai Fedalah, où elle fut embarquée sur un cargo,
c'était le Sidi-Ferruch, un moutonnier ...
quoi de plus naturel pour l'antique bergère de Domremy comme l'appela Charles Péguy !
- Elle débarqua le 27 mai 1963 à Marseille.
Halbout du Tanney- aurait bien aimé que sa statue fut attribuée à sa ville natale : Caen,
mais, il en fut autrement, et, la Jeanne d'Arc d'Alger partit pour Vaucouleurs.
C'est à Vaucouleurs qu'avait débuté,
- Le 23 février 1429,
l'épopée de Jeanne d'Arc,
quand les habitants de cette cité lui offrirent, pour son voyage à Chinon, un cheval et un équipement militaire.
- Cinq siècles plus tard,
après une longue odyssée, c'est
un cheval, un équipement et une effigie de bronze qui leur revenait.
- Le trajet,
Marseille - Vaucouleurs en chemin de fer fut exclu,
à cause du gabarit.
- Un transporteur de Nancy,
Danzas, assura gratuitement le transport.
Il avait connu et admiré la Jeanne à Alger.
La restauration,- assurée par souscription publique, s'effectua aux fonderies Derenne à Sommevoire.
- Les réparations furent facilitées grâce à la maquette que le sculpteur avait conservée.
La statue a donc le même visage que celui qu'elle possédait à Alger.
La statue équestre de la Jeanne d'Arc d'Alger a été inaugurée,
- à Vaucouleurs le 8 mai 1966 en présence de
- M. Pierre Messmer, alors ministre des Armées sous
- la présidence de M. Edouard Miquel et
- le parrainage de Madame Jacquinot.
Documentation Maitre Halbout du Tanney et Mr. Jean Bercot.
Mais revenons à notre promenade .....
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