Les Petits Villages pendant la présence Française en Algérie
Fouka
La colonisation militaire.
- Extraits de la lettre adressée au Ministre de La Guerre par
le Gouverneur Général de l'Algérie, Thomas Bugeaud, datée d'Alger 7 décembre 1841.
- Objet : Organisation de la 1 ère Compagnie de Colons Militaires.
Je me propose aussi d'essayer de retenir des soldats libérés pour peupler les villages
que nous avons commencés, je les organiserais sous le nom de Colons Gardes.
Ils recevraient comme solde fixe 1f par jour et 2f pour chaque jour de garde aux blockhaus.
Chaque village aurait un certain nombre de postes qui n'excéderait pas la moitié de son effectif
en hommes valides, en sorte qu'il y aurait toujours la moitié des hommes et toutes les femmes
occupés aux travaux agricoles.
Les dépenses d'entretien de ces gardes ainsi que celles du bataillon indigène seraient imputées
au budget colonial.
Je vous prie de me dire,
Monsieur le Maréchal ce que vous pensez de ce projet et des bases que je viens d'indiquer.
Mais sans attendre votre réponse, et pour ne pas perdre de temps, je vais recruter
en compagnies provisoires mes colons gardes et rédiger le projet d'organisation dans ses détails.
Le mariage des colons militaires.
Gouvernement Générale de L'Algérie
Alger, le 10 juillet 1842.
Monsieur le Maréchal,
Jusqu'à présent, la population du village militaire de Fouka se compose de 60 colons tous célibataires.
Dans la vue de les attacher au sol, en les y retenant par des liens de famille, de manière à les y implanter
d'une manière permanente, il m'est paru tout à fait indispensable de favoriser le mariage d'un certain
nombre d'entre eux.
Des ouvertures, leur ayant été faites à cet effet, le Commandant supérieur de Coléah, m'a ransmis
l'état nominatif des vingt plus méritants et plus persévérants à poursuivre les travaux de colonisation.
J'ai pris l'engagement
envers eux de les faciliter dans leurs projets de mariage, et, convaincu que Votre Excellence approuvera
cette disposition, je leur ai promis de leur faire attribuer à cette occasion, à chacun une somme de 500f,
au total une somme de 10 000f pour les vingt colons.
Cette somme serait appliquée dans l'intérêt du ménage aux dépenses suivantes :
- Pour achever l'installation intérieure de la maison.
(cloisons, plancher, escalier,
Travaux laissés à la charge du colon : 250 F)
- Pour achat d'un petit mobilier et ustensiles de ménage.
(objets à confectionner économiquement sur les lieux par un
menuisier de la colonie : 250 f)
Ce sacrifice,
Monsieur le Maréchal ne vous paraîtra pas trop considérable si vous considérez l'heureuse influence
qu'il est destiné à exercer sur l'avenir de la colonie Militaire de Fouka, où il faut de toute nécessité
se hâter de créer des familles pour avoir une population
sédentaire.
Nous approchons d'une de ces époques où les largesses sont quelquefois faites, soit par la libéralité des villes
ou même de l'État, soit par la munificence Royale pour marier des jeunes filles.
Je vous demanderai de bien vouloir faire allouer de la sorte, si vous le juger à propos, la dite somme et à défaut d'autoriser son prélèvement sur les fonds coloniaux.
Ne serait - ce pas le cas,
pour créer une espèce de prime en faveur des sujets les plus méritants de la colonie militaire de Fouka et
de celle sur le point d'être organisée à Mered d'avoir recours dans les premières années de la formation
de ces villages à des
encouragements de cette nature.
Tous les ans, le jour de la fête du Roi, un certain nombre de soldats libérés, devenus colons militaires,
participeraient à un pareil avantage. J'ai l'honneur de vous en soumettre la proposition.
M. le Maire de la ville de Toulon avec lequel, je me suis mis en rapport pour cet objet a fait rechercher
des filles modestes, laborieuses, à choisir soit parmi les jeunes personnes élevées à l'hospice, soit dans
des familles honnêtes d'artisans et de cultivateurs.
J'ai lieu d'espérer que le Conseil Municipal de Toulon accueillera favorablement l'appel
que je lui ai fait pour l'engager à voter de son côté une certaine somme pour la dot des jeunes filles,
afin de concourir à placer les nouveaux ménages dans une situation prospère.
Dès que ces arrangements pécuniaires seront terminés, je ferai donner successivement des permissions
aux colons militaires pour aller contracter mariage, et chercher leurs femmes à Toulon.
Je viens en conséquence, vous prier, Monsieur le Maréchal,
de vouloir bien prendre des dispositions pour l'allocation des Dix mille francs à affecter à la dépense dont il s'agit.
Agréez, je vous prie, Monsieur le Maréchal, l'assurance de mon profond respect.