Les Petits Villages pendant la présence Française en Algérie
Fouka
Aujourd'hui,- on retrouve sans peine les descendants de ces valeureux colonisateurs.
- Les terres défrichées de ce centre créé à l'emplacement d'une source aménagée par les Romains,
sont au début ensemencées en blé et en fèves, les rendements sont faibles,
la terre ne procure pas assez de bénéfices, beaucoup doivent partir.
- Le village suivant sa destinée, fut annexé à la commune de Koléa, le 21 Novembre 1851.
Pourtant, moins de quinze ans plus tard,- Jules Duval, en 1858 dans son livre : Tableaux historiques et statistiques de l’Algérie,
nous donnez quelques statistiques sur évolution du village.
Les colons libres
installés depuis plus de douze ans, possèdent à peu prés tout ce qui est nécessaire
en maison, hangars, écuries, bétail et ont conquis par leur travail, un bien-être,
que favorisera l’ouverture
de la route projetée entre Blida et la mer.
Outre les cultures de céréales, ils élèvent des troupeaux et plantent des vignes.
Un moulin et une briqueterie sont les premiers éléments industriels installés.
Les statistiques officielles de Fouka pour l’année 1851 sont données dans ce livre :
- Constructions :
- 54 maisons d’une valeur de 128.168 F.
- 10 hangars, 23 écuries et étables, 23 puits et norias d’une valeur totale de 33.310 F.
- Bétail :
- 14 chevaux, 6 mulets, 5 ânes, 80 bœufs, 4 vaches, 30 chèvres, 30 moutons, 31 porcs.
- Matériel agricole :
- 19 charrues, 24 voitures, 3 tombereaux.
- Plantations :
- 8.270 arbres, défrichement en 1851 : 200 hectares.
- Récoltes en grains (1852), sur les 292 hectares cultivés en céréales :
- 3.263 hectolitres de blé tendre, 150 de blé dur, 389 de seigle, 420 d’avoine,
9 de maïs, 224 de fèves pour une valeur totale de 73.889 F.
La Grande rue en 1892..
O. Neil dans ses écrits de 1878,- en plus des chiffres démographiques, nous donnait quelques détails sur ce village.
- Jolie situation, fontaine abondante, céréales et vignes.
Depuis une huitaine d’années, la culture de la vigne a pris une grande extension dans
la commune de Fouka, dont le territoire sablonneux et calcaire produit d’excellents vins.
- Il y a lieu de croire que, dans un avenir prochain, le sol sera complètement couvert de vignobles.
- En 1878, la population du village était de 352 habitants ainsi répartie :
- 283 français,
- 3 Européens,
- 66 musulmans.
A Fouka la vigne se répand partout,- Elle passe de 132 ha en 1878 à plus de 900 ha un demi-siècle plus tard.
Elle donne des vins de qualité supérieure.
- Dans les interlignes du vignoble, pommes de terre et petits pois sont cultivés.
- C'est dans ce village en 1884,
que le colon Paul Brame résolut le problème capital qui se
posait aux viticulteurs des pays chauds :
Empêcher les températures de dépasser 40° dans les cuves en fermentation.
Il prêcha de longues années dans le désert avant que sa méthode de vinification fut acceptée.
  - Brame le premier
appliqua les procédés de réfrigération à la vinification des moûts de raisin,  grâce à lui,
les vins aigres-doux causés par les fermentations à haute température que l'on qualifiait
de « goût d'Algérie » disparurent, l'emploi du réfrigérant ne resta pas confiné en Algérie.
Il fut adopté aussi par d'autres pays chauds tels que - la Syrie, l'Argentine, l'Afrique australe, le Mexique, la Californie.
En 1890, le village de Fouka, fut érigé en commune.
Le Kiosque et l'Eglise.
Le village étant perché sur un petit promontoire,- les habitants, grâce à sa situation légèrement surélevée, profitaient de l’air un peu plus frais qu’ailleurs.
Ils n'en tirent aucune vanité
en vous disant « C'est nous qui profitons les premiers de la brise d'Est
».
- Fouka, c'est le coin de côte bordé de plages
et un village qui domine la mer, perdu au haut d'un raidillon tortueux et habité.
Malgré la saison des pluies, le cadre garde une sérénité, une fraîcheur, une tranquillité.
Apres la première guerre mondiale,- la population ne cessa de croître et, dans des proportions parfois inquiétantes.
- En 1925, l’on dénombrait deux mille cinq cents habitants.
Entrée du Village en 1898.
La montée de Fouka-Marine.
La guerre de religion.- Le 23 octobre 1934, l'église du village fut détruite par un incendie.
Il ne reste que les murs extérieurs, dans les décombres, on retrouva quatre bidons d'essence.
- Fouka ...,
nous a-t-on dit à l'époque, a toujours eu la réputation d'être une commune anticléricale.
- Philippe Leuwers, le maire de l'époque dira :
« Fouka a toujours manifesté des sentiments d'un républicanisme viril, qui lui a valu le nom dont
elle est fière de Fouka la Républicaine et certes, elle n'est pas près d'être modérément républicaine .
Mais, c'est faire injure à la population de notre centre, de soupçonner un de ses membres d'avoir
pu commettre le méfait de ce jour, il ne peut s'agir que de
malfaiteurs étrangers à notre commune.
Ici, chacun n'a qu'une idée, travailler en paix.
Cette paix, que nous voulons pour nous-mêmes, nous entendons
qu'elle soit laissée a tous ».
- Deux ans de discordes
entre les communistes, les catholiques et les
francs-maçons qui, par tracts, réunions et
manifestations vont polluer l'ambiance paisible qui
régnait à Fouka.
- Néanmoins,
le 25 octobre 1936, la bénédiction de la nouvelle église de Fouka par Mgr Leynaud
put avoir lieu, malgré les vociférations des communistes,
Une église rebâtie sur la place du village, la place Bugeaud, là où
les Foukassiens l'avaient toujours connue.
L'Eglise Place Bugeaud.
A l'origine,- Fouka était un village essentiellement agricole, puis sa vocation devient l'agriculture :
- Pommes de terre, tomates et vigne.
- A Fouka, plus que dans tout autre centre,
tout ce qui pouvait être mis en culture l'a été et seules
quelques broussailles de lentisques éparses
ont subsisté là où la charrue ne pouvait attaquer le roc.
- Les propriétés sont toutes petites, sauf deux.
- Avec ses 100.000 quintaux de pommes de terre et ses 70.000 quintaux de tomates,
Fouka arrive en exportations à 20 % du tonnage de pomme de terre et à
10 % pour les tomates.
La commercialisation des produits atteint le chiffre de 800 millions.
- La première cave coopérative fut crée en 1927.
- La C.E.R.F. Coopérative d'Exportation de la Région de Fouka,
fut créée en 1932, elle fut la plus importante d'Algérie.
M. Ramage, fils du fondateur veillait à la production de ce vaste ensemble d'où
sortaient
chaque jour 8.000 billots de tomates et 3.000 quintaux de pommes de terre.
- Avec les 30.000 hectolitres de vin de coteaux,
avec les carottes qui sont expédiées vers l'Angleterre, avec ses échanges avec Alger.
Fouka tenait un rôle prépondérant dans l'économie du pays.
- Cela, le maire Philippe Aubert et ses collaborateurs l'avaient bien compris.
Aussi voulaient-ils en même temps que l'économie, développer le savoir ... Mais . . . .
La Cave Coopérative à l'époque Française.
En 1958,
- le village était devenu une petite ville avec ses 8.200 habitants comprenant moins de mille Européens.
- Les événements en Algérie avaient poussé une population musulmane extérieure vers Fouka.
Elle était venue chercher, le calme et des ressources qu'elle trouve dans un sol riche et abondant.
- Mais à Fouka, il n’y avait pas de H.L.M, cela ne fit que compliquer le problème.
- Six cent cinquante familles musulmanes;
dans le début des années 50, étaient logées précairement dans des sortes de gourbis en dehors du village
Ces anciens habitants des djebels ne pouvaient bénéficier des avantages urbains comme l'eau, les égouts, etc.
- Un programme fut voté et réalisé.
- Trois cent cinquante maisons,
d'un coût de soixante-dix millions de francs, furent érigées dans la partie Est du village.
- Deux cent cinquante maisons,
pour un coût de cinquante millions de francs ont été construites sur la partie Sud.
- Cent quarante demeures
sortent du sol, pour un coût de vingt-huit millions de francs dans la partie Ouest.
Les autorités se sont préoccupées particulièrement de l'habitat.
Le monument aux Morts.
Toute cette population musulmane- pouvait constituée un ensemble de main-d'oeuvre fort important
pour l'avenir, du village, du moins l'espérait-on, en cette années 1958.
- Cette atmosphère de travail et cette bonne entente font que
la « perle de la Côte turquoise »
est la cité qui a été le moins affectée par les attentats terroristes.
L'insuffisance des écoles à faire face à cette démographie galopante.
- Bien que les crédits étaient insignifiants,
quinze classes
absorbaient, tant bien que mal, sept cent cinquante jeunes.
Seulement, huit cents autres ne peuvent fréquenter les établissements trop réduits.
- Par des constructions en préfabriqués,
la municipalité s'efforça d'obtenir l'année suivante la scolarisation de trois cents élèves de plus.
- Lors de la rentrée en Septembre 1960,
Cent cinquante petits, sont venus endimanchés avec leur cartable sous le bras,
se présenter à l'entrée de l'école et ont dû être renvoyés dans leur foyer, faute de place.
L'Eglise et les Habitants du Village en 1902.
En 1960, - la plus grande partie des habitations du village étaient neuves,
ce sont toutes de petites villas,
coquettes, acquises au prix de mille efforts par de petits propriétaires.
- Seule la mairie est un peu démodée, Elle date de 1904.
Elle est de style mauresque et chacun la regarde comme un objet de souvenirs touchants.
- Les fortifications de l’ancien village militaire, qui datent de 1842,
ont subi tant de restaurations, tant de soins qu'on a peine à dire combien les habitants y tiennent.
Ces murailles, dont les fondements sont plus que centenaires et les ornements récents,
sont une page d'histoire que personne ne veut tourner.
Puis arrive 1962, - en Mars, la situation se dégrade comme partout en Algérie.
- En juin et juillet 1962, tous les Foukassiens encore vivants choisissent la valise.
Les restes des remparts du villages construites par le Génie Militaire en 1842.
La visite du Village de Fouka-Marine se poursuit sur la page suivante..
Les Petits villages d'Algérie